Bélarus : élections étroitement contrôlées, l'opposition appelle au boycott

Alexandre Lukashenko en déplacement à la commission électorale, dimanche 25 février 2024.
Alexandre Lukashenko en déplacement à la commission électorale, dimanche 25 février 2024. Tous droits réservés AP/Belarusian Presidential Press Service
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Par euronews avec AP
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Les électeurs du Bélarus étaient appelés aux urnes ce dimanche pour des élections législatives et locales sous étroite surveillance. Seuls les partis autorisés ont pu présenter des candidats. Une "farce insensée" dénoncée par l'opposition qui a appelé au boycott.

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C'est dans un contexte très éloigné des standards démocratiques que se déroulaient ce dimanche les élections législatives et locales au Bélarus.

La plupart des candidats autorisés à se présenter appartenaient aux quatre partis officiellement enregistrés : Belaya Rus, le Parti communiste, le Parti libéral-démocrate et le Parti du travail et de la justice. Tous étant des soutiens de la politique du président Alexandre Loukachenko qui dirige le pays d'une main de fer depuis trois décennies. 

Une douzaine d’autres partis issus de l'opposition se sont vu quant à eux refuser l’enregistrement l’année dernière.

La chef de l’opposition bélarusse, Sviatlana Tsikhanouskaya, en exil en Lituanie voisine, après avoir défié Loukachenko à l’élection présidentielle de 2020, a exhorté les électeurs à boycotter les élections.

"Il n’y a personne sur le bulletin de vote qui serait prêt à proposer de réels changements parce que le régime n’a autorisé que la participation de marionnettes qui lui conviennent", a déclaré Tsikhanouskaya dans une déclaration vidéo. "Nous appelons au boycott de cette farce insensée, à ignorer cette élection sans choix."

Le président bélarusse, après avoir annoncé dimanche qu'il se présenterait à nouveau à la présidence l'année prochaine, accusé l'Occident d'essayer d'utiliser le vote pour saper son gouvernement et "déstabiliser" son pays de 9,5 millions d'habitants. 

Le scrutin de dimanche était la première élection depuis le vote controversé de 2020 qui avait permis la réélection d'Alexandre Loukachenko pour un sixième mandat. Les manipulations dénoncées par l'opposition avaient déclenché une vague de manifestations de masse sans précédent suivie d'une vaste répression avec plus de 35 000 arrestations. Des milliers de personnes ont été battues pendant leur garde à vue et des centaines de médias indépendants et d'organisations non gouvernementales ont été fermées et interdites.

Loukachenko s’est appuyé sur les subventions et le soutien politique de son principal allié, la Russie, pour survivre aux manifestations. Il a autorisé Moscou à utiliser le territoire bélarusse pour envoyer des troupes en Ukraine en février 2022.

L'opposition affirme que le scrutin anticipé qui a débuté mardi constitue un terrain fertile pour la manipulation du vote, les urnes n'étant pas protégées pendant cinq jours.

Les responsables électoraux ont déclaré dimanche que plus de 40 % des électeurs du pays avaient voté lors du vote anticipé, de mardi à samedi. Le taux de participation s'élevait à 43,64 % dimanche à 9 heures du matin, une heure après l'ouverture officielle du scrutin, selon la Commission électorale centrale.

S’exprimant lors de la réunion de mardi avec de hauts responsables biélorusses chargés de l’application des lois, Loukachenko a affirmé, sans fournir de preuves, que les pays occidentaux envisageaient d’organiser un coup d’État dans le pays ou de tenter de prendre le pouvoir par la force. Il a ordonné à la police de renforcer ses patrouilles armées à travers le pays, déclarant que "c’est l’élément le plus important pour garantir l’ordre public".

Après le vote, la Biélorussie devrait former un nouvel organe d'État : l'Assemblée populaire panbélarusse de 1 200 sièges qui comprendra de hauts fonctionnaires, des législateurs locaux, des membres de syndicats, des militants pro-gouvernementaux et d'autres membres. Il disposera de pouvoirs étendus, notamment celui d'examiner des amendements constitutionnels et de nommer les fonctionnaires électoraux et les juges.

Signe supplémentaire du renfermement du pays, le Bélarus a refusé pour la première fois d’inviter des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe à surveiller les élections.Depuis 1995, pas une seule élection en Biélorussie n’a été reconnue comme libre et équitable par l’OSCE.

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