Ce jeudi, Donald Trump a accueilli les dirigeants du Kazakhstan, de l'Ouzbékistan, du Kirghizstan, du Tadjikistan et du Turkménistan afin de diversifier l'approvisionnement de Washington en minerais essentiels à la production de haute technologie.
Donald Trump lorgne sur l'Asie centrale et le fait savoir. Ce jeudi 6 novembre, à la Maison Blanche, le président états-unien a accueilli les dirigeants de l'Ouzbékistan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et du Turkménistan.
Lors de ce sommet appelé C5+1, il a intensifié ses efforts pour acquérir des terres rares, nécessaires à la production d'appareils de haute technologie, comme les smartphones, les voitures électriques et les avions de chasse.
"Ces nations abritaient autrefois l'ancienne route de la soie qui reliait l'Est et l'Ouest", a-t-il déclaré, tout en critiquant ses prédécesseurs, qui ont, selon lui, "complètement négligé cette région". "Je comprends l'importance de cette région, beaucoup de gens ne le savent pas", a-t-il ajouté.
L'Asie centrale possède d'importantes réserves de terres rares et produit environ la moitié de l'uranium mondial, qui est essentiel à la production d'énergie nucléaire. Mais la région a besoin d'investissements supplémentaires pour développer davantage ses ressources.
"Ces dernières semaines, mon administration a renforcé la sécurité économique des États-Unis en concluant des accords avec des alliés et des amis à travers le monde pour élargir nos chaînes d'approvisionnement en minéraux essentiels", a souligné Donald Trump.
"Nous passons tellement de temps à nous concentrer sur les crises et les problèmes - et ils méritent notre attention - que parfois nous ne passons pas assez de temps à nous concentrer sur de nouvelles opportunités passionnantes", a déclaré, de son côté, le secrétaire d'État américain Marco Rubio. "Et c'est ce qui existe aujourd'hui : une nouvelle opportunité passionnante dans laquelle les intérêts nationaux de nos pays respectifs sont alignés", a-t-il ajouté.
L'Ouzbékistan souhaite renforcer ses liens avec les États-Unis
Avant le sommet, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev a rencontré son homologue américain Donald Trump pour discuter des moyens de renforcer le partenariat stratégique entre les États-Unis et l'Ouzbékistan, d'intensifier le dialogue politique et d'élargir la coopération commerciale et économique, en matière d'investissements et dans le domaine culturel et humanitaire.
Les deux parties ont souligné l'importance de la mise en œuvre des accords conclus lors de leur précédente rencontre à New York, en septembre, en marge de la 80e semaine de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies.
Au cours de cette nouvelle réunion, le président Shavkat Mirziyoyev a proposé une dizaine d'initiatives clés, comme la mise en place d'un secrétariat permanent pour assurer une coordination continue entre les pays membres et la création d'un conseil de coordination sur l'investissement et le commerce pour renforcer les liens économiques.
Il a également suggéré le lancement du Fonds de partenariat pour l'investissement en Asie centrale pour attirer et gérer des investissements conjoints dans des projets clés.
Le président ouzbek a ensuite proposé de construire de meilleures infrastructures de transport, de communication et d'énergie entre la région et l'Europe, et de créer un comité spécial chargé de superviser l'exploration, l'extraction et le traitement des minerais essentiels.
Il a assuré que des efforts supplémentaires étaient nécessaires pour moderniser la technologie agricole de la région grâce à l'innovation américaine. Il souhaite enfin promouvoir le patrimoine culturel ouzbek dans les principaux musées américains.
"Je suis convaincu que l'expérience et la technologie américaines avancées, combinées aux ressources humaines qualifiées, à la capacité industrielle et au potentiel de ressources de la région, peuvent produire des résultats concluants dans un avenir très proche", a déclaré Sherzod Asadov, secrétaire de presse du président de l'Ouzbékistan.
Donald Trump a annoncé, sur son réseau Truth Social, que le pays d'Asie centrale était prêt à augmenter considérablement ses investissements aux États-Unis dans le cadre d'un accord qu'il a qualifié d'"incroyable".
Selon le président républicain, l'Ouzbékistan prévoit d'acheter et d'investir près de 35 milliards de dollars (30,3 milliards d'euros) au cours des trois prochaines années, et plus de 100 milliards de dollars (86,6 milliards d'euros) au cours de la prochaine décennie, dans des secteurs américains clés tels que les minéraux essentiels, l'aviation, l'automobile, les infrastructures, l'agriculture, l'énergie et la technologie.
Il a également exprimé sa gratitude à Shavkat Mirziyoyev, qu'il a qualifié de "très respecté", et a déclaré qu'il se réjouissait à l'idée d'un partenariat long et productif entre les deux nations. Sur l'invitation de son homologue, il devrait se rendre, dans le futur, en Ouzbékistan pour une visite officielle.
Au Kazakhstan, un gisement record de tungstène
Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, a également participé aux négociations visant à renforcer les liens entre son pays et Washington. Il en a profité pour conclure plusieurs accords avec son homologue états-unien, allant de la création de co-entreprises à l'augmentation des investissements.
Les États-Unis et le Kazakhstan ont convenu de se lancer ensemble dans une entreprise d'exploration de l'un des plus grands gisements de tungstène non exploités au monde : le Katpar du Nord et le Kairakty supérieur.
Le groupe américain Cove Kaz Capital Group devrait acquérir une participation de 70 % dans un projet commun avec la société minière publique du Kazakhstan, Tau-Ken Samruk, afin de développer l'un des plus grands gisements de tungstène inexploités au monde.
L'entreprise, évaluée à 1,1 milliard de dollars (952 millions d'euros), a reçu une lettre d'intérêt de la part de la banque américaine Export-Import Bank pour un financement à hauteur de 900 millions de dollars (779 millions d'euros). L'accord a été signé en marge du sommet C5+1, entre Nariman Absametov, directeur de Tau-Ken Samruk, et Pini Althaus, PDG de Cove Capital.
Le projet est en phase préparatoire et les travaux devraient commencer dans un avenir proche pour mettre au jour des gisements estimés à environ 410 000 tonnes de tungstène, ce qui donnera un coup de fouet à l'industrie minière locale.
Kassym-Jomart Tokayev a qualifié sa visite à Washington et ses entretiens avec Donald Trump de "productifs" et a réaffirmé l'engagement de son pays à renforcer davantage son partenariat stratégique avec les États-Unis dans les années et les décennies à venir.
Boeing, accords d'Abraham et numérique
Le sommet a également débouché sur un accord permettant aux États-Unis de vendre jusqu'à 37 avions Boeing aux compagnies aériennes nationales du Kazakhstan, du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan, qui comptent parmi les acteurs les plus en vue dans le secteur de l'aviation commerciale de la région.
Le président kazakh a également annoncé son soutien à Donald Trump, qu'il a qualifié de "président de la paix", et a engagé son pays dans les accords d'Abraham de 2020, qui ont normalisé les liens entre Israël et plusieurs pays arabes.
"En adhérant aux accords d'Abraham, le Kazakhstan entend contribuer à surmonter la confrontation, à promouvoir le dialogue et à faire respecter le droit international fondé sur la charte des Nations unies", indique un communiqué du service de presse de la présidence. "Cette décision n'affecte pas les engagements bilatéraux du Kazakhstan avec quelque État que ce soit et représente une continuation naturelle de la diplomatie multisectorielle du pays visant à promouvoir la paix et la sécurité", est-il ajouté.
La réunion a également débouché sur des accords visant à renforcer la collaboration dans l'espace numérique. Le propriétaire de l'Alatau City Bank du Kazakhstan, Vyacheslav Kim, a signé un accord d'une valeur de 300 millions de dollars (260 millions d'euros) avec DDH (entreprise états-unienne dans l’exploitation minière numérique), facilité par le ministère kazakh de l'IA et du développement numérique. Le but est de renforcer le partenariat dans le domaine de l'exploitation minière numérique et de moderniser l'infrastructure énergétique et informatique.