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Gaza: "La faim et la nourriture sont instrumentalisées", dénonce Philippe Lazzarini, chef de l'UNRWA

Les Palestiniens font la queue pour un repas à Rafah, 21 décembre 2023
Les Palestiniens font la queue pour un repas à Rafah, 21 décembre 2023 Tous droits réservés  AP Photo
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Par Mared Gwyn Jones & Jesse Dimich-Louvet & Nathan Joubioux
Publié le Mis à jour
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Philippe Lazzarini, chef de l'Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, a déclaré que Donald Trump dispose d'un levier pour "changer la situation" à Gaza. Il dit craindre que le territoire ne cesse d'être une "terre où les Palestiniens peuvent vivre" si Israël poursuit son offensive.

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"Nous prendrons le contrôle de tout le territoire de la bande. Nous ne cédons pas. Mais pour réussir, il faut agir de manière à ce qu’on ne nous arrête pas." Lundi 19 mai, Benjamin Netanyahu a franchi un nouveau cap dans sa guerre contre le Hamas, en assurant prendre "le contrôle de tout le territoire" palestinien lors d'une opération sans précédent. Israël a également demandé aux Palestiniens d'évacuer le nord de la bande de Gaza.

Des déclarations qui ont fait réagir le commissaire général de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, qui en appelle au président américain. "Je crois vraiment que Donald Trump a l'influence nécessaire pour changer la situation à Gaza et faire en sorte que le siège soit levé et que la population ait accès à l'aide qu'elle mérite", a-t-il déclaré à Euronews.

La pression que peuvent mettre les États-Unis sur leur allié Israël a déjà fonctionné. Pour preuve, l'État hébreu a autorisé l'entrée de neuf camions humanitaires dans la bande de Gaza, après les "pressions" exercées par ses alliés, dont Washington, qui ne pouvaient plus continuer à soutenir une offensive tant que des "images de famine" provenaient de Gaza.

Il s'agit des premiers camions d'aide humanitaire à entrer dans l'enclave palestinienne depuis onze semaines. Depuis début mars, Israël impose un blocus total du territoire palestinien, accusant le Hamas de s'approprier l'aide humanitaire. Mais les dizaines de camions qui seront autorisés à entrer dans Gaza dans les prochains jours sont "une goutte d'eau dans l'océan", a dénoncé Philippe Lazzarini.

Un responsable israélien a déclaré que les camions transporteraient des produits "actuellement en pénurie" à Gaza, notamment des aliments pour bébés, de la farine et des médicaments.

Une aide israélienne largement insuffisante

Philippe Lazzarini a exprimé son "indignation" face à ce qu'il a décrit comme une situation "fabriquée" par Israël. "Tout d'abord, il est scandaleux que nous soyons confrontés à une situation de famine à Gaza. Il s'agit d'une situation complètement inventée. Nous sommes dans une situation où la faim et la nourriture sont instrumentalisées à des fins politiques et militaires", a déclaré le chef de l'UNRWA.

"Ce qu'il faut à Gaza, c'est une aide massive, sans entrave et ininterrompue pour s'assurer que nous inversons la situation", a-t-il ajouté.

Le commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, s'exprime lors d'une interview avec l'Associated Press à Beyrouth, le 6 février 2025.
Le commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, s'exprime lors d'une interview avec l'Associated Press à Beyrouth, le 6 février 2025. AP Photo

Pour répondre à l'urgence, Israël a annoncé un nouveau plan, soutenu par les États-Unis. Il a pour objectif d'utiliser une organisation caritative et des entreprises privées pour distribuer l'aide à Gaza à partir de nouveaux centres, qui devraient être opérationnels d'ici la fin de la semaine.

Mais ce plan a été fermement rejeté par les Nations unies pour violation du principe de neutralité de l'aide humanitaire.

Philippe Lazzarini a assuré que ce plan "couperait l'aide aux plus vulnérables" et provoquerait "le déplacement forcé de la population au moment où une opération militaire de grande envergure est également en cours".

Un avis partagé par le directeur de l'organisation caritative à l'origine de ce projet. Ce dernier a reconnu qu'il ne serait pas en mesure de nourrir les civils les plus vulnérables, qui devraient parcourir de longues distances à pied et transporter des caisses de fournitures pesant jusqu'à 20 kg.

L'accord UE-Israël révisé ?

Les ministres européens des Affaires étrangères devraient discuter d'une réponse plus ferme à la situation, ce mardi, à Bruxelles. Ils discuteront, notamment, d'une proposition néerlandaise (article en anglais) visant à revoir l'accord UE-Israël qui régit le commerce et la coopération entre les deux parties. Selon Caspar Veldkamp, ministre néerlandais des Affaires étrangères, la décision d'autoriser une aide limitée à Gaza est "inadéquate et insuffisante".

Cette proposition, soutenue par au moins dix États membres de l'UE, devrait être "examinée" afin de contrôler le respect par Israël du droit humanitaire international, a déclaré Philippe Lazzarini.

Ce mardi, Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a dénoncé la politique israélienne, affirmant que Gaza est devenu "un mouroir, pour ne pas dire un cimetière". "Cela doit cesser parce que chacun s’en rend compte, c’est une atteinte profonde à la dignité de la personne humaine, c’est une violation absolue de toutes les règles du droit international et c’est contraire à la sécurité d’Israël", a-t-il assuré sur France Inter, indiquant que la France est toujours déterminée à reconnaître un État palestinien.

Des camions transportant de l'aide humanitaire pour la bande de Gaza sont vus au point de passage de Kerem Shalom dans le sud d'Israël, 19 mai 2025.
Des camions transportant de l'aide humanitaire pour la bande de Gaza sont vus au point de passage de Kerem Shalom dans le sud d'Israël, 19 mai 2025. AP Photo

Gaza bientôt inhabitable, alerte Philippe Lazzarini

Philippe Lazzarini a également qualifié de "dystopiques" les plans d'Israël pour l'avenir de Gaza et, préoccupé par l'absence de zones de sécurité, il a laissé entendre que les Palestiniens pourraient ne plus avoir d'endroit où vivre à Gaza si l'offensive se poursuivait.

L'un des plans activement envisagés par le gouvernement Netanyahu, dont Euronews a eu connaissance en exclusivité, suggère que les Forces terrestres israéliennes pourraient prendre le contrôle de la bande de Gaza dans un premier temps, en imposant potentiellement la loi martiale.

"Ce que je vois pour l'instant, c'est la poursuite de la destruction, des morts et des assassinats de Palestiniens à Gaza. Je crains que nous n'arrivions à un point où Gaza ne sera plus une terre où les Palestiniens pourront vivre", a déclaré le chef de l'UNRWA.

Les Palestiniens déplacés fuient Khan Younis, 19 mai 2025.
Les Palestiniens déplacés fuient Khan Younis, 19 mai 2025. AP Photo

Jusqu'à présent, l'UNRWA a été le principal fournisseur d'aide aux Palestiniens de Gaza et de la région, mais il lui a été interdit d'opérer dans les territoires palestiniens en vertu de la législation israélienne entrée en vigueur en janvier.

Israël affirme que les opérations de l'UNRWA à Gaza sont inévitablement compromises par le Hamas et qu'il dispose de nombreuses preuves de l'"infiltration" de l'agence par des militants du Hamas. Dix-neuf membres du personnel de l'UNRWA ont été licenciés l'année dernière en raison de leur implication présumée dans les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre.

Philippe Lazzarini a défendu la politique de "non-tolérance" de l'agence, affirmant qu'elle "n'a jamais reçu d'informations fondées" de la part d'Israël concernant ses allégations.

Israël a également déclaré que son blocus était nécessaire parce que le Hamas "pillait" et "monnayait" les fournitures entrant dans la bande de Gaza. Des accusations, encore une fois, sans fondement, a affirmé Philippe Lazzarini, qui a indiqué qu'aucune agence de l'ONU n'avait constaté de "détournement à grande échelle" de nourriture. Il affirme également qu'aucun pillage n'a été observé parmi la population lorsqu'il n'y avait "pas assez de nourriture qui entrait dans la bande de Gaza".

"Rien ne justifie que nous utilisions de la nourriture ou que nous privions une population entière d'accès à la nourriture au point de l'affamer", a conclu Philippe Lazzarini.

Selon l'Unicef, plus de 52 900 Palestiniens ont été tués au cours des dix-neuf derniers mois, dont plus de 15 600 enfants.

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