Le président chypriote a demandé à un "pays tiers" anonyme de l'aider à enquêter sur les oligarques qui se seraient soustraits aux sanctions contre la Russie.
Le président chypriote, Nikos Christodoulides, a révélé, dans un entretien avec l'Associated Press, lundi, qu'il avait personnellement contacté un "pays tiers" anonyme pour demander de l'aide dans l'enquête sur les allégations concernant des prestataires de services financiers chypriotes.
Une enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) révèle que ces prestataires de services financiers chypriotes ont aidé des oligarques russes à dissimuler leur patrimoine, alors qu'ils étaient sur le point d'être frappés par sanctions internationales.
Le président, Nikos Christodoulides, a souligné son engagement à faire en sorte qu'il n'y ait "absolument aucune ombre" sur Chypre, soulignant l'impact potentiel sur les efforts du pays pour attirer des investissements étrangers de qualité.
Le président chypriote a révélé que de multiples enquêtes sur des allégations de contournement de sanctions sont actuellement en cours, bien que des détails spécifiques n'aient pas été fournis.
La demande d'assistance a été acceptée et une équipe d'experts étrangers va collaborer avec sept enquêteurs de police pour examiner des rapports de la presse, anciens et nouveaux.
Ces rapports affirment que des avocats et des comptables basés à Chypre ont facilité les mouvements de fonds d'oligarques russes, à travers un réseau complexe de sociétés et de trusts, afin de contourner les sanctions liées au conflit russe en Ukraine.
Le Consortium international des journalistes d'investigation a publié plusieurs articles la semaine dernière, citant des documents ayant fait l'objet d'une fuite et censés révéler l'implication de sociétés chypriotes dans l'aide apportée aux oligarques russes pour contourner les sanctions.
Tolérance zéro pour la corruption
Le président, Nikos Christodoulides, a précisé que les experts étrangers contribueraient non seulement à améliorer le processus d'enquête, mais aussi à l'accélérer afin de démontrer la "tolérance zéro à l'égard de la corruption" de Chypre.
Cette mesure vise à renforcer la confiance des citoyens dans le système judiciaire et à protéger la réputation du pays.
Un aspect essentiel de la stratégie du président pour restaurer l'image de Chypre implique la mise en place d'une Autorité de surveillance unique - un organe indépendant composé d'experts en criminalité financière chargé de lutter contre les malversations financières et l'évasion des sanctions.
Un projet de loi pour cette initiative a été préparé pour être débattu et approuvé par le Parlement.
Tenter de se refaire une image pour attirer les investissements privés
Afin de renforcer l'unité de la police chargée de la lutte contre la criminalité financière, le président chypriote a annoncé son intention d'embaucher des experts supplémentaires ayant une formation juridique ou comptable.
Il a défendu les efforts déployés par Chypre pour réformer son secteur bancaire depuis la crise financière de 2013, reconnaissant qu'il fallait du temps pour redorer le blason du pays en tant qu'opportunité d'investissement de premier plan.
Le président a exprimé sa position ferme contre toute allégation ternissant le nom de Chypre, soulignant leur impact négatif sur l'attraction des investissements privés.
Malgré les difficultés, Nikos Christodoulides a noté que des pays du Moyen-Orient élargi ont manifesté leur intérêt pour l'investissement à Chypre, en particulier dans les domaines de l'énergie, des services de santé, de l'éducation et des technologies de l'information.
Dans la même interview, le président chypriote a abordé la proposition d'un corridor humanitaire vers Gaza et a révélé que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, informerait bientôt le gouvernement chypriote de son nouveau choix d'un envoyé chargé de reprendre les pourparlers sur la réunification du pays, qui sont dans l'impasse depuis 2017.