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Des équipements de pêche intelligents peuvent-ils protéger la vie marine et aider les pêcheurs ?

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Des équipements de pêche intelligents peuvent-ils protéger la vie marine et aider les pêcheurs ?
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Par Denis Loctier
Publié le
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La pêche industrielle tue involontairement des milliers d'animaux marins chaque année. Les nouvelles technologies peuvent-elles contribuer à résoudre ce problème ?

Dans la partie française du golfe de Gascogne, l'une des zones de pêche les plus riches d'Europe, des milliers de dauphins meurent chaque année après s'être pris accidentellement dans des filets de pêche.

En moyenne, un millier de dauphins sont retrouvés échoués sur les plages chaque hiver. Mais selon les analyses de l'observatoire PELAGIS rapportées par Bastien Mérigot, coordinateur du projet DolphinFree, la mortalité totale serait bien plus élevée, avec 4 500 à 8 500 dauphins pris dans du matériel de pêche chaque année. Un grand nombre de dauphins qui s'étouffent dans les filets n'atteignent jamais le rivage, ils coulent sans être vus, laissant les chercheurs avec des données incomplètes sur l'étendue du problème.

Non seulement ces pertes fragilisent les écosystèmes marins, mais elles perturbent également les moyens de subsistance des pêcheurs qui dépendent de ces eaux. Pour le deuxième hiver consécutif, les autorités ont interdit la pêche pendant un mois afin de réduire les risques pour les dauphins. Entre-temps, plusieurs projets de recherche européens explorent des solutions technologiques innovantes susceptibles de protéger la vie marine sans pour autant arrêter complètement la pêche.

Une technologie qui parle aux dauphins

Pour faire face à la crise du golfe de Gascogne, le projet DolphinFree, financé par l'Union européenne et l'association de la filière pêche « France Filière Pêche », est à l'origine d'une nouvelle approche : une balise acoustique installée sur les filets de pêche, conçue pour reproduire la communication naturelle des dauphins, grâce à un sonar. Ce dispositif émet des signaux qui imitent les échos utilisés par les dauphins pour se repérer dans leur environnement. En créant une image acoustique du danger - un écho enregistré d'un dauphin emmêlé dans un filet de pêche - la balise incite les dauphins à éviter la zone.

Les premiers tests effectués par les scientifiques montrent des résultats prometteurs. Les dauphins réagissent au signal de la balise en évitant la zone où le son est émis. Toutefois, pour que cette technologie soit officiellement adoptée, elle doit prouver son efficacité lors de tests à grande échelle à bord de navires de pêche professionnels.

Les pêcheurs suggèrent de réduire la taille des balises pour qu'elles puissent plus facilement passer dans les engins de pêche. Ces appareils doivent également rester abordables pour les pêcheurs qui utilisent des filets de plusieurs dizaines de kilomètres de long. Les balises doivent également être entretenues et rechargées régulièrement, ce qui augmente la charge de travail des équipages déjà surchargés.

Les essais en cours de DolphinFree et d'une autre solution électronique présélectionnée par le gouvernement français se dérouleront tout au long de l'année 2026 sur plus de 200 navires de pêche, dans le but de perfectionner la technologie et de s'assurer qu'elle répond aux besoins des pêcheurs tout en atteignant l'objectif d'une réduction de 30 à 40 % de la mortalité des dauphins - et, espérons-le, en évitant les futures interdictions de pêche hivernales.

Captures accidentelles et chaluts : un problème mondial

Les dauphins ne sont pas les seules victimes des captures accidentelles lors de la pêche. À l'échelle mondiale, on estime que 40 % de toutes les captures de poissons sont des captures accidentelles, c'est-à-dire des espèces marines pêchées involontairement. Il s'agit notamment de poissons juvéniles ou protégés et d'autres espèces, telles que les tortues et les oiseaux de mer. Ces animaux sont souvent simplement rejetés à la mer, la plupart déjà morts ou mourants, ce qui entraîne d'énormes quantités de pertes et des dommages écologiques inutiles.

Les chaluts, largement utilisés dans la pêche commerciale, sont particulièrement problématiques. Ces grands filets mobiles balaient tout sur leur passage, piégeant les espèces sans distinction. Les flottes de pêche sont de plus en plus surveillées en raison de l'impact environnemental de leurs pratiques et de la demande croissante de méthodes de pêche plus sélectives.

Un chalut doté de l’IA

Pour s'attaquer au problème des captures accidentelles à la source, le projet Marine Beacon, une autre initiative financée par l'UE, développe un chalut intelligent fonctionnant à l'aide de l'IA. Il repose sur le concept de « Game of Trawl » créé à l'institut IFREMER de Lorient, en France.

Contrairement aux filets traditionnels, le chalut intelligent utilise des caméras sous-marines et des algorithmes d'apprentissage automatique pour identifier et trier les prises en temps réel. Le système peut faire la distinction entre les espèces ciblées et la faune et la flore marines non ciblées, et activer une voie d'évacuation automatique pour les captures non désirées. Selon le biologiste marin Robin Faillettaz, qui dirige les travaux à l'IFREMER, cette « sélectivité active » peut constituer un « changement de paradigme » dans la manière dont les opérations de pêche sont menées.

Lors de tests en laboratoire, le chalut intelligent a démontré sa capacité à identifier les espèces de poissons sur un enregistrement vidéo et à contrôler la trappe destinée à laisser sortir les prises ou à les maintenir dans le filet. Le prochain défi consiste à adapter cette technologie pour qu'elle puisse être utilisée sur de grands navires commerciaux. Les ingénieurs doivent veiller à ce que le système soit suffisamment robuste pour résister aux conditions océaniques difficiles, suffisamment compact et léger pour ne pas gêner les opérations, et suffisamment simple d'utilisation pour que les pêcheurs puissent l'intégrer facilement dans leurs activités quotidiennes. L'objectif est que l'équipement puisse être déployé en quelques minutes et qu'il soit fiable pour être utilisé dans des environnements difficiles.

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