Nagorny Karabakh : passe d'armes à l'ONU entre Erevan et Bakou

Passe d'armes ce jeudi devant le Conseil de sécurité des Nations unies
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Par euronews avec agences
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Devant de Conseil de sécurité des Nations unies, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont mutuelles accusés d'être responsables de l'escalade militaire dans le Haut Karabakh qui a fait au moins 200 morts et 400 blessés.

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Alors que les pourparlers se poursuivent entre Bakou et les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh pour une réintégration de ce territoire sécessionniste à l'Azerbaïdjan, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont livré jeudi à une passe d'armes devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Invités à s'adresser au Conseil, réuni d'urgence à la demande de Paris, les ministres arménien et azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan et Djeyhoun Baïramov, se sont mutuellement accusés d'être responsables de la dégradation de la situation dans cette région disputée du Caucase du Sud.

Prenant la parole en premier, le ministre arménien a affirmé qu'il n'y avait pas "deux parties dans ce conflit mais un agresseur et une victime", en accusant Bakou d'avoir lancé une offensive "injustifiée et planifiée" visant à "finaliser le nettoyage ethnique" au Nagorny Karabakh.

Il a également accusé Bakou d'avoir mené des "bombardements intenses, sans discernement et d'utiliser de l'artillerie lourde, y compris le recours prohibé de bombes à sous-munitions".

Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, l'offensive azerbaïdjanaise qui s'est achevée en 24 heures mercredi a fait au moins 200 morts et 400 blessés.

Son homologue azerbaïdjanais a lui dénoncé une "campagne de désinformation" d'Erevan, accusée d'"alimenter et de soutenir les séparatistes" au Nagorny Karabakh, région qui est sous la souveraineté de Bakou, s'en prenant par ailleurs à un Conseil de sécurité "partial".

La France, pour sa part, a exigé de l'Azerbaïdjan qu'il donne des "garanties tangibles" pour ramener la paix au Nagorny Karabakh deux jours après l'offensive éclair de Bakou contre les séparatistes arméniens.

"Si l'Azerbaïdjan est réellement désireux de parvenir à une solution pacifique et négociée, il doit dès à présent fournir des garanties tangibles", a affirmé la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna.

Elle a appelé Bakou à "s'engager de bonne foi dans les discussions en excluant tout recours à la force (...) et en acceptant que ce dialogue porte sur les droits et garanties de la population" du Nagorny Karabakh.

Paris, tout comme Washington, a vivement condamné l'offensive éclair de l'Azerbaïdjan dans cette région disputée depuis des décennies avec l'Arménie. L'opération a abouti à une capitulation des séparatistes arméniens et à l'instauration d'un cessez-le-feu.

La Russie a dit jeudi avoir enregistré cinq violations de ce cessez-le-feu.

La ministre française a également exigé que Bakou "assure l'amnistie aux forces qui ont accepté le cessez-le-feu" et rétablisse "sans délai et sans condition la circulation par le corridor de Latchine" permettant l'entrée d'aide humanitaire.

"Il doit enfin accepter une présence internationale humanitaire. C'est indispensable alors que l'hiver approche", a-t-elle dit en ajoutant : "Sans ces garanties, il ne pourra pas y avoir de solution".

"L'Azerbaïdjan a essayé de créer un fait accompli par la force", a déploré de son côté l'Allemande Annalena Baerbock, tandis que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé les deux parties "à reprendre les négociations sur tous les sujets encore en suspens en vue de conclure un traité de paix".

Manifestations à Erevan

Tandis que se poursuivent les négociations entre les séparatistes arméniens et l'Azerbaïdjan, à Erevan, la capitale de l'Arménie, des milliers de manifestants étaient de nouveau rassemblés devant le bureau du Premier ministre. Ces derniers dénonçant un risque de "génocide" au Karabakh.

"Nous devons sauver les enfants du Karabakh du génocide!", pouvait-on lire sur une banderole, parmi de nombreux drapeaux arméniens agités par les manifestants.

La capitulation des séparatistes a fait monter la pression sur le Premier ministre arménien, accusé de ne pas les avoir aidés. Toutefois, ce dernier a exhorté jeudi les Arméniens à emprunter "le chemin" de la paix, même s'il n'est "pas facile".

Le succès militaire des Azerbaïdjanais nourrit les craintes d'un départ massif des 120 000 habitants de cette enclave, bien que l'Arménie a promis qu'aucune évacuation de masse n'était prévue.

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Elle est cependant préparée pour accueillir "40 000 familles" de réfugiés, a assuré jeudi le Premier ministre arménien.

Le Haut Karabakh, majoritairement peuplé d'Arméniens, a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6 500 morts).

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