Transport aérien européen : le trou d'air entre besoin de financement et respect de la concurrence

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Par Maria Psara
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Les compagnies demandent l’intervention des gouvernements pour éviter la faillite. Mais elles souhaitent que ces aides d’Etat ne faussent pas à terme la concurrence.

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Le secteur des transports est profondément affecté par la crise du coronavirus. Les compagnies aériennes européennes pourraient perdre 82 milliards d'euros, un impact sans précédent sur une période aussi courte. 

Ce sont entre 6 et 7 millions d'emplois qui sont menacés cette année. Brussels Airlines a par exemple annoncé le licenciement d’un millier de personnes. Luc Martin, personnel navigant au sein de l’entreprise belge, est inquiet pour son avenir. "On ne se sent pas en sécurité, on se demande si l'on pourra retrouver un autre emploi, en particulier à mon âge", reconnait-il.

Brussels Airlines est en discussion avec le gouvernement belge pour obtenir des aides. L'entreprise cherche aussi un soutien auprès de son propriétaire, Lufthansa. Les syndicats estiment que le transporteur allemand cherche à faire de la société belge une compagnie à bas coût. Didier Lebbe de la Centrale nationale (belge) des employés lance un avertissement. "Il faudrait que les pouvoirs publics y réfléchissent" avant d’accorder des fonds pour transformer Brussels Airlines.

De nombreux pays membres demandent à la Commission européenne d'approuver des mesures d'aide d'Etat afin d'aider les compagnies nationales. L'institution s'est engagée à faire preuve de souplesse. Elle a déjà approuvé 124 demandes de la sorte dont certaines pour l'industrie aérienne. Des aides d’Etat sont autorisées pour :

  • Air France (7 milliards d’euros)
  • Alitalia (1,2 milliard d’euros)

Des demandes sont déposées pour :

  • Lufthansa (10 milliards d’euros)
  • Iberia (1 milliard d’euros)

Ces mesures de soutien font cependant craindre à certains des distorsions de concurrence au sein de l’UE. La Commission européenne reconnait le risque mais une "une application ciblée et proportionnelle des règles en matière d'aide d'Etat peut assurer des bénéfices aux entreprises par ce soutien tout en préservant le marché unique de distorsion de concurrence", assure Arianna Podesta, porte-parole de l’institution.

Les associations de transporteurs aériens saluent cette aide mais elles demandent à la Commission de rester vigilante pour maintenir une compétition non faussée. "Les autorités de la concurrence doivent garder un oeil sur les développements à venir du marché", prévient le directeur d’Airlines for Europe, Thomas Reynaert. 

Cet argent doit toutefois finir par ruisseler jusqu’aux travailleurs les plus modestes, poursuit Luc Martin. Faute de quoi "il y aura plus de Viktor Orban dans le monde et davantage de Brexit", assure l’employé de Brussels Airlines.

Journaliste • Grégoire Lory

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