L'aspartame est une cause "possible" de cancer. Quels sont les produits qui contiennent cet édulcorant en Europe ?

Les marques de chewing-gum comme Mentos, Hollywood ou Freedent utilisent l'aspartame comme agent édulcorant.
Les marques de chewing-gum comme Mentos, Hollywood ou Freedent utilisent l'aspartame comme agent édulcorant. Tous droits réservés Euronews/Canva
Tous droits réservés Euronews/Canva
Par Camille Bello (adapté de l'anglais)
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Cet article a été initialement publié en anglais

Le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé a classé l'aspartame comme cause "possible" de cancer.

PUBLICITÉ

L'agence du cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que l'aspartame, édulcorant que l'on trouve dans les sodas "light" et dans de nombreux autres aliments, est une cause "possible" de cancer, tandis qu'un autre groupe d'experts examinant les mêmes données a déclaré qu'il considérait toujours que ce substitut du sucre était sans danger en quantités limitées.

Les résultats divergents de ces études tant attendues ont été publiés tôt vendredi. L'une d'elles émane du Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l'OMS chargé d'évaluer le potentiel cancérogène des substances. L'autre a été réalisée par un groupe d'experts sélectionnés par l'OMS et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

L'aspartame rejoint une catégorie comprenant plus de 300 autres agents cancérigènes "possibles", dont la consommation de substances telles que l'extrait d'aloe vera ou encore de légumes marinés.

Le CIRC établit deux autres catégories, à savoir "probablement cancérogène pour l'homme" et "cancérogène pour l'homme". Le tabagisme et la consommation de viande transformée sont tous deux classés comme "cancérogènes pour l'homme". L'acétaldéhyde (provenant de la consommation de boissons alcoolisées) est classé comme "probablement cancérogène pour l'homme".

La décision d'étiqueter l'aspartame fait suite à une mise en garde de l'OMS en mai dernier, selon laquelle les édulcorants artificiels n'aident pas à perdre du poids et peuvent en fait augmenter le risque de diabète, de maladies cardiaques et de décès.

L'année dernière, une vaste étude menée en France a mis en évidence un lien possible entre les édulcorants artificiels et un risque accru de cancer. Les organisations nationales de santé, par exemple au Canada, ont depuis longtemps mis en garde contre la nécessité et l'utilité des substituts du sucre à zéro calorie ou à faible teneur en calories.

Toutefois, en mai dernier, l'OMS a souligné que cette mise en garde était "conditionnelle" en raison de la diversité des participants aux études qui ont servi de base à ses conclusions, ainsi que des habitudes de consommation très complexes des édulcorants sans sucre.

Réaction aux risques potentiels de l'aspartame

L'étude du CIRC sur la sécurité renforce les preuves qui ont été historiquement controversées. "Le CIRC n'est pas un organisme de sécurité alimentaire", contre-attaque Frances Hunt-Wood, secrétaire générale de l'Association internationale des édulcorants, lobby rassemblant les industriels, dans une déclaration anticipant l'examen de juin.

"L'aspartame est l'un des ingrédients qui a fait l'objet des recherches les plus approfondies de l'histoire, avec plus de 90 agences de sécurité alimentaire à travers le monde qui déclarent qu'il est sûr, y compris l'Autorité européenne de sécurité des aliments, qui a mené l'évaluation de sécurité la plus complète de l'aspartame à ce jour".

Cet organisme, qui compte parmi ses membres Mars Wrigley, premier fabricant mondial de chocolat, de chewing-gum, de bonbons à la menthe et de confiseries fruitées, Coca-Cola, ou encore Cargill, s'est déclaré "très préoccupé par l'étude du CIRC, qui risque d'induire les consommateurs en erreur".

L'utilisation de l'aspartame a effectivement été approuvée par les autorités en Europe, aux États-Unis et au Canada, qui ont conclu qu'il pouvait être consommé sans danger dans les limites de la dose journalière acceptable.

Les recommandations de l'OMS ne changent pas

"Nous ne conseillons pas aux consommateurs d'arrêter complètement de consommer (de l'aspartame), mais de faire preuve d'un peu de modération", explique le Dr Francesco Branca, directeur de la nutrition à l'OMS qui ne modifie pas ses recommandations relatives à l'édulcorant.

Les experts des Nations unies qui ont pour la première fois évalué la sécurité de l'aspartame en 1981, ont fixé la limite de consommation journalière de sécurité à 40 milligrammes d'aspartame par kilogramme.

David Spiegelhalter, professeur émérite de statistiques à l'université de Cambridge, a déclaré à l'Associated Press que ces recommandations signifiaient que "les personnes moyennes peuvent boire en toute sécurité jusqu'à 14 canettes de boisson diététique par jour. Même cette "limite journalière acceptable" comporte un important facteur de sécurité intégré".

Est-il préférable de consommer du sucre ?

Les experts ont rapidement souligné que le fait de lier l'aspartame au cancer ne fait pas du sucre une alternative préférable. Par exemple, la surconsommation de sucre peut également contribuer à l'obésité, qui est un facteur de risque important pour le cancer.

En mai, les lignes directrices publiées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déconseillant l'utilisation d'édulcorants non sucrés pour le contrôle du poids ont suscité l'inquiétude des professionnels de la santé.

Tom Sanders, professeur émérite de nutrition et de diététique au King's College de Londres, a reproché à ces directives de ne pas tenir compte de la "situation réelle", en particulier en matière de diététique.

"Parfois, ce que vous essayez de faire, c'est d'amener les gens à contrôler leur poids, c'est-à-dire à réduire leur apport calorique, et il peut être utile, si les gens boivent une boisson sucrée complète, de passer à une boisson à teneur réduite en calories ou à une boisson sans calories", explique-t-il à Euronews Next.

PUBLICITÉ

Tom Sanders souligne que "les substances qui ont des preuves convaincantes (par exemple la viande transformée) ou des preuves probables de cancer (par exemple la viande rouge) devraient être évitées". Mais celles qui se trouvent dans la "catégorie possible" ne méritent probablement pas que l'on s'en préoccupe. "Une action n'est généralement requise que lorsque les preuves sont convaincantes", a-t-il ajouté.

Selon David Klurfeld, expert en nutrition à l'école de santé publique de l'université de l'Indiana à Bloomington, presque toutes les substances peuvent être dangereuses si elles sont consommées en quantités excessives.

"Même des nutriments essentiels comme la vitamine A, le fer et l'eau peuvent vous tuer en quelques heures si vous en consommez trop", conclut David Klurfeld, membre à plusieurs reprises d'un groupe d'experts du CIRC.

Quels sont les produits européens contenant de l'aspartame ?

L'aspartame, largement utilisé depuis les années 1980, est présent dans plus de 6 000 produits dans le monde. Dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, vous pouvez trouver l'aspartame sur les étiquettes des produits. Il est parfois indiqué sous le numéro E, E-951.

Cet édulcorant artificiel produit un goût environ 200 fois plus sucré que le sucre ordinaire. En raison de cet intense pouvoir sucrant, seule une petite quantité est nécessaire pour obtenir le niveau de douceur souhaité dans les aliments et les boissons. Il en résulte moins de calories que le sucre.

PUBLICITÉ

Quels sont les produits dans lesquels l'aspartame est le plus susceptible d'être utilisé en Europe ?

Édulcorants de table

L'aspartame est le plus souvent disponible sous forme d'édulcorants de table, via les marques Canderel, Equal ou encore Hermesetas, qui sont habituellement utilisés comme substituts du sucre dans les boissons chaudes telles que le café et le thé.

Boissons rafraîchissantes diététiques

De nombreuses marques de sodas proposent des versions diététiques, telles que Coca Light, Coca zéro, Pepsi Max, Sprite zéro et Fanta zéro, qui utilisent toutes de l'aspartame pour apporter un goût sucré.

Chewing-gums, bonbons et menthes sans sucre

Les marques de chewing-gum comme Hollywood, Mentos, Freedent et Airwaves sans sucre utilisent l'aspartame comme agent édulcorant.

PUBLICITÉ

Yaourts et desserts hypocaloriques

Certaines marques de yaourts, comme Yoplait, produisent des variétés hypocaloriques qui contiennent de l'aspartame à des fins d'édulcoration.

De même, certains desserts sans sucre ou à teneur réduite en sucre, comme les mousses, peuvent également contenir de l'aspartame.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Au Royaume-Uni, le système public de santé NHS au bord du gouffre

L'Italie adopte une loi autorisant les groupes "pro-vie" à accéder aux cliniques d'avortement

Nestlé : tout ce qu'il faut savoir sur le scandale du sucre ajouté