Paris 2024 : plusieurs villes françaises disent "non" au relais de la flamme olympique pour des raisons de coût

L'actrice grecque Xanthi Georgiou, habillée en grande prêtresse de la Grèce antique, allume la torche olympique sous le regard de la chorégraphe Artemis Ignatiou lors de la remise de la flamme olympique.
L'actrice grecque Xanthi Georgiou, habillée en grande prêtresse de la Grèce antique, allume la torche olympique sous le regard de la chorégraphe Artemis Ignatiou lors de la remise de la flamme olympique. Tous droits réservés AP Photo
Tous droits réservés AP Photo
Par Estelle Nilsson-Julien (adapté de l'anglais)
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Cet article a été initialement publié en anglais

Alors qu'il ne reste plus qu'un an avant l'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, de nombreuses villes françaises refusent d'accueillir le relais de la flamme olympique, évoquant le poids financier d'un tel évènement.

PUBLICITÉ

Les yeux du monde entier se tourneront vers la France et Paris en juillet 2024 lors du lancement des Jeux olympiques d'été. Ces JO s'ouvriront avec une cérémonie sur la Seine qui s'annonce spectaculaire.

Avant cela, la flamme olympique entamera un périple de deux mois à travers le pays, après avoir parcouru la Méditerranée depuis le mont Olympe, en Grèce, jusqu'à la capitale française.

Mais cette tradition olympique est en train de devenir un casse-tête pour les organisateurs, avec des collectivités publiques qui adressent un poli "non merci" à la visite du relais de la flamme olympique, invoquant les coûts élevés qu'elle implique. 

Les départements doivent en effet débourser 150 000 euros hors taxes, soit 180 000 euros au total, aux organisateurs des Jeux. Au moins 10 des 96 départements français de métropole, l'échelon administratif inférieur au niveau régional, ont déjà déclaré qu'ils n'accueilleraient pas la flamme olympique.

Des tensions qui s'exacerbent

Les habitants du département du Rhône, où se trouve la troisième ville du pays, Lyon, n'apercevront pas la flamme. Une source de frustration pour certains. Le département s'est ainsi attiré des critiques pour une décision prétendument prise pour des raisons environnementales. "L'étroitesse d'esprit des écologistes qui confondent la lutte contre le réchauffement climatique avec un puritanisme écologiste qui interdirait toute forme d'esprit festif", cingle un communiqué publié par "Les Jeunes avec Macron", la section du Rhône du mouvement de jeune du parti présidentiel Renaissance.

Ce ne sont pourtant pas les raisons invoquées par le département et la ville. "Demander 180 000 euros à chaque département n'a pas de sens. Certains départements sont plus petits et d'autres moins solides. Il aurait été plus logique que les régions organisent le financement du passage de la flamme, dans un souci d'équité territoriale", avance Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon issu du parti Europe Écologie Les Verts. "Nous aurions bien sûr souhaité accueillir la flamme, mais les conditions économiques exigées par le Comité olympique - 180 000 euros pour une activité qui ne dure qu'une journée - semblent déraisonnables en termes d'action publique", ajoute-t-il.

Priorité au sport local

Christophe Guilloteau, président du conseil départemental du Rhône, s'est aussi prononcé contre l'accueil de la flamme, dès janvier 2022. "À cette dépense s'ajoute le coût des activités qui viendront compléter le relais de la flamme. Le département du Rhône préfère investir dans des événements locaux, et soutenir l'industrie du sport sur notre territoire", explique-t-il à Euronews.

Les départements des Vosges, de la Meurthe-et-Moselle, de l'Indre-et-Loire, du Lot-et-Garonne, de la Creuse, de la Haute-Loire, de la Haute-Vienne, de la Loire-Atlantique, des Côtes-d'Armor et de l'Orne ont tous déclaré qu'ils n'accueilleraient pas la flamme.

"Cette somme est supérieure à mes subventions pour financer les manifestations sportives sur l'ensemble de l'année", explique Ludovic Gouyette, vice-président du département des Côtes-d'Armor, à France Bleu Armorique.

Pourquoi ce coût ?

Le comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, le Cojo, a déclaré qu'une "très grande majorité de départements ont déjà accueilli" la flamme, ajoutant que les 150 000 euros garantissent que la torche traverse "le maximum de territoires" sur son chemin vers Paris. Le Cojo souligne que le relais de la flamme est financé "en grande partie par le comité et ses partenaires", affirmant qu'il aura lieu quoi qu'il arrive.

En janvier 2023, le gouvernement français a annoncé que la part du financement public des jeux passerait à 2,4 milliards d'euros.

Selon une étude d'impact réalisée en 2017 par le Centre de Droit et d'Economie du Sport de Limoges, les Jeux olympiques de Paris 2024 pourraient générer 10,7 milliards d'euros de retombées économiques et créer 250 000 emplois.

Cependant, le coût de l'organisation des Jeux olympiques a explosé ces dernières années. Comme de moins en moins de pays se portent candidats à l'organisation de ce gigantesque événement multisports, le Comité international olympique a appelé à une réforme du processus de sélection de la ville hôte.

Gloires passées

La France a déjà accueilli les Jeux olympiques à cinq reprises, dont deux fois à Paris. Chamonix, située dans le département de la Haute-Savoie, accueillera la flamme : un moment historique puisque la cérémonie aura lieu 100 ans après les Jeux olympiques de Chamonix en 1924.

Au contraire, les villes de Grenoble et d'Albertville qui ont également accueilli les jeux d'hiver en 1992 et 1968, ne renoueront pas avec la gloire passée. Situées dans les départements de la Savoie et de l'Isère, les responsables locaux ont choisi de ne pas accueillir la flamme.

"L'accueil du Tour de France a déjà permis de gagner en visibilité auprès de la population", à "un coût nettement moindre", avance Frédéric Burnier Framboret, maire d'Albertville dans une interview à l'Equipe.

Les organisateurs insistent eux sur le fait que le relais "offrira une occasion unique de mettre en lumière les régions de France, son patrimoine et son savoir-faire... Des villages et des lieux emblématiques bénéficieront de l'attention des Jeux pour se révéler au monde".

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

JO Paris 2024 : des policiers en colère demandent des précisions sur leurs droits

J.O. de Paris : les bouquinistes du bord de Seine disent non à leur délocalisation

La police a évacué un campement de migrants à Paris