Operalia : Adela Zaharia et Levy Sekgapane remportent la 25e édition

Operalia : Adela Zaharia et Levy Sekgapane remportent la 25e édition
Par Anne Glémarec

En 25 ans, Plácido Domingo l’a rendu incontournable. Operalia, le concours de chant international qui débusque chaque été les stars de l’opéra de demain, s’est déroulé fin juillet à Astana, capitale du Kazakhstan.

Une opportunité comme nulle autre pour les chanteurs lyriques de 18 à 32 ans qui aspirent à une carrière internationale. Des centaines envoient leur enregistrement chaque année aux organisateurs. Seuls quarante sont retenus pour la dernière ligne droite. Ceux qui passent le cap de la demi-finale ont la chance d‘être coachés par Plácido Domingo lui-même, qui dirige l’orchestre lors de la finale en public.

Légende vivante, le chanteur préside le jury mais ne vote pas. Les juges ont, selon lui, fait encore une fois des choix pertinents. “Je suis très fier de cette édition,“ confie-t-il, “et je suis très heureux de célébrer les 25 ans d’Operalia – nos noces d’argent ! J’espère que moi-même, tant que je le peux, et après moi, ma famille – mes enfants, mes petits-enfants – ferons perdurer ce concours.

Une semaine exaltante

Véritable révélation de cette édition, la soprano roumaine Adela Zaharia a remporté le premier prix pour son interprétation bouleversante de “Il dolce suono”, extrait de Lucia di Lammermoor de Donizetti. Elle a aussi convaincu le jury dans la catégorie Zarzuela, l’opérette espagnole qui a bercé l’enfance de Plácido Domingo, en chantant “Me llaman la primorosa”, tiré de El barbero de Sevilla, de Nieto y Giménez.

C’est un moment d’euphorie au terme d’une semaine incroyable et aussi exaltante – des moments intéressants mais aussi beaucoup de travail, de pression, de stress !“ nous dit-elle avant de gagner le gala organisé en l’honneur des lauréats. La jeune femme de 29 ans, actuellement engagée par l’opéra de Düsseldorf, ne s’attendait pas à figurer au nombre des gagnants.

Faire partie des 40 finalistes du concours est déjà énorme. Je n’avais jamais fait de concours jusqu‘à présent et je voulais connaître exactement mon niveau par rapport aux autres chanteurs et aux exigences des grandes maisons d’opéra et des scènes qui comptent.

Le parrain de l’opéra

Chez les hommes, c’est le ténor Sud-Africain Levy Sekgapane qui a conquis le jury avec un extrait de Don Pasquale de Donizetti, “Povero Ernesto”. Le jeune homme de 26 ans est un habitué des compétitions, où il s’est à chaque fois distingué. “J’ai fait la plupart des concours – Belvédère, Montserrat Caballé et autres – et je sentais que quelque chose manquait à mon développement lyrique. Je me suis dit : il faut que je fasse Operalia. Je veux rencontrer Maestro Domingo, je veux travailler avec lui. Il est le parrain de l’opéra, du monde de l’opéra !“ explique celui qui travaille actuellement à l’opéra de Münich et rêve de se produire outre-Atlantique. Il est la première voix masculine sud-africaine à remporter le premier prix d’Operalia, marchant ainsi sur les traces de la soprano sud-africaine Pretty Yende, lauréate 2011 à Moscou.

Et c’est un autre ténor, l’Italien Marco Ciaponi, qui a obtenu le prix de Zarzuela pour son interprétation de “Flores Purisimas”, de El milagro de la Virgen, par Chapí .

Giuseppe Acquaviva, directeur artistique du théâtre Carlo Felice de Gêne et chef d’orchestre invité de l’opéra d’Astana, faisait partie du jury pour la première fois. “Souvent, les “bêtes de scène” comme on dit, ne sont pas les meilleurs techniquement, du point de vue formel, mais elles ont quelque chose de plus qui fait entrer le public en extase. Et dans cette compétition, il y a des chanteurs de cette envergure-là,“ assure-t-il.

Un public qui a donné ses suffrages à la soprano kazakhe Maria Mudryak et au baryton sud-coréen Leon Kim, tous deux s‘étant vu également décerner le 3ème prix par le jury.

Un avenir assuré

Plácido Domingo ne se fait aucun souci pour l’avenir des 40 finalistes, y compris ceux qui n’ont pas décroché de prix. “Les juges sont des directeurs de théâtre. Donc ils vont engager les candidats, c’est certain. Aujourd’hui, il est très difficile de trouver un théâtre dans lequel aucun gagnant ou finaliste d’Operalia ne se produit.“ Quoi qu’il en soit, le Maestro est connu pour garder un oeil bienveillant sur la carrière des jeunes talents qui participent à Operalia, les engageant régulièrement pour ses propres concerts.

Palmarès 2017

1er prix :

Adela Zaharia, soprano, Roumanie
Levy Sekgapane, ténor, Afrique du Sud

2ème prix :

Kristina Mkhitaryan, soprano, Russie
Davide Giusti, ténor, Italie

3ème prix :

Maria Mudryak, soprano, Kazakhstan
Leon Kim, baryton, Corée du Sud

Prix CulturArte :

Sooyeon Lee, soprano, Corée du Sud

Prix Birgit Nilsson :

Oksana Sekerina, soprano, Russie
Boris Prýgl, baryton-basse, République tchèque

Prix Zarzuela :

Adela Zaharia, soprano, Roumanie
Marco Ciaponi, ténor, Italie

Prix du public :

Maria Mudryak, soprano, Kazakhstan
Leon Kim, baryton, Corée du Sud