Les pilotes de ligne européens ne veulent pas d’une réduction d’équipage

Les pilotes de ligne ont une série de contrôles à réaliser avant le décollage pour assurer la sécurité du vol
Les pilotes de ligne ont une série de contrôles à réaliser avant le décollage pour assurer la sécurité du vol Tous droits réservés LM Otero/Copyright 2020 The AP. All rights reserved.
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Par Stefan Grobe
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Afin de réduire les coûts, l’industrie aéronautique songe à diminuer le nombre de pilotes à bord. Un choix dangereux pour la sécurité, selon la European Cockpit Association.

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Pour relancer le secteur, l'industrie aéronautique cherche à réduire les coûts dans tous les domaines. L'une des options envisagées est la réduction du nombre de pilotes aux commandes d'un avion de ligne, appelée "extended Minimum Crew Operations" (eMCO).

Les premiers concernés répondent qu'il s'agit d'une évolution très préoccupante qui se ferait au détriment de la sécurité. Euronews a interrogé Otjan de Bruijn, président du European Cockpit Association qui représente plus de 40 000 pilotes dans 33 pays.

Euronews :

Expliquez-nous pourquoi votre organisation est opposée à l'eMCO ?

Otjan de Bruijn :

Dans l'aviation, tous les systèmes essentiels à la sécurité sont redondants et sauvegardés. Cette philosophie est au cœur de l'aviation moderne. Pour vous donner un exemple, à bord des grands avions, chaque système de sécurité critique est installé en double ou en triple. Pour éviter cette défaillance cruciale. Actuellement, il y a également deux pilotes aux commandes d'un avion. Les deux pilotes travaillent en équipe. Ils servent de filet de sécurité critique en surveillant les systèmes, mais aussi en se surveillant l'un l'autre, en détectant les erreurs et en atténuant les risques potentiels avant qu'ils ne s'aggravent.

Euronews :

Quels sont les risques associés à un système à un seul pilote ?

Otjan de Bruijn :

Dans ce concept, lorsque ce pilote unique est là pendant des heures, durant la phase de croisière, il ou elle doit prendre une pause pour aller aux toilettes. Et pendant cette pause, il n'y a pas de pilote. Alors, que se passe-t-il, par exemple, si à ce moment-là le contrôle aérien vous demande de dévier de votre trajectoire de vol, s'il y a un incendie de moteur ou de la fumée qui se développe sur le pont d'envol ou un avertissement de collision, moi, en tant que pilote, je ne pourrai pas être responsable de la sécurité de mes passagers, de mon équipage et de mon avion.

Euronews :

Le concept de pilote unique fait l'objet d'une évaluation par l'Agence européenne de la sécurité aérienne. Où en est cette évaluation et avez-vous été consultés ?

Otjan de Bruijn :

Au cours des deux dernières années, un petit groupe de parties prenantes a été consulté, et nous avons également été consultés et impliqués. C'est la première fois dans l'histoire que l'Agence européenne de la sécurité aérienne commence à élaborer des règles sans avoir pour objectif de résoudre un problème de sécurité. Au lieu de cela, elle introduit de nombreux problèmes de sécurité, et nous n'avons aucune confiance dans le fait que ce processus d'évaluation soit mené de manière indépendante et impartiale.

Euronews :

Qu'en est-il de vos employeurs, les compagnies aériennes ?

Otjan de Bruijn :

C'est très simple. Il s'agit d'une initiative commerciale de certaines compagnies aériennes qui voient une possibilité d'économiser de l'argent en réduisant le nombre de pilotes sur les vols long-courriers. Les compagnies aériennes peuvent être tentées par la perspective d'obtenir cet avantage concurrentiel en matière de réduction des coûts grâce à l'élimination de tel ou tel pilote. Cependant, elles pourraient avoir la désagréable surprise de découvrir que les incitations commerciales sont un moteur extrêmement risqué dans l'aviation. Et s'ils en doutent, ils n'ont qu'à demander à Boeing.

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