Record de chaleur en juin, les villes européennes cherchent le frais

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Par Jeremy Wilks
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Dans Climate Now, nous découvrons à Francfort comment des stratégies d'urbanisme intelligentes peuvent aider les villes à se rafraîchir en été, mais aussi les données climatiques de juin 2020 du Service Copernicus concernant le changement climatique.

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Au niveau mondial, nous avons atteint en juin 2020, le record de chaleur pour la période 1981-2010 qui avait enregistré en juin 2019 avec des températures supérieures de 0,5°C par rapport à la moyenne. C'est ce que nous indiquent les dernières données du Service Copernicus concernant le changement climatique.

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Record de chaleur en juin 2020© euronews

​​Disparités mondiales

Sur la carte des anomalies de la température de l'air en surface, on constate que dans des régions d'Afrique et de nombreuses zones des Amériques, il a fait plus chaud que la moyenne. Dans le sud de l'Europe, il a fait plus frais tandis qu'en Scandinavie et en Europe centrale, c'était l'inverse.

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Carte des anomalies de la température de l'air en surface© euronews / ECMWF

38°C dans l'Arctique sibérien

Mais le fait le plus notable a été relevé en Sibérie où les premiers mois de l'année ont été beaucoup plus chauds que la moyenne.

Dans cette vaste région, certaines zones ont été plus fraîches le mois dernier, mais l'Arctique sibérien a enregistré une vague de chaleur prolongée en juin avec 38 degrés mesurés dans la ville arctique de Verkhoïansk.

De nombreux facteurs peuvent l'expliquer comme nous l'explique Martin Stendel, de l'Institut météorologique danois. "Nous avons entamé le printemps avec des températures plus élevées que la moyenne et pendant plusieurs semaines consécutives, nous avons eu un blocage anticyclonique dans le nord de la Sibérie," précise-t-il. "Et en juin et juillet, évidemment, il y a le soleil de minuit, donc le soleil peut briller dans ces conditions de haute pression, plus ou moins sur 24 heures et c'est ce qui a conduit à des températures très élevées," souligne-t-il.

© euronews / ECMWF
Anomalies de la température dans l'Arctique sibérien© euronews / ECMWF

Francfort se dote de couloirs de ventilation naturelle

Comment les villes européennes s'adaptent-elles à la hausse des températures ? Notre équipe est allée voir comment Francfort, l'une des villes les plus chaudes d'Allemagne, lutte contre la chaleur.

C'est l'un des couloirs de ventilation naturelle de Francfort : une large bande d'espaces verts le long d'un cours d'eau. Il s'agit de zones où il n'y a aucun bâtiment haut, permettant ainsi à l'air plus frais de la campagne de circuler dans la ville.

Alors que sur place, il a fait plus de 40 degrés l'an dernier - un record -, cet aménagement s'inscrit dans une démarche délibérée de s'adapter au changement climatique.

"Nous devons tout d'abord regarder la ville dans son ensemble et connecter les zones d'air frais et froid avec la ville grâce à ces couloirs de ventilation," indique ​Hans-Georg Dannert, responsable de l'adaptation climatique au sein du service environnement de la ville de Francfort. "Ensuite, nous voulons avoir des îlots de verdure dans la ville elle-même : des parcs, des arbres, de grandes avenues," énumère-t-il. "Nous prenons aussi des mesures très concrètes par exemple pour garantir un accès gratuit à l'eau potable grâce aux fontaines que nous installons," fait-il remarquer.​

Multiplication des toits végétalisés et gestion de l'eau

Dans la ville, les îlots de verdure sont de plus en plus nombreux : la municipalité oblige les nouvelles constructions à comporter un toit ou une façade végétalisée sauf si elles ont déjà des éléments verts et subventionne la création de toiture végétale pour les biens de particuliers.

Rappelons que les plantes rafraîchissent l'environnement par évapotranspiration grâce à leurs feuilles qui absorbent la chaleur de l'air.

"Les toits végétalisés ont de nombreux effets positifs : ils protègent le bâtiment, l'isolent et le rafraîchissent," explique Lara-Maria Mohr, chef de projet "Francfort se rafraîchit" au service environnement de la ville. "Ils font aussi faire des économies, le bruit est absorbé, les particules de poussière sont filtrées par les plantes et les conséquences de fortes pluies sont atténuées puisque elles peuvent être absorbées par le substrat et puis, tous les habitants y gagnent un nouvel espace de vie, tout comme les insectes et les oiseaux," se félicite-t-elle.

Autre champ d'action : la gestion de l'eau. En centre-ville, cela veut dire plus de surfaces poreuses pour permettre l'évaporation et rafraîchir les rues. ​​À l'extérieur de la ville, cela implique la création de bassins pour collecter l'eau de pluie.

Question de santé publique

Dans un contexte général d'augmentation de la température moyenne sur une décennie, ces petites évolutions pourraient faire la différence et permettre de conserver une ville agréable à vivre.

"Si on n'agit pas maintenant, les conséquences sont bien sûr évidentes : pour les groupes à risques, cela peut avoir des effets graves pouvant aller jusqu'à la mort prématurée du fait de la chaleur," fait remarquer ​​Maurice Wagner, spécialiste de géographie physique au service environnement de Francfort.

"Mais pour les gens qui sont encore jeunes et en forme et qui ne feraient pas partie des groupes à risque, ils souffriront eux aussi," affirme-t-il avant de conclure : "De manière générale, les villes perdront totalement leur qualité de vie si on ne fait rien."

© ConstellR GmbH, une émanation du Fraunhofer Institute for High-Speed Dynamics
​​​Image satellite de Francfort et ses environs prise à 10h15 le 24 juin 20 indiquant la température en surface, zones chaudes du centre et de l'aéroport en jaune et rouge© ConstellR GmbH, une émanation du Fraunhofer Institute for High-Speed Dynamics
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