La cathédrale Notre-Dame de Paris se rapproche d'une réouverture complète après des années de travaux de reconstruction suite à l'incendie dévastateur du 15 avril 2019. Signe familier du paysage parisien, le temple légendaire recèle pourtant pas mal de détails inconnus. En voici quelques-uns.
La cathédrale Notre-Dame, qui doit rouvrir ses portes au public dimanche après cinq ans de restauration à la suite d'un incendie dévastateur, est un joyau de l'architecture gothique, un symbole de Paris et un haut lieu du tourisme.
Mais derrière la grandeur de la cathédrale, dont la construction a duré 182 ans entre le XIIe et le XIVe siècle, se cachent des histoires surprenantes. Des mythes médiévaux aux mystères modernes, voici cinq choses particulières à savoir sur cet emblème de Paris :
1. Point zéro des routes de France
L'importance de Notre-Dame va au-delà de son architecture et de son histoire : c'est littéralement le point de départ de toutes les routes de France.
Devant la cathédrale, encastrée dans les pavés, se trouve une modeste dalle de bronze et de pierre portant l'inscription « point zéro des routes de France ». Cette plaque marque le point de départ de la mesure des distances entre Paris et les autres villes du pays.
Si la plaque a été installée en 1924, l'idée d'un « point zéro » national remonte à 1769. Le roi Louis XV avait imaginé une référence centrale pour le réseau routier croissant de la France, un concept qui liait la géographie de la nation à son cœur, Paris.
2. Les gargouilles ou les chimères ?
Les effrayantes créatures de pierre de Notre-Dame peuvent sembler anciennes, mais elles ne sont pas toutes ce qu'elles semblent être. Les gargouilles, qui sont des gouttières en forme de monstre utilisées pour évacuer l'eau de pluie, existent depuis l'époque de la construction de la cathédrale. En revanche, les figures spectaculaires et monstrueuses que l'on voit souvent sur les cartes postales et dans les films sont des chimères, et elles sont beaucoup plus récentes.**
Au XIXe siècle, l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, chargé de rénover l'édifice alors en ruine, a ajouté ces créatures pour ajouter au caractère mystique de la cathédrale. Viollet-le-Duc s'est inspiré du célèbre livre de Victor Hugo, Le Bossu de Notre-Dame, pour créer ces figures animales démoniaques aux expressions personnifiées.
Comment les distinguer ? Les gargouilles ressemblent à des pointes horizontales qui sortent de la façade et dont les becs sont percés pour permettre l'écoulement de l'eau.
3. « Notre-Dame de la Raison »
Pendant la Révolution française, qui a connu des vagues de protestation contre l'Église, Notre-Dame n'a pas été traitée comme une cathédrale vénérée. En 1793, les révolutionnaires l'ont dépouillée de ses symboles religieux et l'ont rebaptisée « Notre-Dame de la Raison ».
Au lieu de cela, la cathédrale a accueilli des festivals célébrant la science et les idées des Lumières, et pendant une courte période, elle a même été utilisée comme entrepôt de vin.
Les offices religieux reprennent en 1795 et Notre-Dame retrouve son caractère sacré sous l'impulsion de l'empereur français Napoléon Ier, qui y célèbre son couronnement en 1804, immortalisé par un célèbre tableau de Jacques-Louis David.
4. Mais il n'a pas toute sa tête !
En 1792, les révolutionnaires ont également décapité 28 statues de la façade de Notre-Dame, les prenant pour des monarques français. Il s'agissait en fait d'anciens rois de Juda, ancêtres bibliques de Jésus. On croyait les têtes perdues à jamais, peut-être détruites ou vendues comme matériaux de construction.
Mais en 1977, des ouvriers qui rénovaient une cour du 9e arrondissement de Paris ont découvert des centaines de fragments de sculptures en pierre. Les experts ont confirmé qu'il s'agissait des têtes manquantes des rois de Notre-Dame. Le mystère reste entier quant à la façon dont elles se sont retrouvées enterrées là.
Aujourd'hui, 22 de ces têtes ont été restaurées et sont exposées au musée de Cluny, à Paris. Leur découverte est considérée comme l'une des plus remarquables découvertes archéologiques de l'histoire moderne de la ville.
5. Du plomb dans l'aile
L'incendie de 2019 qui a failli détruire Notre-Dame a révélé un grave risque sanitaire. Lorsque les flammes ont fait fondre le toit, des tonnes de poussière de plomb toxique ont été libérées dans l'air et se sont déposées dans tout Paris.
Le problème ? Les autorités ont découvert qu'il n'existait aucune règle pour mesurer le danger des poussières de plomb à l'extérieur. Il ne s'agissait pas seulement d'un problème parisien : de grandes villes comme Londres et Rome, et même l'Organisation mondiale de la Santé, n'ont pas de lignes directrices concernant la pollution par le plomb à l'extérieur.
L'incendie de Notre-Dame a mis en lumière un problème caché, obligeant les autorités à examiner de plus près leurs normes de sécurité. Il a fallu quatre mois à la ville pour mener à bien une opération de nettoyage en profondeur des trottoirs, alors même que les touristes, les habitants et les commerçants arpentaient quotidiennement les rues autour de la cathédrale.