Amazon condamné pour surveillance "excessivement intrusive" de ses travailleurs en France

Un homme marche à l'entrée d'Amazon, à Douai, dans le nord de la France, jeudi 16 avril 2020.
Un homme marche à l'entrée d'Amazon, à Douai, dans le nord de la France, jeudi 16 avril 2020. Tous droits réservés Michel Spingler/Copyright 2020 The AP. All rights reserved
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Par Doloresz Katanich
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Cet article a été initialement publié en anglais

La CNIL, l'organisme français de surveillance de la protection des données, a estimé que les pratiques du géant de la technologie violaient les droits des travailleurs et a infligé à Amazon une lourde amende de 32 millions d'euros.

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Amazon France Logistique, qui gère les entrepôts de l'entreprise en France, a mis en place "un système excessivement intrusif de surveillance de l'activité et de la performance des employés", déclare la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).

Ce constat fait suite à une enquête ouverte en 2019 après une plainte de salariés relayée par les médias.

La CNIL a condamné l'entreprise à une amende de 32 millions d'euros, soit l'équivalent d'environ 3 % de son chiffre d'affaires annuel, qui a atteint 1,1 milliard d'euros en 2021. Amazon France Logistique emploie environ 20 000 personnes en France.

Une pratique qualifiée d'illégale

L'organisme avance que la branche française d'Amazon a installé des scanners pour surveiller ses travailleurs, afin de documenter en temps réel le temps nécessaire à l'exécution de certaines tâches.

Cela signifie que, dans certaines situations, les employés surveillés par les scanners doivent potentiellement justifier les pauses qu'ils prennent.

Un autre mode de surveillance consiste à examiner le temps que les travailleurs mettent à contrôler la qualité des articles, l'objectif étant fixé à une fenêtre minimale de 1,25 seconde.

Si le temps alloué est inférieur à ce seuil, Amazon considère que le contrôle est insuffisant.

L'organisme de surveillance a également constaté que les pratiques d'Amazon seraient contraires au règlement général sur la protection des données (RGPD) de l'Union européenne, qui impose aux entreprises des règles strictes en matière d'obtention du consentement sur l'utilisation des informations personnelles.

La CNIL a estimé qu'il était excessif qu'Amazon conserve toutes les données collectées par le système pour tous les employés et travailleurs temporaires pendant une période de 31 jours.

Amazon se réserve le droit de faire appel

Réagissant à la décision, l'entreprise américaine a déclaré dans un communiqué qu'elle était "en profond désaccord avec les conclusions de la CNIL, qui sont factuellement incorrectes", ajoutant qu'elle se réservait le droit de faire appel de cette décision.

Amazon fait valoir que l'utilisation de systèmes de gestion d'entrepôts était une pratique courante dans le secteur et que ses systèmes étaient conformes aux réglementations européennes et françaises en vigueur.

Le géant de la technologie ajoute qu'il avait travaillé de manière constructive avec la CNIL tout au long de la procédure pour répondre aux questions soulevées.

Le géant de la technologie est connu pour ses normes strictes dans le monde du commerce électronique, demandant à ses employés de livrer les colis en 24 heures.

Amazon affirme qu'une telle efficacité serait impossible sans l'utilisation des scanners, car l'entreprise doit transporter des dizaines de milliers d'articles en permanence tout en garantissant des normes de qualité exigeantes.

Ce n'est pas la première fois qu'Amazon est confronté à des réactions négatives en France. En 2020, le géant de la technologie avait temporairement suspendu toutes ses activités dans le pays après qu'un tribunal français a estimé qu'il ne faisait pas assez pour protéger ses travailleurs contre le Covid-19.

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