Comment l'agriculture peut-elle s'adapter à la sécheresse ? Trois questions à Arnold Puech d’Alissac

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Par Margaux Racaniere  & Gaël Camba
Arnold Puech d’Alissac est membre de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles
Arnold Puech d’Alissac est membre de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles   -  Tous droits réservés  Euronews

La France et l’Europe craignent une sécheresse pour cet été avec les chaleurs record de ce mois de mai. Arnold Puech d’Alissac, membre du bureau de la FNSEA (Fédération nationale du syndicat des exploitants agricoles) et vice-président de l’Organisation mondiale des agriculteurs, livre ses pistes de solutions. 

Euronews : Qu’est-il possible de faire dans l’immédiat et sur le long terme pour éviter que la sécheresse impacte les productions européennes ?

Arnold Puech d’Alissac :  A court terme, il faut gérer la ressource en eau. Les restrictions prises dans seize départements n’emballent pas les agriculteurs,  mais nous sommes tous conscients qu’il faut gérer cette eau. C’est-à-dire, la stocker l’hiver en prenant l’excédent dans la Loire, la Garonne ou dans d’autres rivières car elles sont dix fois plus chargées l’hiver que l’été.

Il faut continuer à progresser techniquement dans la gestion de l'eau.
Arnold Puech d’Alissac
Membre du bureau de la FNSEA et vice-président de l’Organisation mondiale des agriculteurs

Deuxième solution, il faut continuer à progresser techniquement dans la gestion de l’eau notamment dans la prévision météorologique. On peut également développer des variétés plus adaptés et plus résistantes à la sécheresse. C’est valable pour toutes les cultures. 

Euronews : Des chercheurs de l’INRAE (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) estiment qu’il faudrait repenser le modèle agricole actuel en valorisant davantage le sol notamment. Qu’en pensez-vous ?

Faut-il repenser le modèle agricole actuel ?

A.P.A. : « Il faut toujours mieux valoriser le sol. Plus le sol est riche en carbone, plus il va capter l’eau et moins elle va ruisseler. Le maïs, par exemple, est très décrié à cause de l’irrigation effectuée en été. Mais c’est la plante qui valorise le mieux la quantité d’eau qu’on lui offre, mieux que l’eau que l’on pourra mettre dans nos jardinières, dans nos pelouses ou ailleurs. »

Nati Harnik/AP
Un champ de maïs dans l'Iowa, aux États-Unis / 2019Nati Harnik/AP

L’ONU craint une crise alimentaire mondiale à cause de la météo mais aussi de la guerre en Ukraine. Elle évoque des conséquences potentiellement « dévastatrices ».

Y a-t-il une solution pour empêcher ou atténuer ce risque ?

A.P.A. : « L’urgence dans le contexte de la guerre en Ukraine et de l’arrêt des exportations ukrainiennes et russes, c’est bien sûr de revenir à la paix pour libérer les millions de tonnes de céréales qu’il y a dans ces pays.

La recherche agronomique est focalisée sur l'efficacité.
Arnold Puech d’Alissac
Membre du bureau de la FNSEA et vice-président de l’Organisation mondiale des agriculteurs

Sur le volet climatique, la recherche agronomique est focalisée sur l’efficacité. Il n’y a aucune entreprise privée qui n’est pas orientée vers cet objectif. Les entreprises publiques et l’INRAE vont également dans ce sens-là. Nous faisons beaucoup de recherche en France sur les OGM alors que nous ne pouvons pas les utiliser. Peut-être faudrait-il se tourner vers des techniques alternatives qui nous permettraient de progresser en génétique et d’être plus efficace.

La production viticole est en train de tester l’installation de panneaux solaires au-dessus des vignes pour produire de l’électricité et leur servir d’ombrelle. Il y a des solutions innovantes qui sont créées, on ne peut pas dire que la France soit en retard en la matière. »