Le Parlement européen examine actuellement une pétition demandant l'interdiction de la fourrure. Si cette pétition est une bonne nouvelle pour le bien-être des animaux, certains s'inquiètent des conséquences économiques, l'UE étant l'un des principaux producteurs et vendeurs de fourrure.
L'initiative citoyenne européenne "Fur Free Europe" demande l'interdiction de l'élevage et de la vente de fourrure dans toute l'Union européenne.
Elle a recueilli plus de 1,5 million de signatures dans 18 États membres et sera présentée jeudi au Parlement européen par les Commissions du marché intérieur et de la protection des consommateurs (IMCO) et de l'agriculture et du développement rural.
Les représentants de l'industrie de la fourrure sont consternés de ne pas avoir été consultés à ce sujet.
"Nous sommes extrêmement déçus qu'un débat sur l'avenir du secteur se déroule sans aucun équilibre", affirme Mark Oaten, directeur général de la Fédération internationale de la fourrure, à Euronews.
L'interdiction quasi-totale de la fourrure dans l'UE entraînerait la fermeture de milliers d'élevages et obligerait de nombreux fabricants de vêtements à opter pour des collections sans fourrure ou en fausse fourrure.
Bien que la pétition soit positive pour le bien-être des animaux, certains s'inquiètent de ses éventuelles répercussions économiques, étant donné que l'UE occupe une place importante sur le marché mondial de la fourrure. Ces craintes sont-elles fondées ?
Quelle est l'importance de l'industrie européenne de la fourrure ?
L'Union européenne est le deuxième producteur mondial de fourrure, derrière la Chine.
En 2021, les exportations de fourrure de l'UE représentaient 107,8 millions d'euros, selon plusieurs organisations de protection des animaux.
Le secteur représente environ 100 000 emplois, répartis entre l'élevage, la production et la vente de produits à base de fourrure.
Mais la production de fourrure dans l'UE est déjà en forte baisse.
À ce jour, 14 États membres ont interdit l'élevage d'animaux à fourrure et de nombreux autres ont mis en place des lois strictes pour garantir le bien-être des animaux, ralentissant de facto la production de fourrure.
"Ce que je dirais aux défenseurs du bien-être animal, c'est que nous respectons absolument leur droit de s'opposer à la fourrure, mais qu'ils doivent respecter les droits des consommateurs et des éleveurs à acheter de la fourrure et à pouvoir pratiquer l'élevage", indique Mark Oaten. "Il s'agit de protéger les moyens de subsistance des gens. C'est une question de choix".
L'industrie est-elle condamnée à disparaître ?
Les derniers chiffres indiquent un avenir plutôt pessimiste pour l'industrie : en seulement deux ans, la production de fourrure a été réduite de plus de moitié, alors qu'elle est en déclin depuis une dizaine d'années.
Selon la Fur Free Alliance, la production de fourrure de vison représentait 18 millions de peaux en 2020 dans l'Union européenne, contre 7,5 millions l'année dernière. Il en va de même pour la fourrure de renard, avec 700 000 peaux produites en 2022, contre 1,2 million en 2020.
La baisse de la demande est attribuée à la campagne de sensibilisation des groupes de protection des animaux, ainsi qu'à l'effet de la pandémie de COVID-19 qui a accru la méfiance à l'égard de la transmission de maladies de l'animal à l'homme.
Le Danemark, grand producteur européen de fourrure de vison, a décidé d'abattre environ 15 millions d'animaux pour prévenir la transmission des variants du COVID-19.
Les défenseurs des droits des animaux peuvent être assurés que l'industrie européenne de la fourrure n'est pas la seule à décliner.
La Chine, premier producteur mondial de fourrure, et le Canada, dont la production de fourrure est ancrée dans les traditions du pays, ont également vu leur industrie se contracter rapidement ces dernières années.
Après l'introduction de la pétition interdisant la fourrure jeudi, les membres du Parlement européen devraient débattre de l'interdiction le 19 octobre, en tenant compte à la fois des conséquences pour l'industrie européenne de la fourrure et du bien-être des animaux.