Plus de 260 000 signatures pour protéger le parc espagnol de Doñana

Un projet de loi régional menace d'assécher un peu plus la réserve naturelle
Un projet de loi régional menace d'assécher un peu plus la réserve naturelle Tous droits réservés Bernat Armangue/Bernat Armangue
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Par Isabel Marques da Silva
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Un groupe d'ONG a remis mercredi à la Commission européenne une pétition de plus de 260 000 signatures en faveur de la protection du parc national espagnol de Doñana.

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Les organisations estiment que le parc est menacé par un projet de loi présenté par le gouvernement de droite d'Andalousie, qui étendrait considérablement les zones d'irrigation pour les agriculteurs locaux.

La législation a déclenché une levée de boucliers. Le dossier oppose la gauche, à la tête du pays, aux conservateurs qui ont récemment progressé lors des élections locales.

Le différend se poursuit à Bruxelles. La Commission européenne a exprimé publiquement ses préoccupations concernant le projet. Elle exhorte les autorités espagnoles à se conformer à un arrêt rendu en 2021 par la Cour de justice de l'Union européenne.

Les juges avaient condamné Madrid pour ne pas avoir suffisamment protégé le parc contre le "captage excessif d'eau" et les dommages qui en résultent pour ses habitats.

Doñana, qui a le statut juridique de réserve naturelle, est réputée pour ses écosystèmes uniques et la richesse de sa faune, y compris des espèces menacées comme le lynx ibérique. Le parc représente également un itinéraire important pour des millions d'oiseaux qui migrent chaque année de l'Europe du Nord vers l'Afrique.

Mais cette riche biodiversité subit depuis des décennies la pression de l'agriculture intensive, de la surexploitation, de l'assèchement des marais, de la multiplication des puits illégaux et du flux continu de touristes, qui s'ajoutent aux maux causés par le changement climatique.

Le projet de loi accentue l'inquiétude quant à l'avenir du parc, comme en témoignent les 262 728 signatures recueillies par Ecologistas en Acción, Salvemos Doñana, SEO/BirdLife, Wemove et le WWF.

Les ONG ont rencontré mercredi Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen en charge de l'Environnement, pour lui remettre les signatures.

"Nous voulons mettre fin à cette loi. Nous sommes venus ici parce que nous voulons l'arrêter. Et nous allons faire tout notre possible", a expliqué Nuria Blázquez, d'Ecologistas en Acción, à Euronews avant de se rendre à la réunion.

"Si nous ne l'arrêtons pas avant qu'elle ne soit approuvée, elle sera arrêtée par la Commission européenne ou par le peuple espagnol, car nous ne pouvons pas permettre la destruction de Doñana".

Les ONG ont demandé à Virginijus Sinkevičius, qui a pris la défense de la réserve naturelle, de prendre des mesures juridiques. Mais la Commission ne peut pas lancer une procédure formelle tant que la loi n'est pas adoptée par le Parlement andalou et qu’elle n'est pas entrée en vigueur.

Le processus législatif est actuellement en suspens, dans l'attente des élections législatives anticipées prévues le 23 juillet.

Juan Manuel Moreno, le Premier ministre du gouvernement andalou, a précisé la semaine dernière qu'il était ouvert à la "possibilité d'inclure des modifications susceptibles d'améliorer le texte juridique", même si la période prévue pour le dépôt des amendements est déjà passée.

"Aucune position ne devrait être inamovible", a-t-il ajouté.

Juan Manuel Moreno a toutefois défendu l'essence de la loi et a affirmé qu'elle était nécessaire pour "apporter une réponse" aux quelque 1 500 agriculteurs qui travaillent aujourd'hui dans l'incertitude juridique et dont les récoltes souffrent d'une sécheresse persistante.

La production agricole de Doñana est fortement concentrée sur les fruits rouges comme les fraises, qui nécessitent une irrigation constante et abondante.

Le dirigeant andalou a expliqué que l'extension des zones d'arrosage couvrirait entre 700 et 800 hectares. Mais selon une estimation publiée par le WWF, la loi, dans sa forme proposée, légaliserait 1 900 hectares.

Les ONG ont utilisé ce nouveau chiffre pour soutenir leur campagne d'opposition à ce qu'elles appellent une "attaque écologique" contre l'une des zones humides les plus importantes d'Europe.

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"Les politiciens ont une vision à court terme qui consiste à gagner les élections tous les quatre ans. Il faut avoir une vision à long terme. Aujourd'hui, il faut être cohérent avec ce que disent les experts et ce qui se passe : nous aurons moins d'eau, nous aurons des températures plus élevées", a déclaré Felipe Fuentelsaz, du WWF Espagne.

"Par conséquent, parier sur des activités économiques qui nécessitent une utilisation intensive de l'eau revient à faire un pas en arrière. C'est un pas en arrière".

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