Le camp présidentiel obtient 245 sièges sur 577, loin de la majorité absolue. L'alliance de gauche Nupes frappe fort obtenant 131 sièges sur 577. Le Rassemblement national réalise une percée historique avec 89 sièges.
Les électeurs français étaient appelés aux urnes ce dimanche pour le second tour des législatives.
Quatre premiers enseignements de ce scrutin :
- Le camp présidentiel Ensemble! obtient 244 sièges sur 577, loin de la majorité absolue.
- L'alliance de gauche Nupes frappe fort, obtenant 127 sièges sur 577, devenant le principal groupe d'opposition.
- Le Rassemblement national réalise une percée historique en décrochant 89 sièges.
- Enfin, l'abstention atteint 53,77%, son deuxième plus haut niveau pour ce scrutin.
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[Synthèse] Gifle pour Macron face au risque d'une France ingouvernable
"Il faudra faire preuve de beaucoup d'imagination" pour gouverner : la France avance dans l'inconnu après des élections législatives aux allures de séisme dimanche, avec le camp Macron qui perd la majorité absolue, la forte percée de la gauche unie et le score historique du Rassemblement national.
Ces résultats du second tour, inédits sous la Ve République, posent clairement la question de la capacité d'Emmanuel Macron à pouvoir gouverner et faire voter les réformes promises, notamment celle des retraites.
Ils ouvrent une période délicate de tractations à tous les niveaux pour sceller des alliances, remanier le gouvernement et négocier les postes de responsabilités dans la nouvelle Assemblée.
Resté silencieux dimanche soir, Emmanuel Macron se retrouve affaibli deux mois seulement après sa réélection face à Marine Le Pen.
Il voit le RN, désigné comme l'ennemi N.1, débarquer massivement et contre toute attente au Palais-Bourbon avec jusqu'à une centaine de députés, selon certaines estimations.
"Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d'action, il n'y a pas d'alternative", a assuré la Première ministre Elisabeth Borne, elle-même élue de peu dans le Calvados, en affirmant que cette "situation inédite constitue un risque pour notre pays".
Symboles de la claque reçue, les défaites des chefs de file de la macronie à l'Assemblée, deux intimes de M. Macron: le président Richard Ferrand battu dans son fief du Finistère et le patron des députés LREM Christophe Castaner dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Egalement défaites, trois ministres - Amélie de Montchalin (Transition écologique), Brigitte Bourguignon (Santé) et Justine Benin (Mer) - devront quitter le gouvernement.
"C'est loin de ce qu'on espérait", a admis le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, qui a pu toutefois se satisfaire des victoires sur le fil de deux ministres à Paris, Stanislas Guerini et Clément Beaune.
Abstention majoritaire
Sans surprise, ce scrutin, le 4e en deux mois après la présidentielle, a été boudé par les Français alors qu'une partie du pays subissait une vague de chaleur inédite par sa précocité.
Le taux d'abstention devrait atteindre entre 53,5% et 54%, en hausse de plus d'un point par rapport au premier tour (52,49%), selon les instituts de sondage. Elle n'atteindra toutefois pas le record du second tour de 2017 (57,36%).
La coalition présidentielle Ensemble! (LREM, MoDem, Agir et Horizons) obtient entre 230 et 250 sièges, selon les instituts de sondage, soit loin de la majorité absolue de 289 députés sur 577.
Elle est désormais prise en étau entre deux groupes puissants qui ont clairement affirmé leur opposition.
La Nupes en force
La bataille s'annonce rude face à la gauche unie puissante (LFI, PS, EELV et PCF), qui devient la première force d'opposition avec de 141 à 175 députés.
Jean-Luc Mélenchon s'est félicité de la "déroute totale" du parti présidentiel en annonçant que la Nupes allait "mettre le meilleur" d'elle-même "dans le combat" parlementaire.
A l'offensive, le député LFI Eric Coquerel a estimé que Mme Borne ne pouvait plus "continuer à être première ministre" et annoncé que l'opposition déposerait "une motion de censure" contre son gouvernement le 5 juillet.
La Nupes a réalisé le grand chelem en Seine-Saint-Denis (12 députés sur 12) et a salué l'élection de trois personnalités: la femme de ménage et syndicaliste Rachel Kéké, la chroniqueuse télé Raquel Garrido et l'ex-journaliste Aymeric Caron.
"Tsunami" du RN
Ensemble! devra aussi composer avec un Rassemblement national nettement renforcé qui, avec de 80 à 97 sièges selon les estimations, constitue la grande surprise de ce second tour, après une campagne en retrait. Un "tsunami", s'est même félicité le président par intérim du RN Jordan Bardella, dont le parti ne comptait que huit élus en 2017.
Conséquence, le RN sera en mesure de former facilement un groupe parlementaire, ce qu'il n'avait réussi qu'une fois, de 1986 à 1988, du temps du Front national de Jean-Marie Le Pen, grâce à la proportionnelle.
"Nous incarnerons une opposition ferme, sans connivence, responsable", a annoncé Marine Le Pen, réélue dans le Pas-de-Calais.
LR en position centrale
Les Républicains, qui représentaient la deuxième force dans l'Assemblée sortante, revendiquent 69 députés avec leur alliés de l'UDI et des Centristes, un chiffre quasi inespéré vu leur score piteux à la présidentielle. Leur position sera centrale dans l'Assemblée puisque le camp Macron aura besoin de voix pour atteindre la majorité absolue.
Le maire LR de Meaux Jean-François Copé a ainsi appelé dimanche à un "pacte de gouvernement" avec Emmanuel Macron, estimant qu'"il appartient à la droite républicaine de sauver le pays". Mais Christian Jacob, son président, a assuré que son parti resterait "dans l'opposition" et Eric Ciotti a laissé entendre qu'il ne serait pas "la roue de secours d'un macronisme en déroute."
Il faudra donc "beaucoup d'imagination" pour agir dans cette "situation inédite", a admis le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, en estimant que, malgré tout, la France n'était pas ingouvernable.
Pour Emmanuel Macron, "ce quinquennat sera un quinquennat de négociations, de compromis parlementaires. Ce n'est plus Jupiter qui gouvernera mais un président aux prises avec une absence de majorité à l'Assemblée", prévoit le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau.
Les prochains jours seront agités pour le chef de l'Etat, qui sera happé dans un tunnel d'obligations internationales (Conseil européen, G7, sommet de l'Otan) et devra manœuvrer sur le front intérieur avec un remaniement de son gouvernement.
A 21 ans, il va devenir le plus jeune député de l'histoire de la Ve République
L'indépendantiste polynésien Tematai Le Gayic, âgé de 21 ans, est devenu dimanche le plus jeune député de l'histoire de la Ve République, battant le record tenu par Marion Maréchal, élue députée à 22 ans en 2012.
Né le 11 octobre 2000 à Papeete, Tematai Le Gayic a grandi à Tubuai, une île de l'archipel des Australes, puis à Tahiti. Il a obtenu une double licence en sciences politiques et en histoire à Paris mais a mis en suspens ses études pour mener campagne en Polynésie. Il milite pour l'accession à la pleine souveraineté de la Polynésie française.
[Analyse] La gauche unie derrière Mélenchon fait vaciller la "macronie"
Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre mais il a le sourire : la gauche qu'il a unie est en passe d'emporter plus de 150 sièges dimanche au 2e tour des élections législatives, battant plusieurs figures de la macronie et empêchant le président d'obtenir une majorité absolue.
"On est là, on est là, même si Macron ne le veut pas nous on est là", ont chanté à 20H00 les centaines de militants présents à l'Élysée Montmartre à Paris, où était organisée la soirée de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).
Leur chef de file Jean-Luc Mélenchon a certes perdu son pari de s'installer à Matignon mais il aura réussi à hisser la gauche en principale force d'opposition - même si le RN fait une percée historique avec entre 80 et 95 députés, selon les estimations.
La Nupes va envoyer de 150 à 200 députés au Palais Bourbon, selon les différents instituts de sondage. Pour Ipsos, La France insoumise, qui présentait le plus de candidats en vertu de sa troisième place à la présidentielle, remporterait environ 90 sièges, les écologistes 30, le PS une petite vingtaine et le PCF 13.
"La situation est totalement inattendue, absolument inouïe. La déroute du parti présidentiel est totale", s'est exclamé Jean-Luc Mélenchon sur scène à l'Élysée Montmartre.
"Nous avons réussi l'objectif politique que nous nous étions donnés: en moins d'un mois faire tomber celui qui, avec tant qu'arrogance, a tordu le bras du pays pour être élu président sans qu'on sache pour quoi faire", a-t-il ajouté.
Julien Bayou, le chef d'EELV, a quant à lui fait applaudir toutes les composantes de la Nupes, et rendu hommage à LFI : "Vous pouvez les applaudir car ce sont évidemment les insoumis, en premier lieu, qui ont permis cette coalition".
Pour la numéro 2 du PS, Corine Narassiguin, "notre stratégie d'alliance a fonctionné, on va presque tripler le nombre de représentants de gauche, et l'intergroupe va devenir la première force d'opposition".
Au PS, "on a fait le bon choix, on a répondu à l'attente des électeurs qui voulaient l'union", "à leurs yeux on s'est ré-ancrés à gauche", a-t-elle ajouté.
Ian Brossat, le bras droit du communiste Fabien Roussel, réélu comme son homologue socialiste Olivier Faure et toutes les figures majeures de la gauche qui se sont présentées, s'est enthousiasmé : "c'est un camouflet énorme pour la majorité sortante, dont plusieurs ministres seraient battus".
Selon lui, "le président de la République va devoir renoncer à beaucoup de ses réformes de régression sociale. En tout cas, il n'y aura pas de majorité pour voter la retraite".
La gauche unie a aussi réalisé un carton en outre-mer, notamment six sièges sur sept à La Réunion, huit sur neuf en Guadeloupe, Martinique et en Guyane, trois sur trois en Polynésie.
[Analyse] Les Républicains en position centrale
Les Républicains ont comme prévu accusé un recul aux législatives mais ils tiennent le choc en sauvant l'essentiel de leurs ténors et, face aux spéculations sur une possible coalition de gouvernement ,ils se sont "sans ambiguïté" placés "dans l'opposition".
Crédités de 45 à 78 députés, les élus de droite (LR-UDI et divers droite) risquent toutefois de se retrouver derrière le Rassemblement national.
"Compte tenu du résultat de la présidentielle c'est un très bon résultat auquel nous sommes parvenus aujourd'hui", puisque "nous sommes dans la fourchette haute" des prévisions et qu'"on la dépassera", a affirmé dimanche soir le président de LR Christian Jacob.
Cela ne suffit pas à sauver leur statut de premier groupe d'opposition dans l'hémicycle.
Les Républicains pourraient toutefois jouer un rôle singulier dans la future assemblée car aucune majorité ne se dessine. En théorie, Emmanuel Macron pourrait faire appel aux LR pour arriver aux 289 sièges de la majorité absolue.
La porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire l'a affirmé sur France 2 : "on a toujours eu la main tendue. Que ce soit LR ou les socialistes modérés, on a réussi à embarquer un certain nombre d'amendements. Faut-il le faire plus? Certainement. Est-ce le message de ce soir? Très certainement".
Chez LR, l'idée a été clairement rejetée par la direction du parti.
"Nous avons fait campagne dans l'opposition, nous sommes dans l'opposition, nous resterons dans l'opposition", a affirmé M. Jacob pour qui "il n'y a pas d'ambiguïté".
Quant à Jean-François Copé, il a parlé "à titre personnel", a-t-il ajouté. Le maire LR de Meaux venait de répéter son idée d'un "pacte de gouvernement" avec Emmanuel Macron, estimant qu'"il appartient à la droite républicaine de sauver le pays".
Comment fonctionnera à droite cette opposition qui se veut malgré tout responsable?
"Nous ferons des propositions et nous attendrons du gouvernement de les soutenir", a affirmé l'ancienne ministre Rachida Dati en assurant que LR sera "un bloc décisif".
"On ne sera pas une opposition bête et méchante mais il n'y a aucune raison qu'on aille sauver la peau d'Emmanuel Macron", a affirmé sur France 2 Aurélien Pradié pour qui "la jeune génération ne revient pas à l'Assemblée pour enfiler des perles".
Car LR est "au centre du jeu mais n'acceptera de gouverner que sur son programme", a résumé le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse.
L'ancien négociateur européen pour le Brexit Michel Barnier l'a affirmé : "dans la situation grave où se trouve notre pays, notre groupe d'opposition sera indépendant, libre et responsable".
L'aile dure du parti notamment est vent debout contre toute idée de coalition, synonyme de disparition programmée selon eux, en parachevant le long travail de sape engagé par Emmanuel Macron.
Dimanche matin encore, le patron des sénateurs Bruno Retailleau a averti dans le JDD : "Nous n'avons pas à être la voiture-balai du macronisme. Ce serait une double trahison de nos électeurs" qui "ont donné un mandat clair : siéger dans l'opposition".
Réaction d'Elisabeth Borne, Première ministre
La Première ministre Elisabeth Borne est intervenue dans la soirée pour réagir aux résultats des législatives.
"Ce vote, a-t-elle dit, nous devons le respecter et en tirer les conséquences."
La France se trouve dans une "situation inédite" qui "constitue un risque pour notre pays", a poursuivi la Première ministre.
"Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d'action pour garantir la stabilité pour le pays".
Faute de majorité absolue, le camp présidentiel sait qu'il devra nouer des alliances avec d'autres partenaires politiques. Dans la future majorité, a précisé Elisabeth Borne, "les sensibilités multiples devront être respectées".
"Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d'action, il n'y pas d'alternative à ce rassemblement pour garantir à notre pays la stabilité et continuer les réformes nécessaires", a dit la cheffe du gouvernement depuis Matignon, après avoir estimé que

[Récap] La percée historique du Rassemblement national
Après un score inégalé à la présidentielle, le Rassemblement national réalise une percée historique au second tour des législatives, avec un groupe de 80 à 95 députés, soit dix à quinze fois plus d'élus qu'actuellement, selon les premières estimations.
Sa candidate à l'Elysée Marine Le Pen, qui avait déjà obtenu un score jamais vu au second tour de la présidentielle, avec 41,5% des voix, a salué un groupe de "loin le plus nombreux de l'histoire de (sa) famille politique".
La finaliste de la présidentielle, elle-même réélue haut la main dans le Pas-de-Calais (61,03%), a promis d'incarner une "opposition ferme" mais "responsable, c'est-à-dire respectueuse des institutions".
Ces nouveaux députés, a-t-elle souligné, défendront "(vos) idées sur l'immigration, la sécurité, le chômage, la justice fiscale et sociale, les territoires oubliés, les citoyens maltraités ou la démocratie bafouée".
Dans une allusion à la prochaine présidentielle, à laquelle "a priori" elle ne devrait pas se représenter, Marine Le Pen a affirmé que les députés RN seraient aussi "l'avant-garde de cette nouvelle élite politique qui prendra la responsabilité du pays lorsque l'aventure Macron aura pris fin".
Le parti d'extrême droite, qui avait déjà progressé de 5,5 points au premier tour, en réunissant 18,7% des voix (13,2% en 2017), semble devoir devancer en sièges le parti de droite Les Républicains, alors que la coalition présidentielle sortante Ensemble! perd la majorité absolue face à l'alliance de la gauche Nupes.
Le patron par intérim du RN, Jordan Bardella, a salué sur TF1 un "tsunami" pour son mouvement.
"Ce soir, Jupiter est un président minoritaire. Nous allons à l'Assemblée nationale pour construire cette opposition que les autres groupes ne sont pas", a-t-il souligné.
Le RN, qui était arrivé en tête au premier tour dans 108 circonscriptions, réalise cette performance en dépit d'un scrutin majoritaire et d'une absence d'alliances avec le parti d'Eric Zemmour Reconquête!, sur fond de forte abstention, autour de 54%.
Le RN constitue ainsi un groupe à l'Assemblée nationale, pour la première fois depuis 1986, ce qui lui permet de disposer de davantage de moyens et de temps de parole.
Marine Le Pen triple la mise par rapport au nombre de députés qu'avait obtenus son père en 1986 (32 du Front national et 3 du petit mouvement conservateur CNIP). Ce groupe, qui a siégé de 1986 à 1988, nommé Front national-Rassemblement national était présidé par le patron du FN, Jean-Marie Le Pen.
Marine Le Pen devrait présider le groupe RN. Elle avait dit récemment son "envie de mener la bataille à l'Assemblée avec un groupe de députés" et confié avoir "été extrêmement frustrée ces cinq dernières années, où on n'avait pas les moyens de se battre, où on n'avait pas les moyens de s'exprimer".
Prendre la présidence du groupe devrait la conduire à lâcher la tête du parti, briguée à demi-mot par son actuel président par intérim Jordan Bardella, et le maire de Perpignan et vice-président du RN Louis Aliot.
[Analyse] Les Français ont mis fin à Jupiter
Après avoir reconduit en avril Emmanuel Macron à l'Elysée pour cinq ans, les électeurs ont choisi de le priver de majorité à l'Assemblée nationale, mettant fin ainsi à "l'hyper-présidence" de son premier quinquennat, estiment les experts.
Avec des projections de sièges qui situent la coalition présidentielle loin des 289 sièges indispensables pour disposer d'une majorité absolue, "les Français ont obtenu ce qu'ils souhaitaient collectivement", explique à l'AFP Emmanuel Rivière, directeur des études politiques de l'institut Kantar.
"Les dernières enquêtes d'opinion convergeaient, en effet, vers le désir de ne pas octroyer à Emmanuel Macron de majorité absolue, pas plus qu'à Jean-Luc Mélenchon", le dirigeant de l'alliance de gauche Nupes (LFI, PS, EELV et PCF) qui avait appelé les Français à "l'élire Premier ministre" avant même le second tour de la présidentielle dont il avait été éliminé.
Pour Jean-Daniel Lévy, directeur général de Harris Interractive, les électeurs ont envoyé un message clair au chef de l'Etat.
"D'une manière globale, on est face à des citoyens qui ont le sentiment de ne pas avoir été écoutés comme ils le souhaitaient, de ne pas avoir été suffisamment entendus de la part d'Emmanuel Macron et qui aimeraient une autre expression de la part de l'exécutif", affirme-t-il à l'AFP.
Premier président réélu depuis l'instauration du quinquennat en 2002, Emmanuel Macron est aussi le premier à se retrouver en minorité depuis l'inversion du calendrier électoral qui a situé les législatives dans la foulée de la présidentielle et qui, jusqu'à présent, octroyait une majorité claire au chef de l'Etat fraîchement élu.
"Il n'y a pas eu de conséquences de la victoire de M. Macron à la présidentielle sur les législatives", constate M. Rivière. "Tout s'est passé comme si nous étions dans la continuité d'un mandat de dix ans et que les législatives aient finalement fonctionné comme des élections intermédiaires qui sont d'habitude difficiles pour le gouvernement et non comme des législatives qui suivent la présidentielle", souligne-t-il.
Le RN qui en profite
La question du pouvoir d'achat, notamment du prix de l'essence ont apparemment une forte influence sur le résultat du vote : "les problèmes du quotidien ont été beaucoup plus présentes dans la tête des Français que dans le débat", reconnaît M. Rivière.
Des préoccupations dont Le Rassemblement national a fait son principal thème de campagne et qui pourraient expliquer sa percée historique lui permettant de devenir peut-être la troisième force de l'Assemblée nationale avec de 67 à 102 sièges.
Après un entre-deux-tour où l'appel à faire barrage à l'extrême droite a donné lieu à des messages contradictoires notamment au sein de la majorité, le RN a fait beaucoup mieux que son objectif d'atteindre les 15 sièges nécessaires pour créer un groupe.
"On a la confirmation que dans ce mode de scrutin très particulier qui handicapait jusqu'alors le RN, le front républicain s'est complètement disloqué, voire même perdu dans les limbes de la Ve République", observe le directeur du Cevipof Martial Foucault sur LCP.
"C'est l'un des points sur lesquels la stratégie d'Emmanuel Macron aura eu des conséquences qu'il n'aura pas tout à fait maîtrisées : cette rhétorique de dire +à part moi, il n'y a que des extrêmes+ a été un peu dévastatrice", admet M. Rivière.
La fin de l'hyper-présidence
Avec une majorité relative à l'Assemblée, le second quinquennat d'Emmanuel Macron ne ressemblera plus au premier : "il n'y a pas de reconduction d'une hyperprésidence", affirme à l'AFP Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.
"Pour M. Macron, ce quinquennat sera un quinquennat de négociations, de compromis parlementaires. Ce n'est plus Jupiter qui gouvernera mais un président aux prises avec une absence de majorité à l'Assemblée", assure-t-il.
"On va vers un quinquennat où le rôle du Parlement sera réhabilité. C'est la pratique de tous les autres pays européens", ajoute l'analyste.
Avec un score proche des 289 sièges, le président pourrait gouverner en minorité "cherchant des soutiens au cas par cas en fonction des lois", notamment chez les petits partis, précise M. Rousseau.
Mais les projection donnent un écart beaucoup plus large, ce qui laisse le directeur du Cevipof Martial Foucault sceptique sur les alliances: "Ce soir, ce n'est ni une majorité relative ni une majorité absolue. Les difficultés vont être très nombreuses dans les prochaines heures pour définir si on parle d'un pacte, d'une coalition de gouvernement", prévient-il.
