Selon un nouveau rapport, les blocs pétroliers et gaziers couvrent une superficie équivalente à celle de l'Argentine dans seulement 11 "régions pionnières" de l'océan.
Le président français Emmanuel Macron a donné le coup d'envoi de la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC) à Nice hier avec un discours appelant les dirigeants mondiaux à s'unir pour la protection des océans.
Mais il y avait une absence notable dans le discours, selon les militants : les combustibles fossiles.
L'expansion mondiale de l'exploitation pétrolière et gazière offshore et côtière menace gravement les écosystèmes marins, comme le souligne un nouveau rapport d'Earth Insight, une société d'analyse de données qui suit les activités liées aux combustibles fossiles et à l'exploitation minière dans le monde entier.
"Cette omission flagrante démontre que les impacts de l'extraction de combustibles fossiles sur la biodiversité marine et les communautés côtières continuent d'être négligés", déclare Tyson Miller, directeur exécutif d'Earth Insight.
"La France a l'occasion de saisir ce moment historique et de faire preuve de leadership une fois de plus, comme elle l'a fait en 2015 avec l'Accord de Paris, en appelant les pays à mettre fin à l'expansion des activités liées aux combustibles fossiles en mer et sur les côtes."
La ratification d'un traité sur la haute mer, qui permettra aux nations d'établir pour la première fois des zones marines protégées dans les eaux internationales, est l'un des principaux objectifs de cette troisième COU.
Même lors du sommet des Nations unies sur le climat qui s'est tenu l'année dernière à Bakou (COP29), les combustibles fossiles ont à peine été abordés dans les documents clés, bien que leur utilisation soit la principale cause de la crise climatique.
Comment l'extraction des combustibles fossiles met-elle en péril les océans ?
La combustion des combustibles fossiles pèse lourdement sur les océans, qui absorbent l'excès de chaleur, ce qui entraîne une série de conséquences dangereuses, allant de la destruction des récifs coralliens à l'augmentation du nombre d'ouragans.
Le nouveau rapport de Earth Insight met en évidence la vaste présence physique d'infrastructures de combustibles fossiles dans les océans, ainsi que la destruction et la pollution causées par leur empiètement.
Une grande partie de cette expansion a lieu dans les "régions frontalières", c'est-à-dire dans des zones sous-explorées présentant un potentiel important pour l'exploitation du pétrole, du gaz et du gaz naturel liquéfié (GNL).
En examinant 11 études de cas dans le monde entier, les analystes constatent que les blocs pétroliers et gaziers couvrent plus de 2,7 millions de km2 dans ces régions frontalières, soit une superficie équivalente à celle de l'Argentine.
En outre, 100 000 km2 de ces blocs chevauchent des zones protégées, ce qui met en péril 19 % des zones côtières et marines protégées (ZMP) dans les régions frontalières.
Les récifs coralliens, les prairies marines et les mangroves sont quelques-uns des écosystèmes vitaux menacés par les entreprises de combustibles fossiles. L'étude met en garde contre le fait qu'environ 63 % des prairies marines dans les études de cas des régions frontalières - de la Barbade au Sénégal - sont recouvertes par des blocs pétroliers et gaziers.
Les chercheurs proposent une série de solutions pour lutter contre les dommages environnementaux et sociaux causés par l'extraction des combustibles fossiles, à commencer par l'arrêt de l'expansion dans les régions écologiquement sensibles et la suppression des blocs pétroliers et gaziers non attribués.
Les traités internationaux, tels que le traité de non-prolifération des combustibles fossiles, devraient être renforcés afin d'interdire toute nouvelle expansion pétrolière et gazière sur les côtes et en mer. C'est là que des conférences internationales telles que l'UNOC pourraient être utilisées pour galvaniser l'action.