Pourquoi les naufrages se poursuivent-ils dans les eaux européennes ?

Une délégation de la commission Libertés civiles du Parlement européen observe une mission de secours près de Lampedusa
Une délégation de la commission Libertés civiles du Parlement européen observe une mission de secours près de Lampedusa Tous droits réservés  Piero Cruciatti/EP
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Par Vincenzo Genovese
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La coopération entre les garde-côtes nationaux et les ONG reste limitée.

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Le dernier naufrage tragique au large des côtes grecques relance une fois de plus le débat sur la question de savoir si l'UE agit suffisamment pour prévenir les catastrophes migratoires en mer.

Chaque pays côtier ou insulaire est actuellement responsable de sa zone de recherche et de sauvetage en Méditerranée, où il est tenu de lancer des opérations de secours auprès des bateaux en détresse, quitte à faire appel si nécessaire à des navires privés.

L'État membre en charge du sauvetage est également celui qui est responsable du débarquement et du traitement des éventuelles demandes d'asile. Les garde-côtes nationaux sont souvent soupçonnés d'attendre le plus longtemps possible avant d'agir.

Selon les médias, par exemple, les autorités grecques ont pris beaucoup de temps avant d'intervenir la semaine dernière, espérant probablement que le bateau continuerait sa route vers l'Italie, même s'il était déjà en détresse.

L'Union européenne a des compétences limitées dans ce type d'opération. L'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, fournit une aide par le biais d'une surveillance aérienne et peut participer au sauvetage sur ordre de l'autorité nationale responsable. Elle ne peut cependant pas effectuer de sauvetage de manière indépendante.

Nombreux sont ceux qui affirment qu'une mission européenne de sauvetage en Méditerranée contribuerait à améliorer la situation.

Mais la réforme de la politique migratoire de l'UE ne prévoit pas cette option, comme le déplore l’eurodéputé Pietro Bartolo (S&D).

Il a fait partie d'une délégation du Parlement européen qui s'est rendue cette semaine sur l'île italienne de Lampedusa, géographiquement plus proche de l'Afrique que de l'Europe, afin d'observer comment se déroule les recherches et les sauvetages en mer.

"Au début de la législature, la première chose que j'ai demandée était une résolution prévoyant un service européen de recherche et de sauvetage en mer, évidemment en coordination avec les Etats membres du premier port d'escale", explique-t-il à Euronews.

"Cependant, après six mois de travail, nous l'avons présentée en séance plénière, où, à mon grand regret, nous avons perdu avec seulement deux voix d'écart. J'en suis très désolé, mais l'Europe doit certainement faire quelque chose", ajoute le parlementaire.

Des entités privées mènent également des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée, même si c'est à plus petite échelle. Selon Pietro Bartolo, les ONG réalisent environ 10 % des missions de secours en mer.

Mais certains gouvernements sont accusés de tenter de limiter, voire d'interdire ces opérations. L'Italie, par exemple, oblige les organisations non gouvernementales à accoster après un seul sauvetage et leur assigne des ports de débarquement très éloignés des lieux d’intervention.

"Les ONG sont tellement criminalisées alors qu'elles pourraient travailler ensemble pour essayer de sauver le plus grand nombre de personnes possible. Mais elles font l'objet d'une hostilité incompréhensible. Je ne comprends pas, notamment parce que, malgré tous les efforts déployés pour sauver ces personnes, il y a encore souvent des naufrages et des gens continuent de mourir", souligne Pietro Bartolo.

Le ministère italien de l'Intérieur estime que le travail des ONG constitue un "facteur d'attraction" qui encourage les passeurs et les migrants à prendre la mer. La Commissaire européenne en charge des Affaires intérieures, Ylva Johansson a cependant précisé la semaine dernière à Euronews  qu'elle appréciait le travail de ces organisations pour sauver des vies.

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