Lors d'un sommet consacré à la sécurité alimentaire mondiale, plusieurs pays ont reproché à la Russie d'entretenir l'explosion des prix des céréales.
La Russie utilise "la faim comme arme de guerre" : c'est l'accusation des participants à une conférence sur la sécurité alimentaire mondiale vendredi à Berlin, en Allemagne.
Le continent africain importe près des deux tiers du blé qu'il consomme et de nombreux pays dépendent des céréales ukrainiennes ou russes pour se nourrir. Mais le blocage des ports ukrainiens de la mer Noire et la volatilité des marchés font exploser les cours mondiaux. Certaines populations déjà fragiles ne peuvent supporter cette augmentation des prix.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, accuse Moscou de délibérément restreindre les exportations de céréales : "l__es sanctions que nous avons imposées à la Russie, collectivement et avec de nombreux autres pays, ne concernent ni les aliments, ni les produits alimentaires, ni les engrais, ni les assureurs, ni les exportateurs. I__l n’y a donc aucune raison pour que cela ne bouge pas. Aucune raison autre que le blocus de l’Ukraine par la Russie et le refus de la Russie, dans de nombreux cas, d’exporter ses propres céréales pour des raisons politiques" a-t-il déclaré à l'issue de la rencontre de Berlin.
De son côté, Vladimir Poutine réfute toute responsabilité dans l'envol des prix des céréales : "c__e n’est pas le résultat des derniers mois et encore moins des conséquences de l’opération militaire spéciale de la Russie pour protéger le Donbass" a affirmé le Président russe lors d'un sommet en visioconférence du BRIC (les pays aux économies émergentes). Il a pointé du doigt le cynisme des Occidentaux qui, selon lui, "déstabilisent le marché mondial de la production agricole".
Pour permettre aux céréales ukrainiennes de revenir sur les marchés, les pays de la conférence sur la sécurité alimentaire envisagent de les faire passer par la Pologne ou la Roumanie, même si des contraintes techniques compliquent cette solution.
La Turquie, elle, espère toujours pouvoir jouer la carte de la diplomatie. Ankara veut instaurer un dialogue entre la Russie et l'Ukraine pour permettre de négocier les conditions de reprise des livraisons alimentaires depuis la mer Noire.