Comment expliquer qu'Israël n'ait pas vu venir l'attaque du Hamas ?

Plus de 2 000 roquettes ont été tirées sur Israël depuis la bande de Gaza dans la matinée du samedi 7 octobre 2023\.
Plus de 2 000 roquettes ont été tirées sur Israël depuis la bande de Gaza dans la matinée du samedi 7 octobre 2023\. Tous droits réservés AP
Tous droits réservés AP
Par Aylin Elci
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Cet article a été initialement publié en turc

Selon Jean-Loup Samaan, expert français en relations internationales, le gouvernement israélien a commis une "grosse erreur" en sous-estimant le Hamas.

PUBLICITÉ

Alors que le débat fait rage sur la manière dont les attaques du Hamas contre Israël ont pu être aussi coordonnées, des experts soulignent que l'organisation accumule des munitions depuis des années.

S'adressant à Euronews Turquie, Jean-Loup Samaan, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI) et auteur du livre "Les nouvelles stratégies militaires dans le Golfe", souligne que la portée des roquettes utilisées par le Hamas dans ses attaques depuis 2008 est de plus en plus importante.

Selon Jean-Loup Samaan, Israël ne savait pas que le Hamas était capable de mener une attaque aussi "sophistiquée".

Selon certaines informations, l'Égypte aurait informé Israël à l'avance de l'attaque, mais les médias israéliens ont cité Benjamin Netanyahou, qui a déclaré qu'Israël n'avait reçu aucun avertissement de la part de l'Égypte.

"Il y a eu quatre conflits à Gaza depuis 2008, chacun avec la même issue, et Benjamin Netanyahou pensait que l'armée israélienne pouvait maintenir le statu quo à Gaza", explique Jean-Loup Samaan, suggérant que le gouvernement israélien s'était peut-être trompé.

Jean-Loup Samaan, expert français en relations internationales, attribue l'erreur d'Israël à deux facteurs principaux.

Selon lui, le premier facteur est l'hypothèse du gouvernement israélien selon laquelle le Hamas agirait davantage comme un gouvernement responsable que comme une "organisation terroriste" à Gaza.

Le second est qu'Israël a réduit ses défenses à Gaza, se concentrant ces dernières années sur la Cisjordanie, en particulier sur le camp de Jénine.

Jean-Loup Samaan pense que Benjamin Netanyahou a "commis l'une des plus grosses erreurs du pays" en sous-estimant le Hamas. Il s'est également exprimé sur la déclaration du Premier ministre israélien selon laquelle "nous allons changer le Moyen-Orient", et précise_"qu'il s'agit de la rhétorique d'_un chef de gouvernement qui parle à une population meurtrie, qui a besoin d'entendre un leader de guerre."

"Il est trop tard pour éviter l'escalade de la violence à Gaza", affirme Jean-Loup Samaan, ajoutant qu'il n'est pas encore certain que la situation au Liban devienne incontrôlable.

"En ce qui concerne l'Iran, on a eu des déclarations du côté israélien et américain, quand il y avait les premières spéculations sur une implication iranienne, qui disait à ce stade qu'il n'y a pas de preuves concrètes", assure Jean-Loup Samaan.

Il précise encore que des puissances telles que l'Égypte et le Qatar, qui entretiennent toujours des relations avec le Hamas, pourraient jouer un rôle de médiateur et fait remarquer que le contexte actuel pourrait également être une opportunité pour le président Erdoğan :

"Les Saoudiens ou les Émiratis qui veulent jouer un rôle de médiateur ont une relation beaucoup plus compliquée avec le Hamas et le Qatar reste donc un acteur clé, que cela nous plaise ou non."

"Pourautant que je sache, il n'y a pas eu de médiation turque dans les précédents conflits entre Gaza et Israël, mais je pense que les Israéliens préféreraient une médiation turque plutôt qu'une médiation qatarie", ajoute-t-il. 

Les répercussions européennes du conflit Israël - Hamas

Le chercheur français souligne que l'attitude actuelle de certains pays occidentaux, qui ont soutenu fermement Israël, pourrait changer en fonction des effets de l'opération israélienne à Gaza.

" Chaque fois qu'il y a un conflit entre Israël et les Palestiniens, on voit toujours ce reflet en France", indique Jean-Loup Samaan en parlant d'"Intifada Française" et ajoutant qu'il est difficile d'éviter les répercussions dans les pays où vivent des communautés juives et musulmanes.

"Plus le conflit durera, plus les attaques à Gaza seront intenses, plus je pense que les répercussions en France seront importantes. Cette guerre ne sera pas différente des conflits précédents, si ce n'est qu'elle entraînera d'importantes pertes humaines", conclut l'expert français.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Israël : massacres dans les Kibboutz, les survivants racontent l'horreur

Israéliens dans la rue pour réclamer l'accord sur les otages et démission de Netanyahou

Gaza : la crise alimentaire s'aggrave, menace de « famine généralisée »