La Serbie veut "une véritable réconciliation" dans le dialogue avec le Kosovo

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Par Sergio Cantone
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Sur Euronews, le président de la République de Serbie Aleksandar Vučić estime que le Kosovo doit passer à la mise en œuvre de "ce qui a été signé". Il plaide pour "une solution de compromis" pour "réconcilier Albanais et Serbes dans la région".

La Serbie et le Kosovo sont sur le point de se rencontrer à nouveau le 18 mars, pour discuter des derniers points concernant un éventuel accord négocié par l'Union européenne. Sur Euronews, le président de la République de Serbie Aleksandar Vučić estime que le Kosovo doit passer à la mise en œuvre de "ce qui a été signé". Il plaide pour "une solution de compromis" pour "réconcilier Albanais et Serbes dans la région".

Sergio Cantone, Euronews :

"Vous êtes sur le point d'ouvrir un nouveau cycle de négociations avec votre interlocuteur kosovar. Quelle est votre ligne rouge ?"

Aleksandar Vučić, président de la République de Serbie :

"Je ne parle pas très souvent de lignes rouges car quand on parle trop de lignes rouges, il n'y a pas de véritables négociations et l'autre partie insistera uniquement sur ces lignes rouges et il est plus important de discuter de la question correctement, ce qui veut dire : essayer de trouver des solutions de compromis."

"Il y a quelque chose qui est écrit et signé et qui doit être appliqué"

Sergio Cantone :

"L'un des points d'accord précédents, c'est l'Association de municipalités serbes au Kosovo. C'est une demande de votre part. Mais apparemment, le gouvernement du Kosovo n'est pas prêt à la mettre en place, ou du moins, les points de vue divergent sur la méthode."

Aleksandar Vučić :

"Tout l'enjeu, c'est que nous avons signé cela en 2013 et 2015, à savoir : un plan de mise en œuvre, les principes, une équipe de direction et bien sûr, le premier accord. Cela fait quatre accords. Nous avons déjà tout signé, et ce avec les représentants de l'Union européenne, et cela doit être mis en œuvre. Mais ce n'est pas l'objectif ultime. L'objectif ultime, c'est de faire en sorte que les Albanais et les Serbes du Kosovo, mais aussi les Albanais et les Serbes de toute la région vivent ensemble, aient de meilleures conditions de vie et se respectent les uns les autres."

"Il ne faut pas tenter constamment d'humilier l'autre"

Sergio Cantone :

"Le problème pour les Kosovars, c'est qu'ils ont peur - de leur point de vue, bien entendu - de créer les conditions pour une nouvelle forme de Republika Srpska au Kosovo..."

Aleksandar Vučić :

"Il y a quelque chose qui est écrit et signé et qui doit être appliqué. Sinon, le droit international n'a pas lieu d'être."

Sergio Cantone :

"Apparemment, le gouvernement kosovar actuel voudrait exercer davantage de souveraineté sur son propre territoire - sur ce qu'il considère comme son propre territoire - et qui a été reconnu par de nombreux pays..."

Aleksandar Vučić :

"Par de nombreux pays, mais pas dans le droit international public... Mais aujourd'hui, j'insiste sur la réconciliation, la véritable réconciliation. Il s'agit de ne pas tenter constamment d'humilier l'autre, mais de trouver une solution de compromis pour les deux parties."

"La réconciliation nécessite de nombreuses concessions de la Serbie"

Sergio Cantone :

"La réconciliation passe peut-être non pas par une reconnaissance mutuelle, mais par une série de concessions mutuelles..."

Aleksandar Vučić :

"Oui."

Sergio Cantone :

"L'Association des municipalités serbes en est une qui serait en faveur de la Serbie et comme vous le dites, elle doit être mise en place comme cela a été conclu..."

Aleksandar Vučić :

"La réconciliation nécessite aussi de nombreuses concessions de la part de la République de Serbie, c'est-à-dire de nombreux accords sur les timbres et scellés douaniers, les représentations, les diplômes, les documents, les reconnaissances professionnelles, les plaques d'immatriculation et tout le reste."

"Nous allons rester fermement attachés au droit à l'autodétermination"

Sergio Cantone :

"Toute la question, c'est en particulier, de comprendre où se situe le niveau d'autonomie d'une communauté serbe vivant au Kosovo en matière d'éducation..."

Aleksandar Vučić :

"L'éducation, le système de santé, l'aménagement rural et urbain, le développement économique, tout cela a été décrit et détaillé dans les principes qui ont déjà été convenus."

Sergio Cantone :

"Seriez-vous en mesure d'établir une ligne de démarcation claire entre le concept d'autonomie et celui d'autodétermination ?"

Aleksandar Vučić :

"Pourquoi certains donnent-ils ou acceptent-ils ce droit à l'autodétermination pour des populations et nations données et le refusent-ils à d'autres ? Et nous allons rester fermement attachés à ce sujet. Nous parlons d'un pays qui a attiré, par exemple, sur les trois dernières années, 62% de tous les investissements directs étrangers dans la région [ndlr : des Balkans occidentaux]."

"Concernant le gaz, nous avons un bon prix"

Sergio Cantone :

"Mais ce type de miracle économique de la Serbie s'appuie aussi sur un prix modéré du gaz qui vient de Russie."

Aleksandar Vučić :

"En partie, oui."

Sergio Cantone :

"L'Union européenne appelle la Serbie à participer aux sanctions."

Aleksandar Vučić :

"Concernant le prix du gaz, je crois que nous avons un bon prix et notre économie est en plein essor. Ces trois dernières années, nous étions l'une des cinq économies à la croissance la plus rapide à l'échelle de toute l'Europe."

Sergio Cantone :

"Parce que, comme vous l'avez dit, le prix de votre énergie est plus bas que dans les autres pays et ce pourrait être un problème pour vous si vous deviez participer aux sanctions de l'Union européenne contre la Russie."

Tensions dans le nord du Kosovo : "Nous avons eu une très bonne relation avec l'OTAN"

Aleksandar Vučić :

"Mais ce n'est pas le seul problème... Vous savez, j'ai lu et entendu des milliers de fausses déclarations accusant la Serbie de nuire à la paix et à la stabilité dans la région et de vouloir attaquer la Bosnie, Pristina ou tel ou tel... A-t-elle fait cela ? Non. Il y a eu des tensions dans le nord du Kosovo et ce que j'ai voulu dire aux Serbes à de nombreuses reprises et que je répète ici, c'est que nous avons eu une relation très professionnelle, très bonne, responsable et sérieuse avec l'OTAN, nous continuerons dans cette voie. Et j'en étais d'ailleurs très satisfait."

Sergio Cantone :

"Le président Vladimir Poutine a mêlé le sujet du Kosovo à d'autres questions, d'abord à la Crimée, puis au Donbass."

Aleksandar Vučić :

"Est-ce une question pour moi ou pour les dirigeants occidentaux ? Parce qu'il a trouvé un précédent. Nous, notre réaction a été différente. Nous avons dit : "Nous soutenons la charte des Nations Unies et c'est pourquoi la Crimée et toutes les autres parties de l'Ukraine appartiennent à l'Ukraine." C'était cela, notre réponse."

Candidature d'adhésion du Kosovo au Conseil de l'Europe : Les Kosovars "n'ont pas besoin de la Serbie pour cela"

Sergio Cantone :

"Seriez-vous prêt à faire quelques concessions à la partie kosovare en ce qui concerne l'adhésion au Conseil de l'Europe ?"

Aleksandar Vučić :

"Ils ont déjà entamé cette procédure pour rejoindre le Conseil de l'Europe sans demander son avis à la Serbie. Ils n'ont pas besoin de la Serbie pour cela. Mais il existe une législation et ce plan proposé par les Allemands et les Français au sujet des organisations internationales. Ils ont eu ma réponse. Je l'ai donnée en face à face à Messieurs Macron et Scholz."

Sergio Cantone :

"Qu'en est-il d'une adhésion aux Nations Unies ? La Chine et la Russie ont leur mot à dire."

Aleksandar Vučić :

"Je crois qu'il s'agit davantage de la Serbie que de la Chine et la Russie. J'en ai discuté avec Messieurs Macron et Scholz et avec tous les autres."

Sergio Cantone :

"Et qu'avez-vous dit ?"

Aleksandar Vučić :

"Nous avons discuté des lignes rouges au début de cette interview..."

Journaliste • Sergio Cantone

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