Au Royaume-Uni, le système public de santé NHS au bord du gouffre

Le roi et la reine ont participé au 75e anniversaire de la NHS à la Royal Infirmary of Edinburgh
Le roi et la reine ont participé au 75e anniversaire de la NHS à la Royal Infirmary of Edinburgh Tous droits réservés Jane Barlow/AP
Tous droits réservés Jane Barlow/AP
Par euronews avec agences
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Le Royaume-Uni a célébré ce mercredi le 75e anniversaire de la création du NHS, le National Health Service. Mais le premier système de santé public au monde traverse une crise profonde.

PUBLICITÉ

Le roi et la reine d'Angleterre et la classe politique se sont joints mercredi aux nombreuses célébrations à l'occasion du 75e anniversaire du NHS.

Financé par l'impôt et les cotisations à l'assurance nationale, le NHS reste plébiscité par les Britanniques . Mais il pourrait ne pas survive pas à son 100e anniversaire sans un changement radical de son budget et une forte augmentation des effectifs de son personnel dévoué.

Le National Health Servicea été fondé trois ans après la Seconde Guerre mondiale par un gouvernement travailliste sur le principe que tout le monde devrait avoir accès à des soins de santé de qualité supérieure financés par l'impôt dispensés gratuitement.

Le Premier ministre Rishi Sunak, dont les parents étaient médecin et pharmacien au sein du NHS, a rendu hommage à cette institution la semaine dernière en présentant un plan sur 15 ans visant à recruter des centaines de milliers de nouveaux personnels de santé.

"Pendant chaque minute de chaque jour de ces 75 années, le NHS a été maintenu en activité par les millions de personnes qui ont travaillé pour lui. Au nom d'une nation reconnaissante, je tiens à leur dire : merci", a-t-il déclaré.

À l'instar des parents du Premier ministre, le personnel immigré a joué un rôle essentiel dans la croissance initiale du NHS, contribuant à redessiner le visage du Royaume-Uni dans les décennies qui ont suivi la guerre.

Grèves à répétition

Mais le nouveau plan de recrutement du gouvernement est soumis à une pression sans précédent à la suite de la pandémie quand bien même 12% du budget britannique est consacré aux soins de santé, de loin le principal poste de dépenses du pays.

Démoralisé, médecins et infirmières ont multiplié les grèves ces derniers mois pour obtenir de meilleurs salaires face à une population vieillissante et au manque de moyens du système de santé public.

Sumi Manirajan, vice-présidente du comité des jeunes médecins de la British Medical Association, a accusé le gouvernement conservateur de ne pas valoriser suffisamment les médecins.

"Les médecins quittent le pays, vont à l'étranger, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada, et c'est le public qui est perdant".

"Le gouvernement (les ministres) peut utiliser des soins de santé privés, mais le citoyen ordinaire au Royaume-Uni utilise le NHS, compte sur le NHS."

Dans un rapport publié à l'occasion du 75e anniversaire, l'organisation caritative King's Fund a comparé les systèmes de santé de 19 pays similaires et a constaté que celui du Royaume-Uni était dans un état critique.

L'ONG cite des données montrant que le Royaume-Uni est le plus mauvais élève en termes de taux de mortalité pour les accidents vasculaires cérébraux et le deuxième plus mauvais pour les crises cardiaques.

Le pays a "un nombre étonnamment bas d'infirmières et de médecins par personne par rapport à ses pairs" et quatre fois moins de lits d'hôpitaux et de soins intensifs que l'Allemagne, selon le rapport.

Les sondages d'opinion montrent par ailleurs que les Britanniques sont peu favorables à une réforme radicale telle que le passage à un modèle de financement mixte, où les patients paieraient une partie de leur traitement par l'intermédiaire d'une assurance, comme c'est la norme ailleurs.

Selon l'enquête annuelle British Social Attitudes Survey de l'année dernière, 93 % des plus de 3 000 personnes interrogées estiment que le NHS devrait rester gratuit au moment des soins, sur la base de l'impôt général.

Le NHS est en train d'échouer

Mais l'enquête, qui fait autorité, a également révélé qu'un pourcentage record de 51 % des personnes interrogées n'étaient pas satisfaites de la qualité des soins, en particulier des délais d'attente pour obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste ou un médecin hospitalier.

Le Premier ministre a résisté face aux revendications salariales des médecins alors qu'il s'efforce de maîtriser l'inflation galopante au Royaume-Uni, tout en insistant sur le fait que son gouvernement investit des "sommes record" dans le NHS.

PUBLICITÉ

Mais le service doit être modernisé par une meilleure utilisation de la technologie numérique, y compris l'intelligence artificielle, a-t-il déclaré vendredi.

M. Sunak a affirmé que son plan de main-d'œuvre permettrait au NHS d'être prêt "pour les décennies à venir". Mais certains, en première ligne, émettent un pronostic bien plus sombre.

"À l'heure actuelle, en tant que service public fonctionnel et universel, le NHS est en train d'échouer", a écrit David Oliver, consultant en gériatrie, dans la revue médicale The BMJ.

Il a lancé un avertissement : "Il n'est peut-être pas tout à fait en fin de vie, ni sur le point de se voir retirer son soutien financier ou politique, mais sans une action immédiate et une réflexion à plus long terme, il n'atteindra pas son 85e anniversaire.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

L'aspartame est une cause "possible" de cancer. Quels sont les produits qui contiennent cet édulcorant en Europe ?

Le Royaume-Uni pleure "Captain Tom", héros de la lutte anti-Covid-19

Un mort et quatre blessés après une attaque à l'épée à Londres