Le géant des biotechnologies fait face à plus de 67 000 poursuites aux États-Unis, accusant l’herbicide Roundup de provoquer le cancer, ce que Bayer conteste.
Les actions Bayer ont gagné plus de 9 % lors des échanges de mardi matin à Francfort, après un signe de soutien du gouvernement américain.
Sur fond d’années de batailles judiciaires autour de la sécurité du produit, l’administration Trump a exhorté la Cour suprême des États-Unis à examiner un recours de Bayer concernant son désherbant Roundup.
Le groupe allemand tente actuellement de faire annuler environ 67 000 actions en justice aux États-Unis, fondées sur l’affirmation que le désherbant provoque le cancer, ce que Bayer conteste. Le produit contient du glyphosate, un ingrédient jugé « probablement cancérogène pour l’homme » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
D. John Sauer, avocat du gouvernement, a indiqué dans un mémoire lundi que la Cour suprême devrait accepter d’examiner la contestation par Bayer d’un verdict de jury de 1,25 million de dollars (1,09 million d’euros) prononcé dans le Missouri.
Fin 2023, la justice du Missouri a estimé que Bayer devait verser des dommages et intérêts au plaignant John Durnell, qui soutenait que son diagnostic de lymphome non hodgkinien était lié à son exposition au Roundup. Les avocats de Durnell affirmaient que l’entreprise n’avait pas averti les consommateurs des risques du produit.
Le recours de Bayer repose sur l’argument selon lequel, dans ces affaires, le droit fédéral doit primer sur le droit des États. Sauer a appelé la Cour suprême à clarifier cette ambiguïté, ajoutant que confirmer le verdict du Missouri reviendrait à saper l’autorité de l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA).
« L’EPA a à plusieurs reprises conclu que le glyphosate n’est probablement pas cancérogène pour l’homme, et l’agence a approuvé à maintes reprises des étiquettes de Roundup qui ne comportaient pas d’avertissements sur le cancer », a déclaré Sauer dans le mémoire.
La Cour suprême avait sollicité l’avis de Sauer en juin de cette année sur la question de savoir si le droit fédéral devait l’emporter sur le droit des États.
Dans un communiqué distinct, le directeur général de Bayer, Bill Anderson, a déclaré : « Le soutien du gouvernement américain est une étape importante et une bonne nouvelle pour les agriculteurs américains, qui ont besoin de clarté réglementaire. »
Il a ajouté : « L’enjeu ne saurait être plus élevé, car la mauvaise application du droit fédéral compromet la disponibilité d’outils innovants pour les agriculteurs et les investissements dans l’économie américaine au sens large. »
La Cour suprême devrait décider formellement d’ici janvier si elle se saisit de l’affaire.
Bayer a acquis Roundup lors du rachat de la société agrochimique Monsanto en 2018. En 2022, le groupe a commencé à remplacer la version grand public de Roundup par une formule sans glyphosate, même s’il a déjà versé plus de 10 milliards de dollars (8,62 milliards d’euros) pour couvrir des jugements et des accords amiables liés au produit.
Le mémoire de Sauer s’inscrit aussi dans le contexte du mouvement « Make America Healthy Again » (MAHA), dirigé par le secrétaire à la Santé des États-Unis, Robert F. Kennedy Jr.
Cette stratégie controversée, souvent à rebours des avis scientifiques, repose sur l’idée que les États-Unis sont en proie à une épidémie sanitaire, liée en partie aux mauvaises décisions des institutions de santé publique, à la corruption au sein de l’industrie pharmaceutique et à la surmédicalisation.
Bien que le président américain Donald Trump et Robert F. Kennedy Jr. se soient engagés pendant la campagne à réduire l’usage de pesticides dangereux, l’EPA accélère en réalité les homologations de pesticides, ce qui crée des tensions au sein du camp MAHA.