Législatives en Hongrie : Viktor Orban plébiscité

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Par Euronews
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Viktor Orban était donné favori de ces législatives à un seul tour. Qu’il l’emporte et signe pour un second mandat consécutif à la tête du gouvernement hongrois ne surprend guère. L’ampleur de sa victoire est ce que l’on va désormais guetter au fil des heures.

Après dépouillement de 87% des bulletins de vote, son parti, le Fidesz, est crédité de 44.8% des suffrages, ce qui lui confère une avance de 19 points sur l’alliance de la gauche pilotée par les socialistes. Le parti d’extrême-droite Jobbik recueillerait quant à lui environ 21% des suffrages, soit quatre points de plus qu’en 2010. Enfin le parti écologiste indépendant LMP obtiendrait plus de 5% des voix. S’il se maintient au-dessus de la barre des 5%, certains de ses membres entreront au Parlement.

Pour l’heure, les projections de la commission électorale donnent 134 sièges au Fidesz, 39 à l’alliance de gauche et 26 à Jobbik, le parti d’extrême-droite qui espérait devenir la deuxième force politique du pays.

A 50 ans, le chef de file des conservateurs, qui avait mis en avant son bilan économique durant la campagne électorale, se dirige ainsi vers une victoire écrasante.

« La Hongrie s’en sort mieux »

« Nous avons transformé et rénové la Hongrie, nous avons fait de l’ancienne voiture aux pneus crevés une voiture de course », a claironné ces derniers mois celui qui avait choisi comme slogan « la Hongrie s’en sort mieux ».
Dans la poursuite de ces objectifs, Viktor Orban n’a pas rechigné à mettre en œuvre des mesures populistes.

Les hongrois ont notamment vu leurs dépenses en gaz et en électricité s’amoindrir en 2013, le secteur de l’énergie procédant à une diminution de ses tarifs de 20% en 2013 (10% en janvier et 10% en novembre). Citons également la baisse des taux d’intérêt bancaires pour ce qui concerne les prêts personnels ou la hausse des salaires des enseignants. « Oui, je suis populiste, a clamé Viktor Orban, si être populiste, c’est dire aux gens : je suis là pour améliorer votre vie ou encore, comme Abraham Lincoln, vouloir gouverner par le peuple et pour le peuple. »

Le Premier ministre sortant se targue de pouvoir compter sur de nombreux indicateurs positifs. La Hongrie est sortie de la récession en janvier 2013 et a enregistré 1.3% de croissance cette même année. Si, pour beaucoup, cette relance est portée par une production agricole exceptionnellement abondante, la Commission européenne et le FMI semblent confirmer la reprise en relevant leurs prévisions de croissance pour 2014 à 2%. Le taux de chômage s’établissait par ailleurs en 2013 à 10.2%, c’est le plus faible enregistré depuis 5 ans.

Si on devait qualifier la politique économique menée durant la précédente législature, il faudrait combiner nationalisme et libéralisme, dont plusieurs des ingrédients se sont chevauchés.
D’un côté, le Premier ministre a renforcé le rôle de l’Etat, élargissant au passage sa part dans le capital de nombreuses sociétés. Au prétexte de vouloir « défendre les familles hongroises des monopoles, des cartels et des bureaucrates de l’empire européen », le gouvernement de Viktor Orban a cherché à reprendre le contrôle sur les banques et les marchés, taxant davantage les investisseurs étrangers. De l’autre, il a illustré son rejet de l’assistanat par une suppression d’aides sociale, proposant par exemple aux chômeurs des travaux d’intérêt général.

Orban, qualifié d’ »autoritaire », en quête d’« un gouvernement fort »

Viktor Orban a toutefois été rappelé à l’ordre par Bruxelles, avec qui il entretient des relations tumultueuses. L’Union européenne l’accuse de malmener l’Etat de droit et la liberté de la presse. Il faut dire que l’homme fort du Fidesz a mis en place un système qui a accaparé toutes les institutions publiques hongroises, où il a placé ses fidèles. Grâce à sa majorité des deux tiers au Parlement, le Fidesz a par ailleurs pu adopter plus de 850 lois sans débats et modifier la constitution. Les contre-pouvoirs se sont estompés, entraînant en janvier 2012 des dizaines de milliers de hongrois dans la rue pour dénoncer la « dictature Orban ».

Le nombre de sièges de députés qui reviendra au Fidesz constitue ainsi un enjeu déterminant pour la démocratie en Hongrie. Maintenir la majorité des deux tiers assure à priori la continuité dans cette attribution controversée des pouvoirs. Viktor Orban espérait « voir une forte participation parce que cela donnera un gouvernement fort. » En 2010, les conservateurs avaient remporté 52.7% des voix.

Autre enjeu de ce scrutin, la progression du parti d’extrême-droite Jobbik. S’il ne dépasse pas la gauche à l’issue de ces résultats partiels, le « Mouvement pour une meilleure Hongrie », dirigé par l’ex- enseignant Gabor Vona, se maintient comme troisième force politique du pays et l’écart se resserre avec l’alliance de la gauche.
Avec sa rhétorique anti-européenne et ouvertement raciste, ciblant en particulier les Roms qui représentent environ 7% de la population en Hongrie, le parti promettait durant la campagne de réduire les impôts des plus pauvres, de créer des emplois, de lutter contre la criminalité ou encore d’organiser un referendum sur le maintien au sein de l‘Union européenne. Gabor Vona a déclaré dimanche soir être à la tête du parti radical devenu le plus fort d’Europe.

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