La Thaïlande avait annoncé mercredi la fermeture des points de passage avec le Cambodge dans ses provinces du nord-est et l'abaissement "au plus bas niveau" de ses relations diplomatiques avec son voisin, après de vives tensions à la frontière contestée entre les deux pays.
De nouveaux affrontements ont éclaté jeudi, vers 8 heures du matin (heure locale), entre les armées thaïlandaises et cambodgiennes, à la frontière contestée entre ces deux pays d'Asie du Sud-Est.
Les deux parties s'accusent mutuellement d'avoir initié les tirs, qui se sont produits à proximité de vieux temples dans la région de la province thaïlandaise de Surin et de celle cambodgienne d’Oddar Meanchey.
Bangkok affirme par ailleurs que trois civils thaïlandais ont été blessés par un tir de roquette de l'armée cambodgienne.
Les relations "au plus bas" entre les deux pays rivaux
La Thaïlande avait annoncé mercredi qu'elle fermait plusieurs points de passage avec le Cambodge et qu'elle abaissait "au plus bas niveau" ses relations diplomatiques avec son voisin, après qu'un soldat thaïlandais a perdu une jambe dans l'explosion d'une mine antipersonnel.
Selon un communiqué de l'armée thaïlandaise, cinq soldats ont été blessés mercredi lorsque l'un d'entre eux a marché sur une mine dans une zone frontalière.
L'incident a suscité une réaction rapide du gouvernement thaïlandais, le Premier ministre par intérim Phumtham Wechayachai déclarant que le ministère des Affaires étrangères adresserait une protestation officielle au Cambodge et que d'autres mesures seraient envisagées.
L'incident de mercredi est survenu une semaine après que trois autres soldats thaïlandais ont été blessés après avoir marché sur une mine antipersonnel dans une autre partie de la frontière, qui comporte plusieurs petites zones revendiquées par les deux pays.
Les autorités thaïlandaises affirment que les mines ont été récemment posées le long de chemins qui, d'un commun accord, étaient censés être sûrs. Elles ont affirmé que les mines étaient de fabrication russe et qu'elles n'étaient pas du type utilisé par l'armée thaïlandaise.
Le communiqué de l'armée demande au Cambodge "d'assumer la responsabilité de cet incident, qui constitue une menace sérieuse pour la paix et la stabilité dans la région frontalière entre les deux pays".
Le Cambodge a rejeté la version thaïlandaise des événements en la qualifiant d'"accusations sans fondement" et a nié avoir posé de nouvelles mines le long de la frontière.
Conflit frontalier de longue date
De nombreuses mines et autres munitions non explosées subsistent dans cette région, un héritage de la guerre civile et des troubles qui ont débuté en 1970 et ne se sont terminés qu'en 1998.
Depuis la fin des combats, près de 20 000 Cambodgiens ont été tués et environ 45 000 blessés par les restes d'explosifs de guerre.
Le porte-parole du ministère de la Défense, le lieutenant général Maly Socheata, a affirmé que l'explosion de la mine avait eu lieu en territoire cambodgien et a accusé la Thaïlande d'avoir violé un accord conclu en 2000 "concernant l'utilisation des chemins convenus pour les patrouilles".
Plusieurs postes de contrôle frontaliers avaient déjà été fermés par l'un ou l'autre pays à la suite d'une confrontation armée le 28 mai dans l'une des nombreuses petites zones frontalières contestées, qui avait causé la mort d'un soldat cambodgien.
Les efforts pour désamorcer la situation ont été entravés par l'inimitié historique entre les deux nations.
L'ancienne Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra a été suspendue de ses fonctions le mois dernier après avoir fait un commentaire désobligeant sur l'armée de son pays lors d'un appel téléphonique avec l'ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen, qui a divulgué un enregistrement de la conversation.