Vague orange en Thaïlande, l'opposition pro-démocratie en quête d'une coalition

Pita Limjaroenrat à Bangkok, dans son QG de campagne, le 15 mai 2023
Pita Limjaroenrat à Bangkok, dans son QG de campagne, le 15 mai 2023 Tous droits réservés Wason Wanichakorn/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
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Par Euronews avec AFP
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Pita Limjaroenrat, 42 ans, a lancé des négociations en vue de former une coalition pour succéder aux généraux au pouvoir en Thaïlande depuis presque dix ans.

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Le chef de l'opposition en Thaïlande, Pita Limjaroenrat, a revendiqué lundi la victoire du parti progressiste Move Forward, qui a lancé des négociations en vue de former une coalition pour succéder aux généraux au pouvoir depuis presque dix ans.

"Je suis Pita Limjaroenrat, le prochain Premier ministre de la Thaïlande", s'est présenté le jeune candidat de 42 ans, lors d'une conférence de presse à Bangkok.

Associé à la couleur orange, Move Forward ("Aller de l'avant" en anglais) a réalisé une percée historique aux élections législatives de dimanche, avec un programme réformiste dans la lignée des manifestations massives de 2020, qui réclamaient une refonte de la monarchie.

"C'était le bon moment, les gens ont trop subi. (...) Aujourd'hui est un nouveau jour, et j'espère qu'il apportera du soleil et de l'espoir", a lancé, en anglais, cette figure télégénique, diplômé de Harvard.

Mais ses positions jugées radicales, de la réforme du controversé article sur le crime de lèse-majesté à la fin de la conscription obligatoire, risquent de créer des frictions avec l'élite militaro-royaliste qui conserve de l'influence au sein des institutions.

Le rejet, par les jeunes générations, du gouvernement conservateur issu du coup d'Etat de 2014, a nourri un taux de participation record de 75,22%, a confirmé lundi la commission électorale.

Move Forward glane en tout 151 sièges sur 500, selon les dernières estimations, devant Pheu Thai (141 députés), l'autre force de l'opposition.

Le parti de la Nation thaïlandaise unie (UTN) du Premier ministre Prayut Chan-O-Cha navigue loin derrière, avec seulement 36 élus, à une cinquième position qui sonne comme un désaveu cinglant après neuf années au pouvoir.

Lèse-majesté

Les règles électorales complexes, concoctées par l'armée à son avantage, contraignent les partis d'opposition à former une coalition pour accéder au pouvoir.

Pita Limjaroenrat a confirmé qu'il discutait avec son homologue de Pheu Thai, Paetongtarn Shinawatra, sur la base d'une alliance entre six partis.

Les deux partagent le constat d'une économie thaïlandaise défaillante qui a besoin de réformes, mais s'opposent sur plusieurs sujets de société, comme l'article réprimant le crime de lèse-majesté, sur lequel Pheu Thai se montre bien plus prudent.

"Nous sommes prêts à former un gouvernement", a insisté Pita.

Pheu Thai, le parti le plus populaire des deux dernières décennies, n'a pas obtenu le "raz-de-marée électoral" que sa candidate star Paetongtarn Shinawatra (36 ans) a réclamé durant la campagne.

Vainqueur de 32 des 33 sièges en jeu à Bangkok, un score d'une ampleur inattendue, Move Forward s'inscrit dans la dynamique des manifestations pro-démocratie de 2020 qui ont secoué la capitale avant de baisser en intensité sous l'effet de la pandémie et de la répression des autorités.

Pheu Thai garde de son côté le soutien des milieux ruraux du nord et du nord-est, qui ont bénéficié des politiques de redistribution pionnières de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, père de Paetongtarn, au début des années 2000.

Deux partis membres de l'ancienne coalition gouvernementale, Bhumjaithai (71 sièges) et Palang Pracharat (40), peuvent également jouer un rôle d'arbitre dans les négociations qui devraient prendre des semaines, avant la nomination du Premier ministre attendue durant l'été.

Système pro-armée

L'opposition a besoin de 376 sièges sur les 500 de l'Assemblée nationale pour contrebalancer l'influence des 250 sénateurs nommés par l'armée. Il suffit au camp pro-armée de 126 députés pour s'assurer une majorité au vote du Premier ministre, choisi par les deux chambres.

Ce système, jugé partial par les organisations de défense des droits humains, a permis à l'ancien général Prayut (69 ans) de se maintenir au pouvoir en 2019, au prix d'une large coalition englobant une quinzaine de partis.

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Son avenir politique semble incertain après cette défaite.

Son bilan reste terni par une reprise atone après la pandémie, que des économistes attribuent en partie à la structure défaillante d'une économie en manque de réformes.

Les groupes de défense des droits humains l'ont accusé d'avoir mené une répression de grande envergure contre les leaders des manifestations pro-démocratie, en détournant à des fins politiques la loi réprimant le crime de lèse-majesté.

La Thaïlande a connu une douzaine de coups d'Etat depuis la fin de la monarchie absolue en 1932. Les 20 dernières années ont été marquées par une succession de protestations dans les rues, de putschs militaires et de dissolutions de partis en justice.

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