Début de la bataille politique pour une rallonge du budget de l’UE

Pour la Commission européenne et le Parlement européen une rallonge du budget de l'UE est nécessaire
Pour la Commission européenne et le Parlement européen une rallonge du budget de l'UE est nécessaire Tous droits réservés Emilio Morenatti/AP
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Par Isabel Marques da Silva
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La Commission européenne propose une enveloppe de 99 milliards d’euros supplémentaires afin de soutenir l’Ukraine, et de répondre aux nouvelles priorités de l’UE.

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Le renforcement du budget européen est l'une des batailles politiques qui s'annoncent dans les institutions. L'UE a besoin de plus de moyens.

Il y a tout d'abord la Facilité pour l'Ukraine avec une enveloppe de 50 milliards d'euros pour Kyiv afin de couvrir la période 2024 - 2027. Cet outil sera partagé entre subventions et prêts. Il est inspiré du Plan Marshall mis en place après la Seconde Guerre mondiale.

Le Parlement européen estime, comme la Commission européenne, qu'une rallonge est nécessaire mais l'analyse ne fait que commencer.

"Nous serons en mesure de soutenir le gouvernement qui met en place un plan ukrainien pour la reconstruction et la pré-adhésion (à l'UE). Nous encouragerons également les investissements privés et assurerons la continuité de notre expertise pour ceux qui sont actifs dans le programme de réformes", explique l’eurodéputé allemand Michael Gahler (PPE).

Cette facilité pour l'Ukraine représente à peu près la moitié des 99 milliards d'euros proposés par la Commission afin de renforcer le budget actuel de l'Union. L'autre moitié est prévue pour six dépenses : la migration, un fonds souverain pour l'industrie, les intérêts sur la dette liée au programme de relance après la pandémie de Covid-19, les frais de personnel et une réserve pour les urgences.

La commission Budget du Parlement souhaite ajouter 10 milliards d'euros à cette rallonge. Pour y parvenir, elle propose de combiner les contributions nationales avec de nouvelles sources de revenus, telle qu'une taxe sur les sociétés internationales et sur les transactions financières.

Les eurodéputés s'opposent en revanche à des coupes dans les programmes actuels. "Nous devons protéger les politiques de cohésion et d'agriculture communes, ainsi que leur financement. Ce sont des politiques qui font partie des traités de l'Union européenne depuis le début de sa constitution et ce sont des ressources fondamentales qui ne peuvent pas être réduites à tout moment", insiste l’eurodéputée portugaise Margarida Marques (S&D).

Ces ambitions risquent de se heurter à la résistance du Conseil européen. Plusieurs Etats membres sont réticents à contribuer davantage aux caisses de l'UE ou de recourir à une nouvelle dette commune. Mais les analystes estiment que les 27 doivent s'adapter à la récente réalité internationale.

"Ces cycles budgétaires de sept ans avec de très longues négociations, très protégées et complexes, ne fonctionnent pas vraiment dans un monde où il y a des défis très immédiats et où il faut réagir beaucoup plus rapidement", juge Heather Grabbe, analyste à l’institut Bruegel.

De plus, "le budget de l'UE est également assez limité, il ne représente que 1 % maximum du PIB de l'UE. Il est très probable que d'autres besoins budgétaires soient à prévoir", ajoute-t-ell.

Avec les élections européennes en ligne de mire et dans un contexte de crise inflationniste, cette rallonge servira de test pour la solidarité européenne et pour les ambitions de l'élargissement de l'UE.

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