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JO de Paris 2024 : la capitale française risque-t-elle l'endettement ?

Les athlètes descendent la Seine en bateau à Paris, France, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été de 2024, le vendredi 26 juillet 2024.
Les athlètes descendent la Seine en bateau à Paris, France, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été de 2024, le vendredi 26 juillet 2024. Tous droits réservés Ebrahim Noroozi/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Ebrahim Noroozi/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
Par Savannah Avery
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Cet article a été initialement publié en anglais

Les villes hôtes des JO dépensent souvent des milliards pour des infrastructures "nécessaires" à l'organisation de l'événement. Cet été, Paris accueille les Jeux d'été pour la troisième fois. Si le comité d'organisation assure que les dépenses sont sous contrôle, est-ce vraiment le cas ?

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Tous les quatre ans, les villes hôtes des Jeux olympiques font confiance au budget alloué par le Comité international olympique (CIO) et le Comité d'organisation des Jeux (COJO). Cependant, certains pays organisateurs des JO se sont retrouvés près de l'endettement suite aux dépenses engagées pour accueillir le plus grand événement sportif du monde.

Budgets olympiques

Pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, la quasi-totalité (96 %) du budget provient du secteur privé, du CIO, des entreprises partenaires, de la billetterie des jeux et des licences.

4,38 milliards d'euros ont été engagés pour l'organisation de Paris 2024, et le CIO a couvert 400 millions d'euros supplémentaires, y compris les coûts des opérations de radiodiffusion des épreuves. Cela signifie que les Jeux de Paris devraient coûter moins cher que les précédents, selon le site web olympique.

Les partenariats, l'allocation du CIO et la billetterie sont les trois sources principales de financement des JO de Paris 2024

Le budget de l'organisation des Jeux, qui comprend l'organisation des compétitions, l'exploitation des sites, la main-d'œuvre, la technologie et les transports, est presque entièrement financé par le secteur privé, avec une contribution importante du CIO.

Selon le CIO, un budget est également prévu pour les infrastructures sportives. Celui-ci est financé soit par le secteur public, soit par le secteur privé, en fonction de ce qui existe déjà dans la ville et de ce qu'elle souhaite réaliser après les Jeux olympiques.

Certains hôtes utilisent également les Jeux comme catalyseur pour améliorer des infrastructures qui n'ont pas d'incidence directe sur l'accueil des Jeux.

Des enjeux financiers énormes

Il a fallu des décennies à certaines villes hôtes de JO pour se remettre de leurs dettes.

Montréal s'est endetté de plusieurs milliards de dollars pour accueillir les Jeux d'été en 1976. La ville canadienne n'a retrouvé sa stabilité financière qu'en 2006.

En Grèce - le pays qui a vu naître les Jeux olympiques - la crise de la dette a éclaté en 2009 et certains affirment que les Jeux d'été de 2004 ont fait basculer le pays vers la faillite.

Des résidents français regardent la cérémonie d'ouverture des JO depuis leurs fenêtres.
Des résidents français regardent la cérémonie d'ouverture des JO depuis leurs fenêtres.Lindsey Wasson/The AP.

Selon James McBride et Melissa Manno du Council on Foreign Relations (CFR), la quasi-totalité des installations construites pour les Jeux olympiques d'Athènes de 2004 sont aujourd'hui à l'abandon.

Le Comité international olympique conteste cependant l'impact des JO sur la dette grecque. Un document transmis à Euronews par le CIO, intitulé "Seconde analyse, mesures et perceptions erronées des dépassements de coûts aux Jeux olympiques", affirme que : "Le coût des Jeux olympiques représente moins de 0,28% du PIB (grec) ; il est donc clair que les Jeux ne peuvent pas provoquer une grave crise économique nationale".

Le CIO déclare à Euronews : "Les améliorations apportées à la planification urbaine, combinées à la visibilité mondiale donnée à la ville pendant les Jeux, ont entraîné une croissance considérable du tourisme après les Jeux : en 2003, la Grèce a enregistré 12 millions de visites touristiques, tandis qu'en 2015, la Banque de Grèce a fait état d'environ 23,5 millions de visiteurs dans le pays".

Les Jeux olympiques comme catalyseur

Pour l'organisation des JO d'hiver de Sotchi, en 2014, le budget initial était d'environ 9,5 milliards d'euros, mais le coût final s'est élevé à près de 47 milliards d'euros, ce qui en a fait les Jeux olympiques les plus chers de l'histoire.

Le CIO explique que les médias ont surévalué ce chiffre parce qu'il inclut des projets qui n'étaient pas nécessaires pour les Jeux. Ceux-ci ont servi de catalyseur pour redessiner le système de transport et l'infrastructure urbaine dans l'espoir de créer une destination de villégiature ouverte toute l'année.

La Russie s'était pourtant engagée à payer les coûts par l'intermédiaire d'investisseurs privés richissimes afin d'alléger le fardeau de l'État, mais dès l'année suivante, au moins deux oligarques se sont débarrassés de leurs actifs aux dépens de l'État, obligeant les contribuables russes à payer la facture, selon l'agence AP.

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Le CIO a opposé cette information à un rapport de PriceWaterhouseCoopers qu'il a commandé et qui indique que l'investissement dans le COJO et les sites sportifs n'a été que d'environ 11,2 milliards d'euros.

L'effet Paris

Dans le passé, une grande partie du budget olympique a été allouée à la construction des infrastructures nécessaires telles que le village olympique, des sites suffisamment grands pour les cérémonies d'ouverture et de clôture, les installations sportives et les logements.

Pour Paris 2024, le COJO voulait organiser des Jeux plus respectueux de l'environnement et limiter les dépenses excessives.

Le CIO a introduit en 2014 une série de réformes pour l'Agenda olympique 2020. La première recommandation était la suivante : "Le CIO doit promouvoir activement l'utilisation maximale des installations existantes et l'utilisation de sites temporaires et démontables. Le CIO autorise, pour les Jeux olympiques, l'organisation de sports ou de disciplines entières en dehors de la ville hôte ou, dans des cas exceptionnels, en dehors du pays hôte, notamment pour des raisons géographiques et de durabilité".

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Lorsque Paris a été élue pour accueillir les Jeux olympiques de 2024, elle est devenue le porte-étendard de ces recommandations, selon le CIO. Afin de réduire les risques d'endettement et de respecter les objectifs de durabilité, 95 % des installations sont existantes ou temporaires cette année.

La foule se rassemble avant la cérémonie d'ouverture.
La foule se rassemble avant la cérémonie d'ouverture.Andrew Medichini/The AP

Paris utilise certains sites emblématiques pour accueillir les compétitions : le volley-ball sous la Tour Eiffel, l'équitation et le pentathlon au château de Versailles, ainsi que des stades existants, Roland Garros pour le tennis et le Stade de France pour le football.

Un seul site a été construit pour les Jeux, le Centre aquatique. Après les JO, il deviendra un centre sportif communautaire en Seine-Saint-Denis. L'Adidas Arena est une autre installation nouvellement construite qui n'a pas été conçue spécifiquement pour les Jeux olympiques.

Le village olympique représente une dépense inévitable dans l'organisation des JO. Cette année, il s'étend sur trois villes - Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine et L'Île-Saint-Denis - et sera transformé en quartiers et en espaces de bureaux après les Jeux.

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L'attente

Tant que les Jeux ne seront pas terminés, il sera difficile d'évaluer avec précision les résultats financiers pour Paris.

S'adressant à Euronews, le CIO se montre confiant : "En tant que premiers Jeux olympiques planifiés et organisés dans le cadre de l'Agenda olympique 2020, Paris 2024 démontre l'impact positif des réformes ambitieuses du CIO et de la capacité des organisateurs français à adapter les Jeux aux besoins de leurs hôtes et à l'époque dans laquelle nous vivons".

"Bien que confronté à un contexte mondial difficile au cours de son cycle de vie de sept ans, le Comité d'organisation a réussi à maintenir un budget équilibré avec la quasi-totalité des dépenses couvertes par des revenus privés et des augmentations inférieures au taux d'inflation pour la période. Il en va de même pour le budget de la SOLIDEO consacré aux travaux d'infrastructure, qui est financé à 60 % par des fonds privés".

"Ajoutez à cela un effet de levier estimé à 3 € d'impact économique pour chaque euro d'investissement public, ce qui donne quelque 9 milliards d'euros de retombées économiques nettes. Ces dernières produisent à leur tour 5,3 milliards d'euros de recettes fiscales. C'est une nouvelle preuve que les Jeux peuvent apporter des avantages économiques substantiels à leurs hôtes, tout en étant socialement et écologiquement responsables", ajoute le CIO.

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Le président du comité des Jeux olympiques de Paris, Tony Estanguet, a déclaré lors d'une conférence de presse tenue une semaine avant le début des Jeux que le comité avait dépensé 4,5 milliards d'euros, soit 220 millions de plus que le budget prévu.

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