Joseph Aoun, le nouveau président du Liban a chargé Nawaf Salam de former le prochain gouvernement.
Le nouveau président du Liban, Joseph Aoun, a nommé Nawaf Salam, éminent diplomate et président de la Cour internationale de justice (CIJ) basée à La Haye, au poste de Premier ministre du Liban.
M. Salam a été chargé de former le nouveau gouvernement libanais après avoir été nommé premier ministre par un grand nombre de législateurs lundi, une décision qui a apparemment irrité le Hezbollah chiite et ses alliés.
La nomination de M. Salam a été faite par des groupes soutenus par l'Occident ainsi que par des indépendants au sein du parlement libanais. M. Salam bénéficie du soutien de l'Arabie saoudite et de pays occidentaux. Les législateurs du Hezbollah se sont abstenus de nommer un candidat au poste de Premier ministre.
Le président français Emmanuel Macron dans un tweet a félicité M. Salam dès l'annonce de sa nomination.
Une lueur d'espoir
L'arrivée de Nawaf Salam est considérée par beaucoup comme une lueur d'espoir après les 14 mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, qui ont fait au moins 4 000 morts et près de 20 000 blessés.
La guerre a également causé des destructions massives dans tout le pays, principalement dans le sud, mais aussi dans la capitale Beyrouth. Les dégâts sont estimés à des centaines de millions d'euros.
La guerre s'est temporairement arrêtée à la fin du mois de novembre, lorsqu'une trêve de 60 jours est entrée en vigueur sous l'égide des États-Unis.
Peu après que M. Salam a obtenu le soutien de la majorité des législateurs libanais, les gens ont fêté sa nomination dans les rues de Beyrouth avec des feux d'artifice, espérant que sa nomination et l'élection de Joseph Aoun à la présidence la semaine dernière permettraient de débloquer des milliards d'euros d'investissements et de prêts de la part des donateurs étrangers, soulageant ainsi la grave crise économique qui sévit dans le pays depuis des années.
Ni M. Aoun ni M. Salam ne sont considérés comme faisant partie de la classe politique du pays, accusée de corruption généralisée et de mauvaise gestion au cours des dernières décennies.
Tensions avec le Hezbollah
Ces dernières années, le Hezbollah a empêché à plusieurs reprises M. Salam de devenir Premier ministre, le qualifiant de candidat soutenu par les États-Unis.
"Nous verrons leurs actions lorsqu'il s'agira de forcer les occupants à quitter notre pays, de ramener les prisonniers, de reconstruire et d'appliquer la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah, " a déclaré Mohammed Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, après sa rencontre avec M. Aoun.
M. Raad a ajouté que le Hezbollah avait tendu la main la semaine dernière en élisant M. Aoun et qu'il espérait rencontrer une main tendue de la part de l'autre partie, "mais cette main a été coupée".
Quelle est la suite du processus ?
Après une journée de consultations entre M. Aoun et les législateurs, M. Salam a obtenu le soutien de 84 députés, tandis que le Premier ministre sortant, M. Najib Mikati, a obtenu neuf voix. Trente-quatre législateurs sur les 128 membres de la législature se sont abstenus.
Le Premier ministre intérimaire Najib Mikati a félicité M. Salam peu après la publication des résultats et lui a souhaité bonne chance dans ses nouvelles fonctions.
M. Salam devrait être de retour au Liban maintenant qu'il est Premier ministre désigné. Une réunion est prévue mardi au palais présidentiel de Beyrouth entre M. Aoun, M. Salam et le président du Parlement, Nabih Berri, afin de lancer officiellement le processus de formation d'un nouveau cabinet.
Il n'a pas été précisé dans l'immédiat si M. Salam envisageait de démissionner de son poste de président de la CIJ.
Sa nomination intervient après plus de deux ans pendant lesquels le Liban a été dirigé par un gouvernement intérimaire dirigé par Najib Mikati.
M. Salam a une tâche difficile à accomplir à la suite de la trêve avec Israël, qui a provoqué des destructions massives dans le pays méditerranéen. L'objectif premier sera de reconstruire les dégâts et d'entamer le processus de guérison.
Nawaf devra également s'efforcer de sortir ce petit pays de moins de six millions d'habitants, dont environ un million ont été déplacés pendant la guerre, de la crise économique qui dure depuis cinq ans et qui a paralysé la population ainsi que les infrastructures et les services du pays.
Qui est Nawaf Salam ?
Nawaf Salam, qui est âgé de 71 ans, est membre d'une importante famille musulmane sunnite de Beyrouth. Son oncle, Saeb Salam, a été l'un des dirigeants du pays qui a lutté pour l'indépendance vis-à-vis de la France et a ensuite été Premier ministre pendant plusieurs mandats. Le cousin de M. Salam, Tammam Salam, a également été premier ministre pendant deux ans en 2014.
M. Salam est titulaire d'un doctorat en sciences politiques de l'université Sciences Po, ainsi que d'un doctorat en histoire de l'université de la Sorbonne. Il est également titulaire d'un master en droit de la Harvard Law School. M. Salam a travaillé dans un grand nombre d'universités en tant que conférencier dans divers domaines.
En 2007, il a été nommé Ambassadeur du Liban auprès des Nations unies, poste qu'il a occupé pendant dix ans. En 2018, M. Salam a été élu juge à la CIJ et, en février de l'année dernière, il a été élu président de la plus haute juridiction de l'ONU, devenant ainsi le premier citoyen libanais à occuper ce poste.