Si les armes se sont tues dans la région de Kherson, l'activité agricole ne bat pas son plein en raison des milliers de mines laissées par l'occupant russe.
Quatre mois après le retrait des troupes russes de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, une ombre invisible de l'ancien occupant plane encore, et pour longtemps, celle des milliers de mines qui dorment dans les riches terres agricoles de ce secteur.
Cette région était en effet "le grenier à blé" du pays et une importante partie de la production était exportée. Mais aujourd'hui, les agriculteurs se désolent, car les champs sont littéralement infestés de mines et d'obus qui n'ont pas explosé. Alors que la nouvelle campagne de semailles s'annonce, ils sont dans l'impossibilité de reprendre sereinement le chemin des champs.
C'est la peur au ventre que les exploitants sillonnent leurs parcelles sur leur tracteur. Plusieurs agriculteurs, en effet, seraient morts à cause des mines selon les autorités de la région de Kherson. Et impossible d'accomplir seul la tâche dangereuse et fastidieuse du déminage : ils ont besoin d'aide.
L'un d'entre eux, Andri Litvinov nous explique ainsi que des démineurs l'ont aidé à inspecter son champ de 250 hectares. Cela leur a pris quatre jours.
"Nous avions essayé de le faire nous-mêmes. Mais grâce aux démineurs, qui n'ont pas compté leurs heures, nous avons trouvé environ 300 charges, que les gars ont déterrées, désamorcées et faites exploser" nous a-t-il déclaré. Mais après leur départ, il continue encore de trouver des charges explosives.
Environ deux millions et demi d'hectares de terres agricoles en Ukraine doivent être inspectés pour suspicion de terrain miné. Et sur ce total, 800 000 hectares sont prioritaires pour commencer les semailles de printemps. Mais ce déminage de masse nécessite des équipements spéciaux que Kyiv doit se procurer auprès de ses partenaires internationaux.
Et ce n'est pas tout, puisque le pays a également besoin d'aide pour réparer ses machines agricoles, de très nombreuses étant en panne. De plus, les pièces pour réparer les tracteurs ne sont pas faciles à trouver.
"Depuis l'enfance, je rêvais de conduire un tracteur. Alors j'ai commencé, j'aime ça", témoigne Artem, croisé dans une ferme de la région. Malgré la situation et le matériel en panne, il ne cache pas son envie de reprendre son travail. "S'il n'y avait pas de mines, je serais parti tout de suite ! Je me serais précipité, bien sûr ! J'ai l'habitude, je veux aller au champ", nous confie-t-il.
Les agriculteurs de Kherson espèrent maintenant pouvoir ensemencer environ 30 % des terres agricoles sur les territoires libérés de la rive droite du Dniepr. Ce n'est pas suffisant, mais c'est un début. Pour les autorités de cette région rurale, il faudra au moins 60 ans pour la déminer entièrement.