Gouvernement de coalition : un modèle qui semble être la norme en Europe

Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen
Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen Tous droits réservés AP Photo
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Par Stephane HamalianMargaux Racanière et Valentine Hullin
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Est-il possible de gouverner lorsque l'on ne dispose pas de la majorité absolue au Parlement ? Si la question se pose en France, il semble que la formation de coalitions soit la norme en Europe.

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Est-il possible de gouverner lorsque l'on ne dispose pas de la majorité absolue au Parlement ? Si la question se pose en France, depuis les dernières élections législatives, il semble que la formation de coalitions soit la norme en Europe, où une vingtaine de pays sont dirigés grâce à des accords en partis politiques.

"C'est parfois houleux, mais il y a des débats" explique Lena Roche, journaliste de l'équipe allemande d'Euronews. Au Bundestag, les partis politiques passent un "contrat de coalition" indique-t-elle.

En Allemagne, les partis s'abstiennent de mettre en doute la coalition

Actuellement, sociaux-démocrates, Verts et Libéraux ont passé un accord pour un gouvernement dirigé par Olaf Scholz. 

Il peut y avoir des critiques par médias interposés souligne-t-elle, mais "les chefs des partis politiques ne vont pas s'attaquer mutuellement, et on ne va pas mettre en doute la coalition" analyse-t-elle.

"Donc pour qu'une coalition marche, il faut que chacun s'y retrouve" résume-t-elle.

Sous Angela Merkel, la CDU et le SPD travaillaient ensemble en faisant des compromis. La CDU étant dominante, "le SPD a perdu de son profil et de son identité, ce qui a fini par lui coûter des voix". La fragilisation des sociaux-démocrates les a poussés à former une coalition hétéroclite à l'issue des dernières élections générales.

La culture de coalition semble être ancrée dans l'ADN du système politique allemand, ce qui n'est pas le cas de l'Espagne, qui a pourtant dû s'y résoudre récemment. Une première depuis la fin de la dictature, explique Beatriz Beiras, responsable de la rédaction espagnole d'Euronews.

Cette coalition est formée par le parti socialiste et Unidas Podemos, qui regroupe des formations de gauche radicale. 

Le gouvernement espagnol de coalition "a été formé en janvier 2020 suite aux élections et c'est vrai que beaucoup d'analystes politiques pensaient que ça n'allait pas durer" indique-t-elle.

"Mais malgré cela, Pedro Sancheza eu l'habilité de réussir à faire passer toutes les lois qu'il a voulu et il n'a pas échoué" souligne-t-elle, précisant que le Premier ministre socialiste a parfois eu besoin de soutiens à l'extérieur de sa coalition, auprès "des nationalistes catalans, basques et galiciens" sur certains textes.

L'Espagne, décentralisée

La journaliste estime qu'une coalition n'aurait probablement pas été possible avec la droite, qui "refuse les compromis de façon systématique" et qui est "une opposition très dure".

Et au sein même du bloc formé par Pedro Sanchez les sujets très idéologiques ont entraîné d'intenses débats, notamment sur les questions touchant au viol et au consentement.

Mais ce gouvernement devrait aller "jusqu'au bout de la législature" parie Beatriz Beiras, après avoir survécu "au Covid-19, à la guerre en Ukraine et maintenant, à la crise du pouvoir d'achat".

Si l'habileté politique a permis à Pedro Sanchez de mener une politique équilibrée de compromis, Emmanuel Macron pourra-t-il en faire de même ? À la différence de la France, l'Espagne est un pays très décentralisé avec de nombreuses compétences échappant à l'Etat au profit des régions ; la question est maintenant de savoir si la France, au pouvoir ultra-centralisé, parviendra à s'adapter à cette nouvelle configuration du parlement. Les exemples ne manquent pas.

Interviews réalisées par Margaux Racanière et Valentine Hullin.

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