Les villes européennes sont-elles à l'épreuve du changement climatique ?

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Par Monica Pinna
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Les catastrophes naturelles alimentées par le changement climatique obligent les villes européennes à se repenser. En Italie, les constructions illégales sont pointées du doigt tandis qu'en Allemagne et France, on modifie l'aménagement et la législation.

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Les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents et ont des conséquences dévastatrices. Le glissement de terrain sur l'île d'Ischia en Italie n'est que l'un des derniers exemples en date. Notre reporter Monica Pinna s'est rendue en Italie, France et Allemagne pour découvrir comment les villes européennes s'adaptent aux risques liés au changement climatique.

Le fléau persistant des constructions illégales en Italie

En novembre dernier, un glissement de terrain faisait douze morts dans la ville de Casamicciola à Ischia. 500 habitants étaient évacués de leur logement. Aujourd'hui, certains d'entre eux veulent les réintégrer : ils défendent leur droit de vivre dans une zone exposée à des risques naturels.

La catastrophe a réveillé la polémique sur le fait qu'une grande partie des maisons d'Ischia ne sont pas autorisées et l'État, avec sa politique d’amnistie pour les infractions aux règles de la construction qui dure depuis des décennies, est accusé d'avoir encouragé le phénomène. Dans ce contexte, une enquête est en cours pour déterminer si les maisons touchées par le glissement de terrain de cet automne étaient ou non en règle avec la législation. Autre facteur clé qui a joué un rôle dans le drame selon les experts : le manque d'entretien du système de gestion des eaux de pluie sur l'île, associé à un niveau record de précipitations.

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"On se sent en sécurité, on vit ici depuis 150 à 200 ans," affirme un habitant de CasamicciolaEuronews

En Italie, 94% des communes se trouvent dans des zones à risque. Alors qu'à Ischia, l'immobilisme semble dominer en matière d'adaptation aux risques, l'île est symptomatique d'un pays qui semble courir après les urgences et s'attaquer à la prévention de manière disparate.

En Allemagne, on se prépare à l'inéluctable

L'an dernier, en Allemagne, des inondations d'une ampleur exceptionnelle ont balayé la vallée de l'Ahr, faisant plus de 130 morts. Aujourd'hui, pourtant, seules 34 maisons parmi les milliers qui ont été endommagées sont vouées à la démolition. Les habitants disent qu'ils préfèrent prendre le risque de rester sur place plutôt que de déménager. La gestion du lit de la rivière est cruciale pour protéger la population. Des aménagements ont ainsi été réalisés depuis la catastrophe pour que l'Ahr puisse reprendre ses méandres afin de diminuer son débit à certains endroits.

"On ne peut pas empêcher l'inondation de se produire, mais on peut réduire les dégâts," fait remarquer Patrick Kluding, responsable du service des eaux de Cologne, dans l'ouest du pays, qui surveille le niveau du Rhin. Au cours des trente dernières années, la ville a mis au point l'un des systèmes les plus avancés au monde pour prévoir la vitesse à laquelle une inondation peut se propager et pour garder le Rhin sous contrôle grâce à un dispositif de protection mobile.

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Les aménagements mobiles pare-inondations à Cologne le long du RhinEuronews

Un étage de refuge dans les zones à risque en Vendée

Après que la tempête Xynthia a fait 29 victimes à La Faute-sur-Mer dans l'ouest de la France, fin février 2010, les autorités ont mis au point un système complexe de lois, de politiques et d'organismes permettant de protéger les villes côtières et leurs habitants. Les habitants avaient un délai à respecter pour se mettre en sécurité. Le bâtiments anciens ont dû être adaptés et les nouveaux sont construits différemment. Parmi les modifications possibles, l'ajout d'un niveau ou d'un étage refuge. Mais les choses évoluent lentement : à l'heure actuelle, dans la zone la plus exposée jusqu'à présent, seulement 20% des maisons ont été modifiées.

Elisabeth vit à L'Aiguillon-sur-Mer. Elle est la seule de son quartier à avoir un étage refuge. "Les gens sont dans le déni, mais, moi, je pense que ça va revenir," dit-elle. Au moment du passage de Xynthia, Elisabeth vivait à La Faute-sur-Mer, dans la zone qui a été surnommée plus tard la "cuvette mortifère".

"Pour monter à l'étage, on devait sortir de la maison, mais il y avait beaucoup trop d'eau pour pouvoir aller dehors," explique Elisabeth dont le mari et le petit-fils sont morts dans la catastrophe. L'ancienne maison d'Elisabeth a fait partie des 600 qui ont été démolies suite à la tempête, sur un terrain transformé en golf aujourd'hui.

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"Les gens sont dans le déni, mais je pense que ça va revenir," indique Elisabeth à L'AiguillonEuronews

Cent millions d'euros ont été investis en Vendée pour restaurer les grandes infrastructures visant à protéger des inondations comme les barrages.

Malgré tous ces efforts, en France comme ailleurs, il est clair que les villes sont engagées dans une course contre la montre face aux risques croissants liés au changement climatique.

Journaliste • Monica Pinna

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