Le PDG et cofondateur de H Company Charles Kantor s'est entretenu avec Euronews Next au sujet des nouveaux modèles, des raisons pour lesquelles les humains auront le dernier mot et de l'avenir de l'IA.
La start-up française d'intelligence artificielle (IA) H Company voit grand. Mardi 3 juin, elle a présenté trois nouveaux agents d’IA. "Nous sommes tous dans la course agentique, c’est notre chemin. Nous sommes même potentiellement en avance avec de très bons résultats dans les technologies d’utilisation informatique", a déclaré Charles Kantor, PDG et co-fondateur de l'entreprise, à Euronews Next.
Les promesses sont donc nombreuses pour une entreprise qui a réussi à lever des centaines de millions d'euros d'investissement avant même de sortir son premier produit. Car les modèles d'IA agentiques, ou agents d'IA, ne se contentent pas de traiter des informations, mais tentent également de planifier et d'accomplir des tâches et de résoudre des problèmes.
Cependant, Charles Kantor se veut réaliste. Les humains seront "toujours au centre" de leurs modèles d'IA.
Quels sont les trois modèles ?
H Company a déclaré que les trois modèles, appelés Runner H, Tester H et Surfer H, reflètent la vision de l'entreprise pour une "IA de confiance, orientée vers l'action, qui permet d'exécuter des tâches au-delà des chatbots traditionnels".
Runner H permet aux utilisateurs d'automatiser les flux de travail et de rationaliser les tâches. Charles Kantor a déclaré qu'il s'agissait d'une "version plus avancée de Manus (article en anglais)", en référence à l'agent d'intelligence artificielle chinois. Il est destiné à un usage grand public.
Surfer H permettra, de son côté, de surfer sur le web et de naviguer dans les environnements de navigation. L'entreprise affirme que le modèle a atteint une précision d'achèvement des tâches de 92,2 % sur le benchmark WebVoyager, à 0,13 $ (0,11 €) par tâche. C'est beaucoup moins cher que les concurrents, tels que l'agent Operator d'OpenAI, qui coûte 200 $ (175 €) par mois pour son plan d'abonnement Pro.
"Il s'agit presque d'un agent qui agit en votre nom, en utilisant les capacités de planification et de visualisation pour reconnaître les interfaces, cliquer, faire défiler, agir, rechercher des informations…", poursuit le PDG.
Enfin, Tester H est le dernier modèle, qui est davantage destiné aux entreprises et dont l'une des principales fonctions est le test de logiciels. Mais il peut aussi répondre intelligemment aux mails, est-il précisé. "Vous pouvez demander à l'agent de lire vos courriels récents et il peut rédiger des réponses type. Mais l'agent n'appuiera pas sur le bouton d'envoi. Seul un humain peut le faire."
Tous les modèles sont formés sur des données synthétiques, ce qui signifie qu'ils utilisent des données générées artificiellement et conçues pour imiter les données du monde réel, ce qui permet à l'entreprise de respecter les règles européennes sur la protection des données.
"Les agents IA, au cœur de nombreux domaines"
H Company a fait une entrée fracassante sur le marché, l'année passée. Charles Kantor était professeur à l'université de Stanford, tandis que les autres cofondateurs venaient de DeepMind. Rapidement, la start-up a trouvé des investissements, avec Bernard Arnault, PDG de LVMH, Xavier Niel, fondateur d'Iliad, Eric Schmidt, ancien PDG de Google, ou avec Amazon et Samsung.
Mais quelques mois seulement après le lancement, trois des cofondateurs (Daan Wierstra, Karl Tuyls et Julien Perolat) ont démissionné en raison de "divergences opérationnelles", a indiqué l'entreprise dans un message publié sur LinkedIn.
Pour Charles Kantor, la situation entourant leur départ appartient au "passé". "Nous avons eu ce genre de désalignement stratégique, mais ils sont maintenant des ambassadeurs de l'entreprise, et la vision de H Company est vraiment claire", a déclaré celui qui veut être "à la pointe de la technologie en termes de modèles d'action et d'espace agentique". "Nous voulons que cette technologie profite à l'humanité", a-t-il ajouté.
L'entreprise compte aujourd'hui environ 70 employés à Paris et au Royaume-Uni et dispose d'un important département de recherche et d'ingénierie.
Pour Charles Kantor, l'IA agentique est la prochaine phase de l'IA, qui sera vitale pour l'IA physique, dont NVIDIA a longuement parlé il y a deux semaines (article en anglais). "Nous allons voir beaucoup d'entreprises prospérer dans le monde entier, mais aussi en France, dans le domaine de la robotique. Je pense que l'IA agent sera le cœur de nombreux domaines. La partie logicielle de la robotique sera basée sur l'agentivité, la super-intelligence. Les opportunités sont nombreuses", a conclu Charles Kantor.