Le Parlement européen fixe son cadre pour la réforme de la politique migratoire

L’Italie et les pays méditerranées demandent plus de solidarité européenne
L’Italie et les pays méditerranées demandent plus de solidarité européenne Tous droits réservés Salvatore Cavalli/AP
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Par Vincenzo Genovese
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Les eurodéputés donnent leur feu vert au lancement des négociations avec les Etats membres concernant la réforme de la politique d’asile et d’immigration.

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Plus de solidarité entre les États membres de l'UE pour gérer les flux migratoires. C'est l'objectif du Parlement européen qui a adopté jeudi sa position sur trois points clés de la réforme. Le Pacte migration et asile, présenté septembre 2020 par la Commission européenne, veut réformer cette politique qui divise profondément les 27.

Les eurodéputés maintiennent le principe fondateur du règlement de Dublin. Ce texte prévoit que toute demande d’asile doit être traitée dans le pays d’entrée de l’UE. Mais le Parlement envisage plus d'exceptions comme les liens familiaux ou éducatifs qu'un migrant pourrait avoir avec un Etat membre particulier.

De plus, plusieurs dispositions permettraient de répartir les nouveaux arrivants dans l'UE.

"Il est impératif de s'assurer que tous les Etats membres contribuent. Mais ce que le Parlement européen propose, c'est d'avoir des options flexibles, de voir certains Etats membres travailler sur la relocalisation, d'autres sur le renforcement des capacités", explique l’eurodéputé Tomas Tobé (PPE), l’un des rapporteurs.

"Nous voulons sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons depuis des années, car il faut que quelque chose se passe maintenant", ajoute-t-il.

Cette solidarité pourrait s'exprimer par la relocalisation des migrants présents dans les pays membres en première ligne.

Ces redéploiements seraient seulement une option en temps normal, mais ils deviendraient contraignants lorsqu'un État membre se déclare une situation de crise.

La Commission devra alors évaluer la demande d’urgence. Si elle est confirmée, il faudra alors fixer des quotas de répartition en fonction de la population et du PIB des partenaires européens.

"La solidarité peut avoir une chance, c'est précisément l'objet de ce règlement", insiste l’eurodéputé Juan Fernando López Aguilar (S&D).

La relocalisation obligatoire est un point clé pour les pays méditerranéens. L’Italie a, par exemple, enregistré cette année une augmentation de 300% des arrivées irrégulières par la mer. Rome réclame depuis des années une "part équitable" à l’échelle européenne.

Les systèmes de relocalisation volontaire rencontrent jusqu'à présent des difficultés, voire des rejets assumés par certaines capitales. Malgré les promesses, seules quelques centaines de personnes ont été transférées d'Italie vers d'autres États membres.

Le président italien Sergio Mattarella qualifie d’ailleurs de "préhistoriques" les règles de l'UE en matière de migrations.

Mais ce vote au Parlement n’est qu’une première étape d'un long parcours semé d'embûches. Les Etats membres devraient insister lors des discussions sur les aspects du pacte liés à la dimension externe de la migration, comme le contrôle des migrants aux frontières ou les leviers à utiliser avec les pays d'origine, comme l'explique Sara Prestianni d'EuromedRights.

"La crainte principale dans la négociation avec le Conseil, ce qu'au lieu de mettre en avant les mécanismes de solidarité entre les États membres, dans l'accueil et l'intégration, on privilégie l'approche sécuritaire qui va mener à normalisation de la détention et l'accélération des procédures de retour".

Les institutions disent vouloir achever la réforme d’ici la fin de l’année. Mais la réalité politique et la sensibilité du dossier pourraient mettre à mal cet optimisme.

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