Rachat de Twitter par Elon Musk : quel avenir pour la plateforme ?

Elon Musk, PDG de Tesla et homme le plus riche du monde.
Elon Musk, PDG de Tesla et homme le plus riche du monde. Tous droits réservés AP / Euronews Next via Canva
Par Tom BatemanReuters, AP, traduit par Ophélie Barbier
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Le milliardaire américain Elon Musk a racheté le réseau social Twitter pour 44 milliards de dollars. Que va-t-il advenir, désormais, de la plateforme numérique ?

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L'homme le plus riche du monde, Elon Musk, a racheté le réseau social Twitter ce lundi, pour plus de 40 milliards de dollars.

Le conseil d’administration de la plateforme médiatique a accepté l'offre d’Elon Musk au prix de 54,20 dollars (50,76 euros) par action - soit un total de 44 milliards de dollars (soit 41,05 milliards d’euros) - pour un contrôle à 100% de la société.

Toute reprise sera soumise à un contrôle préalable de la part de l’homme d’affaires et des actionnaires actuels de Twitter, qui voteront pour vendre leurs parts au prix qu’Elon Musk propose. Si les actionnaires de l’entreprise acceptent de vendre ces parts, alors le réseau social, qui est coté en bourse depuis 2013, appartiendra intégralement à Elon Musk.

Voici ce qu’il risque d’arriver...

Ce que souhaite Elon Musk

Dans un communiqué annonçant cette acquisition, Elon Musk a souligné son engagement pour la liberté d’expression, qui représente pour lui “le socle du fonctionnement de la démocratie”. “Twitter est un espace digital où les sujets vitaux du futur de l’humanité sont débattus", a-t-il ajouté.

Bien que les détails soient minces, le nouvel acheteur a laissé entendre que certains changements potentiels auront lieu à l’avenir. Le milliardaire a par exemple souligné sa volonté de rendre les algorithmes de Twitter publics, dans l’objectif d'accroître la transparence de la plateforme.

L’une des ambitions d’Elon Musk, à travers ces changements, est de “vaincre les robots de spam et d’authentifier tous les être humains” qui utilisent le réseau social. Cette mesure pourrait signifier que les utilisateurs de Twitter devront fournir des informations sur leur identité pour utiliser la plateforme numérique - démarche que l’entreprise refusait d'imposer auparavant, jugeant qu'elle n’aiderait pas à lutter contre les abus et le harcèlement.

“Ce geste prouve à quel point les fonctions de modération ont été efficaces pour contrarier ceux qui sont au pouvoir”, confie Kristen Martin, professeur en éthique des technologies à l’Université de Notre-Dame aux Etats-Unis. “Je suis inquiète du changement de valeurs que cela entraînera sur la plateforme”, ajoute-t-elle.

Sous la direction d’Elon Musk, qui se décrit lui-même comme un "absolutiste de la liberté d'expression", Twitter pourrait également assouplir ses politiques de modération du contenu. Interrogé lors d’une récente interview quant à sa vision de la “liberté d’expression”, Elon Musk a répondu que Twitter respecterait les lois nationales qui restreignent la liberté d'expression dans le monde.

Au-delà, le milliardaire a déclaré qu'il serait "très réticent" à supprimer des posts ou à bannir définitivement des utilisateurs qui violent les règles de la plateforme. "Twitter doit refléter au mieux la réalité de la liberté d'expression, car la parole doit être aussi libre que raisonnablement possible", a confié Elon Musk.

Donald Trump, de retour sur Twitter ?

La vision d’Elon Musk sur le fait de bannir des utilisateurs pourrait ouvrir la porte au retour de Donald Trump, l’ancien président des Etats-Unis. Utilisateur prolifique de Twitter avec plus de 90 millions d'abonnés, l’homme politique avait été banni de la plateforme en juillet 2021.

Alex Brandon/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.
Donald Trump, ancien président des Etats-Unis.Alex Brandon/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.

La suspension permanente de son profil est survenue deux jours après les émeutes du Capitole, durant lesquelles des soutiens du président républicain ont attaqué la police au siège du pouvoir législatif américain. La décision d'interdire à Donald Trump de tweeter était alors due au "risque de nouvelles incitations à la violence", tel que l'avait justifié le réseau social.

L'ex-président des Etats-Unis, lui-même, a affirmé qu’il ne retournerait pas sur Twitter, confiant aux médias américains ce lundi qu’il était engagé sur sa propre plateforme digitale, controversée, appelée Truth Social. “Je n’irai pas sur Twitter, je vais rester sur Truth”, a affirmé Donald Trump sur Fox News. “J’espère qu’Elon achète Twitter car il compte faire des améliorations sur la plateforme. C’est un homme bon, mais je vais rester sur Truth”, a-t-il ajouté.

Inquiétude au sein des équipes

La question de Donald Trump faisait partie des nombreuses interrogations restées sans réponse lors d'une discussion interne à l'ensemble de l'entreprise, destinée au personnel de la plateforme.

Beaucoup, chez Twitter, font désormais face à un propriétaire potentiel qui les a publiquement dénigré, dénigré leurs familles, leurs amis, leurs communautés
Un employé de Twitter

Quelques heures après l’annonce de l’accord entre Elon Musk et Twitter, les employés de l’entreprise ont demandé au PDG Parag Agrawal s’ils allaient perdre leur emploi et si la politique de modération de la plateforme allait changer. “Une fois l’affaire conclue, nous ne savons pas quelle direction prendra la plateforme”, a répondu le PDG.

“Quand nous aurons l’opportunité de discuter avec Elon, c’est une question que nous lui adresserons”, a indiqué Parag Agrawal, avant d'assurer à ses employés qu'aucun plan de licenciement n'était prévu. Bret Taylor, président du conseil d’administration de Twitter, a alors tenté de rassurer le personnel de Twitter en précisant que l’accord avec Elon Musk donnerait la priorité à la “continuité opérationnelle", jusqu’à ce que l'affaire soit conclue.

AFP PHOTO / COURTESY OF TWITTER
Le PDG de Twitter, Parag Agrawal.AFP PHOTO / COURTESY OF TWITTER

Cependant, Parag Agrawal a reconnu que le futur de la plateforme était “incertain”, après le rachat du milliardaire américain. Certains membres du personnel ont pris la parole sur Twitter pour exprimer publiquement leur désapprobation à l'égard du rachat d’Elon Musk, qui laisse présager une vague de départs, si l'accord est conclu.

“Beaucoup, chez Twitter, font désormais face à un propriétaire potentiel qui les a publiquement dénigré, dénigré leurs familles, leurs amis, leurs communautés - un peu comme une brute de cour d’école”, a écrit un responsable de l’ingénierie sur le réseau social.

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Jack Dorsey, co-fondateur de la plateforme, approuve ce rachat

Le co-fondateur de Twitter Jack Dorsey, membre du conseil d’administration et ancien PDG de l’entreprise, a approuvé le rachat d’Elon Musk ce lundi, qui permettra selon lui de “reprendre l’entreprise à Wall Street”.

En principe, je ne crois pas que quiconque devrait posséder ou gérer Twitter. Cela doit être un bien public, non pas une entreprise. Mais, pour résoudre le problème de la transformation en entreprise, le rachat d'Elon Musk est la seule solution en laquelle je crois", a-t-il déclaré. "J'ai confiance en sa mission de générer une prise de conscience globale", a ajouté Jack Dorsey, qui considère Twitter comme un lieu d'échange et d'ouverture d'esprit sans limite.

Twitter, en route vers un nouvelle direction

Un dépôt de titres, publié le 14 avril lorsqu'Elon Musk a fait son offre d'achat, a révélé que le milliardaire n'avait pas confiance en la direction actuelle de l'entreprise. "Si l'accord ne fonctionne pas, étant donné que je n'ai pas confiance en la direction et que je ne pense pas pouvoir conduire le changement nécessaire sur le marché public, je devrai reconsidérer ma position en tant qu'actionnaire", a prévenu le PDG de Tesla.

Ce manque de confiance pourrait conduire le patron actuel, Parag Agrawal, qui n'est devenu PDG de Twitter qu'en novembre dernier, à se retirer seulement une fois qu’Elon Musk aura finalisé son acquisition. En effet, Parag Agrawal, qui était auparavant directeur de la technologie de l'entreprise, a gagné plus de 30 millions de dollars (28 millions d'euros) en 2021, en grande partie sous forme d'actions.

Selon les estimations du cabinet d'études Equilar, il pourrait recevoir une indemnité de départ d'une valeur d'environ 42 millions de dollars (39,2 millions d'euros) s'il devait se retirer dans les 12 mois suivant sa nomination au poste de PDG. Parag Agrawal n'a pas encore commenté publiquement l'accord, au-delà d'une brève déclaration publiée lundi : “Twitter a un objectif et une pertinence qui impactent le monde entier. Je suis profondément fier de nos équipes et j’ai été impressionné par leur travail qui n’a jamais été aussi important”.

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