Newsletter Newsletters Events Évènements Podcasts Vidéos Africanews
Loader
Suivez-nous
Publicité

Des pourparlers de paix ? L'Ukraine et la Russie ont déjà essayé de négocier, mais cela n'a pas trop marché

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy examine le site d'une récente bataille à Bucha, près de Kiev, Ukraine, lundi 4 avril 2022.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy examine le site d'une récente bataille à Bucha, près de Kiev, Ukraine, lundi 4 avril 2022. Tous droits réservés  AP Photo
Tous droits réservés AP Photo
Par Sasha Vakulina
Publié le Mis à jour
Partager cet article Discussion
Partager cet article Close Button

Lorsque Volodymyr Zelensky a déclaré mardi qu'il était prêt à négocier avec Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre. Mais ce n'est pas la première fois que le dirigeant ukrainien a essayé de ngocier.

PUBLICITÉ

C'était il y a bientôt trois ans. Le 28 février 2022 précisément. Soit quatre jours seulement après le début de l'invasion massive de l'Ukraine par les forces de Moscou.

Alors que des milliers d'Ukrainiens fuyaient le pays et que l'armée russe avançait à grand pas vers Kyiv, des responsables ukrainiens et russes se sont rencontrés pour la toute première fois pour tenter de mettre fin à la guerre.

Les délégations se sont vues à la frontière avec le Bélarus, principal allié de Moscou, via la "médiation" du dirigeant bélarusse Alexander Lukashenko.

"Nous avions convenu que la délégation ukrainienne rencontrerait la délégation russe sans conditions préalables à la frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie, près de la rivière Pripyat", se souvient Volodymyr Zelensky. Kyiv demanda alors un cessez-le-feu immédiat et le retrait des forces russes. A cette époque, Moscou n'avait pas révélé son objectif dans la négociation. Autre certitude : Zelenskyy et Poutine n'avaient pas participé en personne aux négociations.

Au total, trois cycles de négociations en face-à-face auront lieu au Bélarus. À cette date, les forces russes occupaient déjà les villes autour de la capitale ukrainienne et commençaient leurs atrocités présumées contre la population d'Hostomel, d'Irpin et de Boutcha.

Lorsque finalement les forces de Moscou ont été repoussées hors de la région de Kyiv, certaines des preuves photographiques et vidéo les plus flagrantes de la brutalité russe en Ukraine sont apparues au grand jour, jetant le trouble sur le début du processus de négociation.

Lors d'une visite à Boutcha au début du mois d'avril 2022, où des corps de civils ont été retrouvés dans les rues, ligotés et abattus à bout portant par les troupes russes avant leur retrait, Volodymyr Zelensky déclara : "C'est un véritable génocide, ce que vous avez vu ici".

Pour autant, et alors que Kyiv commençaient à instruire des enquêtes sur les crimes de guerre, après la découverte de premiers charniers et de chambres de torture russes, le président ukrainien assura que les pourparlers de paix se poursuivraient avec Moscou "parce que l'Ukraine doit avoir la paix".

"Nous sommes en Europe au XXIe siècle. Nous poursuivrons nos efforts diplomatiques et militaires", avait-il souligné tout en admettant qu'il était "très difficile de parler quand on voit ce qu'ils ont fait ici".

L'Ukraine interdit les discussions avec Poutine

Quelques mois plus tard, en septembre 2022, Vladimir Poutine annonce l'annexion illégale de quatre territoires ukrainiens- les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et de Kherson devenus "territoires russes".

C'est cet événement qui a précipité la fin des négociations avec Moscou, selon une décision du Conseil national de sécurité et de défense (CDSN) de l'Ukraine qui a interdit toute négociation directe avec Vladimir Poutine. Une interdiction qui est toujours en vigueur aujourd'hui.

En janvier dernier, le président Zelensky a expliqué que cette interdiction avait été introduite pour mettre un terme au séparatisme, car "les Russes tentaient de faire pression sur l'Ukraine par le biais de nombreux couloirs différents que l'Ukraine ne pouvait pas contrôler".

"En ce qui concerne la question de savoir si nous pouvons parler (avec Poutine) ou non (et) la décision du Conseil national de sécurité et de défense, pourquoi ai-je signé ce décret ? Parce que Poutine avait commencé très rapidement à établir un grand nombre de canaux différents, en collaboration avec des séparatistes et des fonctionnaires d'autres États, afin d'influencer l'Ukraine, notre indépendance et moi-même directement", a ainsi expliqué le président.

"Il y avait beaucoup de conversations et de couloirs politiques obscurs. J'ai rapidement mis un terme à tout cela. J'ai simplement mis fin au séparatisme dans notre pays en interdisant à quiconque - à toute personnalité politique ukrainienne - de mener des négociations avec la partie russe, avec les partisans de Poutine, pendant la guerre", a-t-il conclu.

La décision indique que le CDSN a décidé de "déclarer l'impossibilité de tenir des pourparlers avec le dirigeant russe Vladimir Poutine". Elle ne précisait pas qui était interdit d'entretien mais M. Zelensky avait ensuite souligné qu'il était le seul à pouvoir négocier : "Je suis le président de l'Ukraine, je mène toutes les négociations et j'ai interdit à tous les autres de le faire."

Les autorités russes ont alors critiqué à plusieurs reprises cette décision et demandé qu'elle soit reconsidérée.

Poutine a d'ailleurs récemment utilisé cet argument pour rejeter la responsabilité sur l'Ukraine, affirmant que Zelensky n'avait pas le droit de signer des accords de paix et faisant référence au décret du président ukrainien interdisant les négociations avec le dirigeant russe en réponse à l'annexion par Moscou de quatre régions ukrainiennes.

Pas d'accord du type "Minsk 3"

Si les négociations précédentes se sont faite sans eux, Zelensky et Poutine se sont pourtant déjà rencontrés à la table des négociations. C'était en décembre 2019 à Paris avec les dirigeants français et allemand de l'époque.

Le sommet dit "Format Normandie" dans la capitale française était censé trouver un moyen de mettre fin à ce qui était alors cinq ans de combats dans l'est de l'Ukraine et de débloquer le processus de paix de Minsk, un ensemble de pourparlers qui ont abouti à deux accords distincts censés être juridiquement contraignants.

Emmanuel Macron, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky au sommet de Paris en décembre 2019.
Emmanuel Macron, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky au sommet de Paris en décembre 2019. Alexei Nikolsky/Copyright 2019 The AP. All rights reserved

En septembre 2014, dans le protocole de Minsk (Minsk I), la Russie s'était notamment engagée à retirer les groupes armés illégaux et les équipements militaires de l'Ukraine.

L'accord de Minsk II (Minsk II) de février 2015 promettait le retrait de toutes les forces armées étrangères et des mercenaires sous la supervision de l'OSCE, ainsi que le désarmement des groupes illégaux.

Or Moscou n'a pas tenu ces promesses et s'est lancée dans une invasion à grande échelle de l'Ukraine, deux ans après le sommet à Paris.

Le président ukrainien a répété à plusieurs reprises que Kyiv avait besoin de garanties de sécurité solides, et non d'"accords conjoncturels".

Volodymyr Zelensky a rappelé ceci : "Je me souviens de tout ce qui s'est passé dès que je suis devenu président. Il y avait l'accord de Minsk, il y avait une ligne de contact, et des gens mouraient le long de cette ligne tous les jours".

Et de conclure : "nous n'irons certainement pas vers un Minsk-3".

Accéder aux raccourcis d'accessibilité
Partager cet article Discussion

À découvrir également

Le chef du Pentagone douche les espoirs ukrainiens quant au retour aux frontières d'avant 2014 et à l'adhésion à l'OTAN

Volodymyr Zelensky prêt à discuter directement avec Vladimir Poutine

Zelensky et Fico évoquent une "coopération pragmatique" lors de leur première réunion bilatérale