Euroviews. Tribune : "Pour le Bélarus, le chemin vers l'Europe passe par Strasbourg"

Des partisans de l'opposition brandissent un drapeau rouge et blanc lors d'un rassemblement dans le centre de Minsk, en août 2020.
Des partisans de l'opposition brandissent un drapeau rouge et blanc lors d'un rassemblement dans le centre de Minsk, en août 2020. Tous droits réservés AP Photo/Euronews
Tous droits réservés AP Photo/Euronews
Par Sviatlana Tsikhanouskaya, Marija Pejčinović Burić
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de leur auteur et ne représentent en aucun cas le positionnement éditorial d’Euronews.
Cet article a été initialement publié en anglais

La lutte contre l'autocratie est le principal défi de l'Europe aujourd'hui. Nous devons défendre les valeurs qui nous définissent, écrivent Sviatlana Tsikhanouskaya et Marija Pejčinović Burić.

PUBLICITÉ

Le parcours de l'Europe depuis plus de trois quarts de siècle reflète une vision formulée par l'un de ses pères fondateurs, Robert Schuman : "L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes, créant d'abord une solidarité de fait".

Comme Robert Schuman l’avait prédit, l’Europe a évolué étape par étape, chaque réalisation améliorant profondément la vie de ses citoyens.

Cette Europe en évolution transcende les définitions géographiques et forme une communauté attachée aux droits humains, à la démocratie et à l’État de droit. Ces valeurs, prônées par le Conseil de l’Europe, la principale organisation de défense des droits humains, de l’État de droit et de la démocratie sur notre continent, sont précisément ce pour quoi de nombreux Bélarusses se battent courageusement aujourd’hui.

Pour le peuple bélarusse, la voie vers l’Europe passe par Strasbourg. Le Conseil de l’Europe sera la clé de l’avenir démocratique du pays.

L'artiste Ales Pushkin brandit un drapeau rouge et blanc devant un barrage de police lors d'une manifestation à Minsk, août 2020.
L'artiste Ales Pushkin brandit un drapeau rouge et blanc devant un barrage de police lors d'une manifestation à Minsk, août 2020.AP Photo

Bien que le Bélarus n’ait jamais été l’un de ses États membres, cela n’a pas empêché le Conseil de l’Europe de s’employer à rapprocher ce pays des valeurs européennes. Les relations et la coopération officielles qui avaient été mises en place ont toutefois pris fin brutalement après le déclenchement de l’agression à grande échelle de l’Ukraine par la Russie. 

En 2022, après avoir rompu tout lien avec le régime de Minsk, le Conseil de l’Europe a créé un groupe de contact avec les forces démocratiques et la société civile du Bélarus, une initiative pionnière dont d’autres organisations s’inspirent aujourd’hui. 

Jamais auparavant il n’avait ouvert une telle coopération avec les forces démocratiques d’un pays sans entretenir de relations avec son gouvernement officiel.

Cette démarche audacieuse met en évidence le caractère extraordinaire de la période actuelle et le travail essentiel qui doit être accompli pour soutenir les aspirations démocratiques du Bélarus.

Abattre les barrières à la démocratie

Pour les courageux citoyens du Bélarus, confrontés aux difficultés de la répression et de la lutte pour une société démocratique, l’importance du rôle et de l’objectif du Conseil de l’Europe ne saurait être surestimée. L’expérience de l’Organisation en matière de soutien à la transition démocratique des pays européens et de suivi de ces processus jalonne la voie à suivre pour le Bélarus.

En outre, cette plateforme de dialogue donne aux Bélarusses la possibilité de prendre part à un débat plus large au niveau européen sur la démocratie et les droits humains. Cet aspect est déterminant pour un peuple isolé depuis longtemps en raison des agissements du régime actuel.

Nous voulons voir tomber les obstacles à la démocratie dressés par le régime de Loukashenka.

Pour l’avenir, nous devons œuvrer en faveur de réformes d’une importance fondamentale, dont l’abolition de la peine de mort, qui sera cruciale pour que le Bélarus se mette en conformité avec les normes européennes et qui constituera un tournant symbolique vers une société plus humaine et plus juste.
Alexandre Loukachenko prononce un discours lors d'un défilé militaire à Minsk, en mai 2020
Alexandre Loukachenko prononce un discours lors d'un défilé militaire à Minsk, en mai 2020Belarusian Presidential Press Service via AP

Cela implique de soutenir la société civile et les médias indépendants, y compris les journalistes en exil, d’aider les prisonniers politiques et leurs familles et d’apporter une expertise dans les processus de réforme des systèmes juridiques et politiques. 

La plateforme du Conseil de l’Europe pour la sécurité des journalistes continue, par l’intermédiaire de ses organisations partenaires, de surveiller la situation au Bélarus. Son rapport annuel publié hier confirme que le Bélarus détient le triste record du nombre de journalistes en détention (38 fin 2023).

Pour l’avenir, nous devons œuvrer en faveur de réformes d’une importance fondamentale, dont l’abolition de la peine de mort, qui sera cruciale pour que le Bélarus se mette en conformité avec les normes européennes et qui constituera un tournant symbolique vers une société plus humaine et plus juste.

Le groupe de contact a récemment adopté un plan d’action prévoyant 15 activités ciblées. Il ne s’agit pas d’ambitions abstraites, mais de mesures applicables immédiatement pour obtenir des résultats concrets. Ensemble, nous semons les graines d’un véritable changement.

L'Europe ne s'est pas construite en un jour

Il est important de noter que, dans ce contexte, les Bélarusses qui partagent ces convictions sont considérés comme des partenaires prêts à contribuer à un avenir commun. 

Ils apportent non seulement leur volonté de s’investir dans la conduite de réformes démocratiques, mais aussi leur expertise dans des domaines essentiels pour l’avenir de l’Europe, tels que la réglementation de l’intelligence artificielle et la durabilité environnementale.

Le chemin vers cet avenir démocratique, intégré à la communauté européenne et, en fin de compte, à ses institutions, nécessitera du courage, de la résilience et de la solidarité au niveau international. Mais cette destination est bien la bonne pour le peuple bélarussien.
La police anti-émeute bélarusse bloque les manifestants lors d'un rassemblement de l'opposition à Minsk, en novembre 2020
La police anti-émeute bélarusse bloque les manifestants lors d'un rassemblement de l'opposition à Minsk, en novembre 2020AP Photo

Le meilleur avenir que l’on puisse espérer pour le Bélarus est véritablement européen, caractérisé par un engagement en faveur des valeurs qui définissent notre continent moderne et axé sur la Convention européenne des droits de l’homme, qui reste notre norme de référence. 

PUBLICITÉ

Le chemin vers cet avenir démocratique, intégré à la communauté européenne et, en fin de compte, à ses institutions, nécessitera du courage, de la résilience et de la solidarité au niveau international. 

Mais cette destination est bien la bonne pour le peuple bélarusse. Il y trouvera la stabilité, la prospérité et la liberté auxquelles il aspire à bon droit.

Nous y parviendrons ensemble, pas à pas. L’Europe, pas plus que Rome, ne s’est faite en un jour. Nous avançons, jour après jour, en défendant les valeurs qui nous définissent en tant que communauté constituée autour des droits humains, de l’État de droit et de la démocratie

Sviatlana Tsikhanouskaya est la dirigeante de l'opposition biélorusse en exil, et Marija Pejčinović Burić est la Secrétaire générale du Conseil de l'Europe.

Chez Euronews, nous pensons que tous les points de vue comptent. Contactez-nous à l'adresse view@euronews.com pour envoyer des pitchs ou des soumissions et faire partie de la conversation.

PUBLICITÉ
Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Bélarus : élections étroitement contrôlées, l'opposition appelle au boycott

Biélorussie : un opposant politique meurt en prison

Le Bélarus accusé d'envoyer des enfants ukrainiens s'entraîner avec son armée