Intox et désinformation : comment faire le tri ?

Intox et désinformation : comment faire le tri ?
Par Euronews
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Entre les affirmations selon lesquelles une pizzeria aurait dissimulé un réseau pédophile organisé par Hillary Clinton et celles selon lesquelles “Donald Trump aurait dit des Républicains qu’ils sont

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Entre les affirmations selon lesquelles une pizzeria aurait dissimulé un réseau pédophile organisé par Hillary Clinton et celles selon lesquelles “Donald Trump aurait dit des Républicains qu’ils sont les électeurs les plus stupides:http://www.snopes.com/1998-trump-people-quote/, les intox n’ont pas manqué durant la course à la présidentielle américaine.

Un phénomène qui n‘épargnera certainement pas l’Europe à la veille d‘élections majeures en France et en Allemagne en 2017. Le référendum constitutionnel en Italie en a fait la preuve. D’après le site de vérification d’informations Pagella Politica, la moitié des contenus partagés sur les réseaux sociaux avant le référendum – dont le résultat a conduit à la démission du Premier ministre Matteo Renzi – étaient fallacieux.

Cinq façons de détecter les fausses infos

  1. Vérifier le site d’origine : bien souvent, les sites annoncent clairement s’ils sont parodiques, satiriques ou partisans.
  2. Vérifier l’URL : est-ce un intitulé connu mais avec une adresse douteuse du type ABC.com.co ?
  3. Vérifier le domaine : ayez recours au site who.is pour savoir quand le site a été créé et par qui. Bien souvent, les sites qui font de la désinformation n’ont que quelques jours ou semaines et leur durée de vie est limitée.
  4. Faire une recherche sur le site et son info phare : si c’est un site crédible, de très nombreux articles devraient y être associés dans Google, et si c’est une info crédible, de nombreuses autres sources devraient en parler.
  5. Rechercher l’origine des images : parfois, les fausses informations sont véhiculées sous forme d’images sorties de leur contexte. Si vous avez un doute, utilisez un outil de vérification comme Google reverse image search ou Tineye

Quel problème posent les intox ?

La perdante de la présidentielle américaine Hillary Clinton a déclaré que “l‘épidémie de fausses informations et de fausse propagande” qui avait inondé les réseaux sociaux avant l‘élection était un danger qui pouvait mettre en danger la vie de personnes:https://www.theguardian.com/us-news/2016/dec/08/hillary-clinton-fake-news-consequences-pizzagate.

Une analyse de Buzzfeed News a aussi conclu
que les fausses infos qui avaient circulé sur Facebook à propos de la présidentielle avaient généré plus de trafic sur le réseau que celles produites par de grands organes de presse tels que le New York Times.

Pour le grand patron de Facebook, Mark Zuckerberg, l’impact est loin d‘être aussi manifeste. D’après lui, 99% des contenus sur sa plateforme sont sans danger”:https://www.facebook.com/zuck/posts/10103253901916271 et s’il arrive qu’il y ait des intox, elles ne se limitent pas à une seul point de vue partisan.

Jenni Sargent, la directrice de First Draft News, un site qui permet de vérifier les contenus en ligne, a expliqué à Euronews que l’objectif premier des sites qui font de l’intox est de conforter le point de vue du public ciblé. Dès lors, le fait que des partisans de Trump partagent des articles anti-Clinton n’a pas forcément influencé le vote des Américains dans leur ensemble.

Si l’impact réel des contenus fallacieux fait débat, beaucoup s’accordent sur la difficulté de mesurer le phénomène.

Pablo Suarez, professeur de mathématiques à l’université de Mexico, le confirme. “L’exposition du public aux informations erronées durant la campagne présidentielle américaine fait encore l’objet de recherches”, confie-t-il. “Il est très difficile d’obtenir les données de Facebook et c’est l’un des principaux obstacles.”

D’où viennent les fausses infos?

Encore faut-il différencier les fausses infos. Il y a les articles qui sont destinés à faire de l’argent en ciblant un public bien précis, et ceux qui sont destinés à influencer l’opinion.

Concernant les articles destinés à générer des revenus, Channel 4 News a révélé que certains venaient d’une petite ville de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, où environ 200 personnes produisent de fausses histoires qui peuvent parfois rapporter jusqu‘à 200 000 euros.

Concernant les contenus destinés à influencer l’opinion, le Parlement européen a cité en exemple des médias financés par le Kremlin dans un rapport578008_EN.pdf, leur objectif étant de diffuser des théories conspirationnistes anti-occidentales.

Dans ce rapport, il cite des exemples d’informations comme celle selon laquelle les autorités allemandes auraient tenté de dissimuler le viol d’une jeune fille russe par des migrants à Berlin.

Quel pourrait être l’impact en Europe?

“Les fausses informations seront clairement un problème majeur à l’approche des élections en France et en Allemagne”, nous a confié Jenni Sargent. “Nous essayons d’identifier les stratégies qui pourraient être utilisées pour semer la confusion ou le trouble.”

“En termes d’impact, je n’irais pas jusqu‘à dire que cela aura un impact sur le résultat des scrutins, mais cela pourrait inciter à des actes tels que des agressions.”

En France, les fausses informations sur des actes de torture dont auraient été victimes les otages du Bataclan avaient ému et choqué.

En Allemagne, le patron des services de renseignement intérieur a émis en novembre des craintes sur des tentatives d’interférence de la Russie au cours des élections, à travers des informations hautement tendancieuses.

La chancelière Angela Merkel a aussi mis en garde contre les tentatives de manipulation sur les réseaux sociaux les plus utilisés.

Qu’est-ce qui peut être fait ?

Mark Zuckerberg s’est engagé à faire plus pour détecter les fausses informations sur Facebook. Mais il n’est pas toujours simple de faire la différence entre l’intox et la satire.

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Daniel Angus, professeur en sciences sociales informatiques à l’Université de Queensland incite à améliorer la distinction “des sources qui sont de bonnes sources d’information et des sources qui génèrent de la désinformation”.

“Il y a des sites satiriques qui ont été pris au pied de la lettre par des lecteurs. Il est parfois difficile de tracer une frontière entre ce qui est satirique et ce qui relève de la désinformation. Il y a là une zone grise.”

Pour Jenni Sargent, il ne faut pas attendre de Facebook et Twitter des solutions clé en main.

“Ils sont néanmoins conscients qu’ils peuvent faire plus”, dit-elle. “La question de la confiance est très importante. Les gens disent continuellement que personne ne peut faire confiance aux journalistes, aux médias, mais faites-vous forcément confiance à votre oncle Bob lorsqu’il poste quelque chose sur Facebook ? Qui est responsable de déterminer ce qui est de la désinformation ou pas ?”

“Nous devons être prudents”, conclut Pablo Suarez. “Cela pourrait vite tourner à la censure et à la mise sous silence de voix qui veulent faire entendre leur désaccord.”

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Pour aller plus loin :

https://www.buzzfeed.com/craigsilverman/viral-fake-election-news-outperformed-real-news-on-facebook?utm_term=.rs5AB1K2K#.kf5XgV7e7

https://pagellapolitica.it/blog/show/148/la-notizia-pi%C3%B9-condivisa-sul-referendum-%C3%A8-una-bufala

https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/nov/14/fake-news-donald-trump-election-alt-right-social-media-tech-companies

https://www.facebook.com/zuck/posts/10103253901916271

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https://radio.adelaide.edu.au/fake-news-helping-swing-voters/

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