Afin de répondre aux inquiétudes des entreprises et des pays partenaires, la Commission européenne a proposé de reporter d’un an la réglementation contre la déforestation mondiale. Un choix dénoncé par les ONG.
Le cacao est l’un des produits phare concernés par la réglementation européenne pour lutter contre la déforestation mondiale. Le texte devait entrer en vigueur à la fin de l’année, mais sous les appels répétés des entreprises et des partenaires internationaux de l’UE, la Commission européenne a proposé la semaine dernière de reporter de 12 mois la mise en place de ces mesures.
La Belgique est un acteur incontournable de cette industrie, c'est la raison pour laquelle l'entreprise Vollers, présente à Anvers, se félicite du report envisagé par l'institution.
"Nous sommes plus que satisfaits", explique Anne Pauwels, manager générale de l’entreprise dans le port belge. La société stock et transporte principalement du cacao pour les plus grandes multinationales du secteur.
La réglementation européenne (EUDR en anglais) veut encadrer l'entrée sur le marché de l'Union et l'exportation depuis l'UE de produits qui contribuent à la déforestation et à la dégradation des forêts à l'échelle mondiale. Le texte vise principalement :
- le cacao
- le café
- le soja
- l'huile de palme
- le bois
- le caoutchouc
- les bovins.
Il concerne toute la chaîne d'approvisionnement des producteurs aux importateurs en passant par les intermédiaires comme Vollers.
L’entreprise a vu transité en 2022/2023 dans ses entrepôts 200 000 tonnes de cacao principalement d’Afrique de l’Ouest, ainsi que plus de 111 000 tonnes de café sur la même période.
"Pour nous, il est important de savoir quels types de combinaisons il y aura, comment les lots entreront en Europe, et quelle sera la plateforme de certification ? Où pouvons-nous trouver ces informations ? Qui nous les fournira ?", autant de questions soulevées par Anne Pauwels qui nécessitent encore quelques mois pour obtenir des réponses définitives.
Pour l’UE, l’enjeu est de taille car les 27 seraient à l'origine de la déforestation de plus de 248 000 hectares par an, soit une surface presque aussi grande que le territoire du Luxembourg.
Michael Rice, spécialisé dans les chaînes d'approvisionnement durables pour l’ONG ClientEarth à Bruxelles, souligne que "l'UE est le deuxième plus grand importateur de déforestation au monde, juste après la Chine, qui a une population beaucoup plus importante".
"Cela ne veut pas dire que l'UE va à l'étranger et coupe des forêts. Ce que cela signifie, c'est qu'une grande partie des produits que nous importons et consommons dans l'Union européenne sont produits au détriment des forêts du monde entier", précise-t-il.
Or selon l’ONG, la réglementation européenne est capable de changer la donne. C’est "la première (loi) au monde à prendre des mesures sérieuses pour lutter contre la déforestation", insiste Michael Rice.
Les forêts couvrent 30% de la surface de la Terre et abritent 80% de la biodiversité terrestre. Ces espaces ont un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique. Les zones boisées servent de puits de carbone et elles stabilisent également les sols ce qui permet de limiter l’impact des catastrophes naturelles.
La proposition de la Commission doit être approuvée par le Parlement européen et le Conseil, l’institution qui représente les Etats membres. Si ce report est validé, les grandes entreprises auront jusqu’au 30 décembre 2025 pour mettre en œuvre la réglementation. Les TPE et les PME auront jusqu’au 30 juin 2026.