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Cinquième nuit de manifestations en soutien au maire d'Istanbul Ekrem İmamoğlu

Un manifestant pulvérise du feu contre des policiers anti-émeutes lors d'une manifestation après l'arrestation et l'incarcération du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, Istanbul, Turquie, dimanche 23 mars 2025.
Un manifestant pulvérise du feu contre des policiers anti-émeutes lors d'une manifestation après l'arrestation et l'incarcération du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, Istanbul, Turquie, dimanche 23 mars 2025. Tous droits réservés  Huseyin Aldemir/Copyright 2025 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Huseyin Aldemir/Copyright 2025 The AP. All rights reserved
Par Jean-Philippe Liabot & Euronews avec AP
Publié le Mis à jour
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Des manifestations ont éclaté ce mercredi après l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, à la suite d'une descente à l'aube dans sa résidence, les autorités enquêtant sur des allégations de corruption et de terrorisme.

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La foule s'est rassemblée devant l'hôtel de ville d'Istanbul pour une cinquième nuit consécutive de manifestations, depuis l'arrestation d'Ekrem İmamoğlu mercredi.

Chaque jour ils demandant la libération immédiate du maire et accusent le président Recep Tayyip Erdoğan de cibler délibérément İmamoğlu pour des raisons politiques.

M. İmamoğlu, considéré comme l'un des principaux rivaux politiques de M. Erdoğan, devait être désigné comme candidat du CHP à la présidence lors de la toute première primaire du parti, qui avait lieu dimanche. La prochaine élection présidentielle est actuellement prévue pour 2028.

Des affrontements ont éclaté lorsque des manifestants ont lancé des fusées éclairantes et des pierres sur les unités anti-émeutes déployées pour maintenir l'ordre dans la zone. La police a réagi en utilisant du gaz lacrymogène pour disperser la foule.

Ces arrestations interviennent un jour après que des centaines de milliers de personnes ont manifesté devant le tribunal où İmamoğlu était interrogé samedi.

Le ministre turc de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a déclaré que 323 personnes avaient été arrêtées lors des manifestations de samedi. Il a promis une politique de "tolérance zéro" à l'égard de ceux qui menacent "la paix et la sécurité du peuple" et qui "provoquent ou incitent au chaos".

Des policiers anti-émeutes utilisent du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants,dimanche 23 mars 2025.
Des policiers anti-émeutes utilisent du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants,dimanche 23 mars 2025. Huseyin Aldemir/Copyright 2025 The AP. All rights reserved

Tôt dimanche, un tribunal a formellement arrêté le maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, et a ordonné son emprisonnement dans l'attente de l'issue d'un procès pour corruption.

Le bureau du procureur a déclaré que le tribunal avait décidé d'emprisonner İmamoğlu, soupçonné de diriger une organisation criminelle, d'accepter des pots-de-vin, de pratiquer l'extorsion, d'enregistrer illégalement des données personnelles et de truquer des appels d'offres.

Le tribunal a rejeté une demande d'emprisonnement du maire d'Istanbul pour des accusations liées au terrorisme, bien qu'il fasse toujours l'objet de poursuites. Les procureurs accusent Ekrem İmamoğlu d'avoir "aidé le Parti des travailleurs du Kurdistan" (PKK).

Le tribunal a déclaré que "bien qu'il y ait de forts soupçons qu'İmamoğlu aide une organisation terroriste armée, puisqu'il a déjà été décidé qu'il serait arrêté pour des délits financiers, (son arrestation) n'est pas jugée nécessaire à ce stade".

Un homme porte une banderole avec une photo du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu le 19 mars 2025
Un homme porte une banderole avec une photo du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu le 19 mars 2025 Francisco Seco/Copyright 2025 The AP. All rights reserved.

Le maire d'Istanbul a été transféré à la prison de Silivri, à l'ouest de la ville, après la décision du tribunal. 47 autres personnes ont également été incarcérées dans l'attente d'un procès aux côtés d'İmamoğlu, dont un assistant clé et deux maires de district - Murat Calik et Resul Emrah Sahan - représentant les provinces de Beylikduzu et de Sisli à Istanbul.

Le ministère de l'Intérieur a ensuite annoncé que M. İmamoğlu avait été suspendu de ses fonctions à titre de "mesure temporaire". Son remplacement sera décidé lors d'élections internes au sein des conseils municipaux, où le Parti républicain du peuple (CHP) d'İmamoğlu détient la majorité.

L'ombre d' Erdoğan

Samedi, quelques heures avant l'arrestation formelle d' İmamoğlu par le tribunal, Recep Tayyip Erdoğan s'est attaqué à la crise intérieure en cours.

S'exprimant lors d'un dîner Iftar (repas musulman de rupture du jeûne pendant le mois sacré du Ramadan), le président Erdogan a appelé le CHP à ne pas faire pression sur le système judiciaire turc alors qu'il enquête sur les infractions potentielles des personnes impliquées dans les enquêtes sur la corruption et le terrorisme.

"Si vous avez le courage, laissez la démocratie et la loi fonctionner. Si vous avez le courage, laissez les tribunaux prendre leurs décisions au nom de la nation turque sans aucune pression", a déclaré M. Erdogan.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan
Le président turc Recep Tayyip Erdogan Achmad Ibrahim/Copyright 2025 The AP. All rights reserved.

Il a également tiré à boulets rouges sur le parti, l'accusant d'inciter à la violence et à l'anarchie. Il a réaffirmé que personne en Turquie n'est en dehors du champ d'application de la loi, ajoutant qu'aucune "minorité privilégiée" n'a la liberté de commettre des crimes.

Il a également promis de ne faire preuve d'aucune tolérance à l'égard des membres du CHP qui perturbent l'ordre civique et inspirent des divisions inutiles au sein de la population de 86 millions d'habitants.

"Quoi que fasse l'opposition, nous ne nous écarterons pas du bon sens, de la patience et de la paix. Nos municipalités serviront le peuple sans s'engager dans la corruption".

M. Erdogan a également critiqué le parti et son président, Ozgur Ozel, soulignant que le CHP ne serait pas considéré comme un parti politique tant qu'il ne se serait pas débarrassé des "voleurs et des pilleurs", tout en qualifiant le parti de parti dirigé par des dirigeants "aveuglés par l'argent".

"Ozel ne doit pas chercher bien loin les voleurs. Ils sont autour de lui", a déclaré M. Erdogan. Il a également mis le CHP au défi de répondre directement aux allégations contenues dans l'affaire, au lieu de recourir à une rhétorique populiste pour provoquer le chaos.

"Ils ne peuvent pas répondre aux allégations dans l'affaire, alors ils essaient de distraire les gens. Ils savent très bien que d'autres faits seront révélés".

Primaires du CHP : des "bulletins de solidarité"

L'arrestation officielle a eu lieu alors que plus de 1,7 million de membres du parti d'opposition CHP ont commencé à organiser une élection présidentielle primaire pour soutenir Imamoglu, et le désigner comme leur candidat.

Le parti a également mis en place des urnes symboliques dans tout le pays pour permettre aux personnes qui ne sont pas membres du parti d'exprimer leur soutien au maire. Une foule nombreuse s'est rassemblée tôt dimanche pour déposer un "bulletin de solidarité".

"Ce n'est plus seulement un problème du Parti républicain du peuple, mais un problème de la démocratie turque", a déclaré Fusun Erben, 69 ans, dans un bureau de vote du quartier de Kadikoy, à Istanbul. "Nous n'acceptons pas que nos droits soient si facilement usurpés. Nous nous battrons jusqu'au bout.

Des personnes votent dans un bureau de vote du Parti républicain du peuple (CHP) lors d'une élection symbolique en signe de solidarité avec le maire d'Istanbul,
Des personnes votent dans un bureau de vote du Parti républicain du peuple (CHP) lors d'une élection symbolique en signe de solidarité avec le maire d'Istanbul, Huseyin Aldemir/Copyright 2025 The AP. All rights reserved

Au moment de la manifestation de dimanche soir, le décompte des voix avait atteint environ 15 millions de personnes, dont un peu plus de 13 millions étaient des non-membres du parti qui avaient voté par solidarité.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux, M. İmamoğlu a salué le résultat obtenu à la prison de Silivri, écrivant que le peuple avait dit à M. Erdogan que "trop c'est trop". "L'urne arrivera, et la nation donnera une gifle à l'administration qu'elle n'oubliera jamais."

L'historique des affaires criminelles d'Ekrem İmamoğlu

Avant sa détention, M. İmamoğlu avait déjà fait l'objet de plusieurs affaires pénales susceptibles d'aboutir à des peines de prison et à une interdiction d'exercer une activité politique. Il fait actuellement appel d'une condamnation datant de 2022 pour avoir insulté des membres du Conseil électoral suprême de Turquie.

Une banderole de soutien au maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu,  le March 20, 2025
Une banderole de soutien au maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, le March 20, 2025 Emrah Gurel/Copyright 2025 The AP. All rights reserved

En début de semaine, l'université d'Istanbul a annulé son diplôme, invoquant des irrégularités dans son transfert de 1990 d'une université privée du nord de Chypre. Cette décision, si elle est maintenue, l'empêcherait de se présenter à l'élection présidentielle, qui, selon la loi turque, exige des candidats qu'ils aient fait des études supérieures. Il prévoit également de faire appel de cette décision.

Réactions nationales et internationales à l'ordre d'arrestation du tribunal

"Honnêtement, nous sommes embarrassés au nom de notre système juridique", a déclaré aux journalistes le maire d'Ankara, Mansur Yavas, membre du CHP d'İmamoğlu, après avoir voté, critiquant le manque de confidentialité de la procédure.

Le leader du CHP, Ozgur Ozel, a déclaré que l'emprisonnement d'İmamoğlu rappelait les "méthodes de la mafia italienne". S'exprimant à l'hôtel de ville d'Istanbul, il a ajouté : "İmamoğlu est d'une part en prison et d'autre part en route vers la présidence".

Le Conseil de l'Europe, qui se consacre à la promotion des droits de l'homme et de la démocratie, a condamné cette décision et exigé la libération immédiate d'İmamoğlu.

Le gouvernement allemand a qualifié l'emprisonnement du maire de "grave revers pour la démocratie en Turquie", ajoutant que "la compétition politique ne doit pas être menée avec des tribunaux et des prisons".

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