Des milliers de citoyens se sont joints à un blocus de la capitale serbe qui fait suite à des semaines de manifestations visant à demander des comptes sur l'accident mortel survenu dans la ville de Novi Sad, que les critiques ont imputé à la corruption endémique du gouvernement.
Conséquence de ses manifestations qui durent depuis 3 mois, et à l'issue avec d'une réunion avec le président Aleksandar Vučić, le Premier ministre Miloš Vučević a annoncé ce mardi, sa démission. "Ma décision irrévocable est de démissionner du poste de premier ministre" a t-il déclaré.
Une campagne de manifestations de rue a constitué le plus grand défi depuis des années à l'emprise ferme du gouvernement populiste sur le pouvoir en Serbie.
Ce lundi près de 130 villes à travers le pays ont répondu à un appel à manifester.
Le président serbe Aleksandar Vučić, lors d'une conférence de presse conjointe lundi avec l'ex Premier ministre Miloš Vučević et la présidente du Parlement Ana Brnabić, a exhorté au dialogue avec les étudiants, déclarant que "nous devons faire baisser les tensions et commencer à nous parler."
Un blocage de 24h
Hier des étudiants serbes en grève ont bloqué pendant 24 heures un carrefour important de la capitale, Belgrade, renforçant ainsi la pression sur les autorités populistes à la suite de l'effondrement d'une canopée de la gare de Novi Sad qui a fait 15 morts en novembre.
Par le passé, les étudiants ont refusé de rencontrer Vučić, affirmant que le président n'était pas autorisé par la constitution à discuter avec eux.
"Toute forme de crise pose un grave problème pour notre économie", a déclaré Vučić. "Une telle situation dans la société n'est bonne pour personne".
Vučić a dû faire face à des accusations de restriction des libertés démocratiques alors qu'il cherche officiellement à obtenir l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne. Il a accusé les étudiants de travailler pour des puissances étrangères non spécifiées afin d'évincer le gouvernement.
Le président a cependant déclaré qu'il était prêt à gracier ceux qui voulaient éviter des poursuites pénales.
Commentant les demandes, qui comprennent l'abandon des charges contre les personnes arrêtées et détenues pendant les manifestations, Aleksandar Vučić a déclaré : "Nous avons attendu que le bureau du procureur rejette certaines des accusations criminelles, car il y a des soupçons raisonnables qu'ils ont commis des crimes. S'il n'y a pas d'autre solution, je suis prêt à signer une grâce pour ceux qui le souhaitent, conformément à la loi. Je le ferai au plus tard mercredi".
Dans un discours public prononcé depuis le Palais de Serbie, le président a déclaré que les bureaux des procureurs généraux avaient engagé des poursuites pénales contre 37 personnes pour des attaques contre des étudiants et des professeurs, notant que cela répondait à la deuxième demande des étudiants.
En outre, Vučić a déclaré que tous les documents relatifs à la récente reconstruction de la gare principale de Novi Sad ont été publiés.
Plusieurs incidents ont marqué les manifestations de rue au cours des dernières semaines, notamment des conducteurs fonçant dans la foule, lorsque deux jeunes femmes ont été blessées.
Lundi, la police de la route a sécurisé le barrage des étudiants afin d'éviter tout incident similaire. Les étudiants protestataires ont installé des tentes sur le site de la manifestation, qui est une artère clé pour les banlieusards de la ville et qui se trouve en direction de la principale autoroute nord-sud.
Certains étudiants ont joué au volley-ball, d'autres se sont assis sur des couvertures sur le trottoir ou se sont promenés par cette chaude journée. Les étudiants ont également observé un silence commémoratif quotidien de 15 minutes à 11h52, heure à laquelle l'auvent d'une gare de Novi Sad s'est écrasé le 1er novembre.
En Serbie, nombreux sont ceux qui pensent que l'immense auvent en béton s'est effondré en raison de travaux de reconstruction médiocres dus à la corruption.
Les procureurs serbes ont engagé des poursuites contre 13 personnes, dont un ministre et plusieurs fonctionnaires. Mais l'ancien ministre de la Construction Goran Vesić a été remis en liberté, ce qui alimente les doutes quant à l'indépendance de l'enquête.
La principale gare ferroviaire de Novi Sad a été rénovée à deux reprises ces dernières années dans le cadre d'un accord d'infrastructure plus large conclu avec des entreprises publiques chinoises.