Les décideurs politiques mondiaux sont invités à prendre des mesures "immédiates et sans précédent" pour prévenir le risque de déclenchement de nouveaux points de basculement climatiques.
L'incapacité à empêcher le réchauffement climatique d'atteindre 1,5℃ pousse l'humanité vers la "zone de danger", alors que la planète Terre atteint son tout premier point de basculement climatique.
Un nouveau rapport auquel ont participé 160 chercheurs du monde entier révèle que la hausse des températures cause des dommages considérables aux récifs coralliens des eaux chaudes, menaçant les moyens de subsistance de centaines de millions de personnes qui en dépendent.
Dirigée par le professeur Tim Lenton, et publiée par Global Tipping Points, l'étude appelle à une action "immédiate" de la part des dirigeants de la COP30 et des décideurs politiques du monde entier, arguant que les objectifs climatiques fixés par l'Accord de Paris ne sont pas suffisants.
Récifs coralliens : quelle est l'ampleur des dégâts ?
Le réchauffement globals'élève maintenant à 1,4℃, mais les scientifiques estiment que le point de basculement thermique pour les récifs coralliens d'eau chaude se situe entre 1℃ et 1,5℃ - ce qui fait de 1,2℃ l'estimation centrale.
Le rapport prévient que même les "scénarios d'émissions les plus optimistes" de stabilisation du réchauffement à 1,5℃, comme indiqué dans l'Accord de Paris, ne suffiront donc pas à empêcher les récifs coralliensde "dépasser de manière irréversible leur point de basculement thermique".
D'ores et déjà, le réchauffement climatique - attribué aux émissions de gaz à effet de serre- a entraîné un "dépérissement sans précédent" des récifs coralliens, et le pire épisode de blanchissementjamais enregistré de 2023 à 2025.
"Il est essentiel de ramener le réchauffement moyen de la planète en dessous de 1,2℃ avec une période de dépassement minimale et, à terme, de revenir à 1℃ au-dessus de l'ère préindustrielle pour conserver les récifs coralliens d'eau chaude à une échelle significative, au-delà d'un nombre relativement restreint de zones refuges isolées", peut-on lire dans le rapport.
Les chercheurs recommandent également d'améliorer la gestion des récifs et de mettre en œuvre des mesures politiques urgentes ainsi que des évaluations des risques afin de donner aux récifs les meilleures chances de survie.
Les points de basculement du climat de la Terre : quels sont les autres risques ?
Chaque fraction de réchauffement supplémentaire augmente le risque de déclencher d'autres points de basculement.
Le rapport signale que certaines parties de la calotte glaciaire polaire ont peut-être déjà franchi des points de basculement, ce qui pourrait entraîner une élévation "irréversible" du niveau de la mer de plusieurs mètres à l'avenir, affectant des centaines de millions de personnes.
Si le réchauffement climatique dépasse 1,5℃ d'ici quelques années, comme cela est prévu, la forêt amazonienne risque également de subir un dépérissement généralisé, menaçant de causer des "dommages incalculables à la biodiversité" et de nuire à plus d'une centaine de millions de personnes qui dépendent du système.
"La circulation méridienne de retournement de l'Atlantique (AMOC) risque également de s'effondrer en dessous de 2℃ [de réchauffement]", ajoutent les auteurs du rapport.
"Cela compromettrait radicalement la sécurité alimentaire et hydrique mondiale et plongerait le nord-ouest de l'Europe dans des hivers rigoureux."
Prévenir les points de basculement climatiques
Pour éviter les points de basculement climatiques, les experts estiment que les émissions de gaz à effet de serre produites par l'homme doivent être réduites de moitié d'ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 2010) et atteindre le niveau zéro d'ici à 2050.
Ils affirment que les objectifs actuels ne sont pas suffisants et qu'ils continueront d'engager le monde dans un réchauffement planétaire continu qui dépassera probablement 2℃ avant l'année 2100 - ce qui fait de la décarbonisation et de l'atténuation des émissions de méthane des facteurs clés.
"Si nous attendons de franchir les points de basculement pour agir, il sera trop tard", prévient le rapport. "La seule stratégie crédible de gestion des risques consiste à agir à l'avance.
L'étude met également en évidence des points de basculement positifs générateurs de changement, notamment l'adoption importante de panneaux solaires et de véhicules électriques dans le monde entier.