Une vidéo, largement relayée par plusieurs personnalités de premier plan, montre en réalité une manifestation contre la loi anti-corruption que Volodymyr Zelensky souhaitait faire adopter.
Des personnalités de premier plan partagent, sur les réseaux sociaux, une vidéo qui, selon elles, montre des Ukrainiens se rassemblant pour protester contre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et sa gestion de la guerre menée par la Russie.
Par exemple, Marjorie Taylor Greene, une figure américaine d'extrême droite, a posté la vidéo sur X en déclarant que d'énormes manifestations avaient éclaté à Kyiv contre Volodymyr Zelensky, car "c'est un dictateur et qu'il refuse de faire la paix avec Moscou".
Elle exhorte également les Ukrainiens à démettre Volodymyr Zelensky de ses fonctions et demande aux États-Unis de cesser de soutenir l'Ukraine. Mardi matin, son message a été vu plus de quatre millions de fois, et cumulait des dizaines de milliers de partages et de mentions "j'aime".
Cependant, chacune de ses affirmations est factuellement fausse.
Une mobilisation contre un loi anti-corruption
Tout d'abord, une recherche d'images inversées nous renseigne sur la véritable raison de la mobilisation. Cette manifestation est effectivement récente et s'est bien déroulée à Kyiv, mais elle n'était pas dirigée contre Volodymyr Zelensky. En réalité, les Ukrainiens s'opposaient à une loi controversée qui risquait d'affaiblir les organes de surveillance anti-corruption de l'Ukraine.
Les détracteurs de cette loi ont fait valoir qu'elle compromettait effectivement l'indépendance du Bureau national de lutte contre la corruption (NABU) et du Bureau du procureur spécial de lutte contre la corruption (SAPO), dans la mesure où ils deviendraient dépendants du procureur général, nommé par le pouvoir politique.
Volodymyr Zelensky a expliqué que cette loi avait pour objectif de protéger les agences de l'espionnage russe, après que des fonctionnaires du NABU ont été arrêtés. Ces derniers étaient soupçonnés d'entretenir des liens avec le Kremlin.
Mais cette loi a suscité des nombreuses protestations à travers le pays. Les Ukrainiens craignaient qu'elle ne permette au gouvernement de peser sur des enquêtes qui devaient être menées de manière indépendante.
Le projet de loi a également attiré l'attention de Bruxelles. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a demandé à Volodymyr Zelensky de s'expliquer sur ce texte législatif. Et pour cause, la candidature de l'Ukraine à l'adhésion à l'Union européenne repose sur un certain nombre de critères, dont le renforcement de la lutte contre la corruption.
En réponse aux protestations et après avoir discuté avec Ursula von der Leyen, le chef d'État ukrainien a fait marche arrière. Il a alors présenté un nouveau projet de loi visant à rétablir la liberté des agences anti-corruption, affirmant que cela renforçait l'ordre public et garantissait l'indépendance du NABU et du SAPO. "Il est important que nous maintenions l'unité", avait alors déclaré le président.
Zelensky, élu démocratiquement
Quant à l'affirmation de Marjorie Taylor Greene selon laquelle Volodymyr Zelensky est un dictateur, elle est totalement dénuée de fondement et a été démentie à de nombreuses reprises. Le président ukrainien a été élu démocratiquement avec une majorité significative et l'Ukraine est maintenant sous la loi martiale en raison de l'invasion de la Russie, interdisant, de fait, les élections.
En outre, Volodymyr Zelensky n'a jamais rejeté la paix avec la Russie. Au contraire, il a toujours cherché à engager des pourparlers de paix avec Moscou. Mais il s'est opposé à ce qu'il considère comme des exigences déraisonnables qui portent atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine.