Venise évite le "déshonneur" : les navires de croisière interdits de centre-ville

Un ferry passe devant la touristique Place St Marc de Venise
Un ferry passe devant la touristique Place St Marc de Venise Tous droits réservés Luca Bruno/Copyright 2019 The Associated Press. All rights reserved
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Par euronews
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La décision du gouvernement italien intervient alors que l'Unesco doit statuer à la fin du mois sur l'inscription de la ville à la liste du patrimoine de l'humanité en péril.

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Le gouvernement italien a enfin interdit les grands navires de croisière dans le cœur historique de Venise dès le 1er août. Son chef, Mario Draghi, salue "une étape importante pour la préservation de la lagune", alors que la ville est menacée d'être inscrite sur la liste du patrimoine de l'humanité en péril.

Dès le 1er août, les bateaux de plus de 25 000 tonnes de jauge brute, de plus de 180 mètres de long, de 35 mètres de tirant d’air ou dont les émissions contiennent plus de 0,1 % de soufre ne pourront plus emprunter le bassin de Saint-Marc, le canal de Saint-Marc et le canal de la Giudecca.

D'après le décret-loi adopté ce lundi par le gouvernement italien, ces géants de la mer devront s’amarrer dans le port industriel de Marghera, à quelques kilomètres du centre qui doit subir des travaux. Les navires plus petit continueront à naviguer jusqu'au centre-ville, qui est inscrit au patrimoine immatériel de l'Unesco.

Le péril et le "déshonneur" ?

L'Italie a pris cette décision après des décennies de revendications d'associations de riverains et de militants pour l'environnement. Mais surtout car la ville risquait d'être inscrite sur la liste du patrimoine en péril de l'Unesco. 

Cette inscription est à l'ordre du jour de la réunion de Comité du patrimoine mondial, qui se réunit en Chine entre le 16 et le 31 juillet. Un telle inscription de la Cité des Doges lui offrirait une assistance financière grâce au Fonds du patrimoine mondial. Mais elle peut aussi être vue comme un "déshonneur", explique l'Unesco sur son site. 

Les grands navires ont fait leur retour dans la cité adriatique en juin dernier après plus d'un an de silence. Ce retour avait provoqué la colère des riverains, qui s'étaient mis à rêver d'un autre modèle touristique, plus respectueux de l'environnement et de leur quotidien, pendant la pandémie. 

Les bateaux de croisière sont accusés de bouleverser gravement le fragile écosystème de la lagune en remuant les sédiments et la boue qui se trouve au fond de l'eau. En provoquant d'immenses vagues, ils érodent les fondations des immeubles de la Sérénissime.

Tourisme de masse

Le mois dernier, un groupe de professionnels de la culture et d'artistes internationaux, dont Mick Jagger et Francis Ford Coppola et Tilda Swinton, avaient appelé dans une lettre ouverte les autorités italiennes et vénitiennes à prendre 10 mesures immédiates pour préserver "l'intégrité physique mais aussi l'identité culturelle" de la cité. 

D'après ses détracteurs, le tourisme de masse a provoqué l'explosion des loyers à Venise et transformé des pans entiers de la ville au détriment des commerces et associations de première nécessité. Les locaux sont gênés par les files d'attente, qui allongent notamment les temps de déplacement en Vaporetto.

A l'inverse, l'association "Venise travaille", portée par les professionnels du voyage, met l'accent sur la manne financière dont bénéficie la ville, qui dépend principalement du tourisme. Selon eux, l'absence de touristes pendant la crise sanitaire a provoqué un manque à gagner d'environ un milliard d'euros de retombées économiques. Environ 90 000 personnes dépendent directement ou indirectement des infrastructures portuaires de la ville.

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