Aide aux migrants : amende avec sursis pour l'agriculteur français

Aide aux migrants : amende avec sursis pour l'agriculteur français
Tous droits réservés 
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Jugement relativement clément pour l'agriculteur français qui avait aidé des migrants à entrer en France depuis l'Italie.

PUBLICITÉ

Le tribunal correctionnel de Nice a condamné ce vendredi, Cédric Herrou à 3000 euros d’amende avec sursis pour avoir aidé des migrants à rejoindre la France depuis l’Italie. Les juges n’ont pas suivi le parquet qui avait requis une peine de huit mois de prison avec sursis.

Poursuivi pour avoir facilité l’entrée sur le territoire national, la circulation et la présence de 200 migrants en situation irrégulière et en avoir hébergé une cinquantaine chez lui, cet agriculteur devenu en quelques mois, la figure de proue du collectif d’aide aux migrants dans la vallée de la Roya, près de Ventimille en Italie, a été relaxé des autres faits pour lesquels il était jugé : l’installation sans autorisation d’une cinquantaine d’Erythréens dans une colonie désaffectée de la SNCF à Saint-Dalmas-de-Tende (Alpes-Maritimes) en octobre dernier et l’aide au séjour et à la circulation de migrants en situation illégale.

Cédric Herrou : “Nous continuerons”

A l’issue de l’audience, Cédric Herrou s’est dit plutôt satisfait de sa condamnation et a indiqué qu’il continuerait à agir. “Ce n’est pas sous la menace d’un préfet, ni les insultes d’un ou deux politiques que nous arrêterons, nous continuerons car c’est nécessaire de continuer,” a-t-il lancé aux journalistes venus du monde entier pour suivre l‘énoncé du jugement.

“Nous continuerons car c'est nécessaire”, dit Cédric Herrou après sa condamnation https://t.co/p8e5Z2NUz0#pacapic.twitter.com/njg7gxEFuf

— actu_paca (@actu_paca) 10 février 2017

Lors de son procès le 4 janvier, le militant qui évoque un devoir de solidarité à l‘égard des réfugiés avait assumé ses actes en disant : “Je le fais parce qu’il faut le faire” et revendiqué “une action politique”. Le procureur lui reprochait justement cette stratégie militante et un détournement de la loi de décembre 2012 accordant l’immunité pénale à ceux qui apportent une aide humanitaire et désintéressée aux migrants.

Quand en août 2016, l’agriculteur avait été entendu par la justice pour le transport de huit Erythréens, “C‘était limité certes, mais on avait classé sans suite sur le motif d’immunité humanitaire," a indiqué le procureur Jean-Michel Prêtre cette semaine. “Quand il a commencé à revendiquer clairement les choses et investi les locaux de la SNCF, a-t-il poursuivi, on a bien compris que ce n‘était pas du tout une action d’aide à des personnes identifiées sur des situations dramatiques et on a considéré qu’il y avait un détournement du texte qui n’est pas fait pour accueillir en France tous ceux qui débarquent sur les côtes italiennes.” D’où sa réquisition qui comportait une peine de huit mois de prison avec sursis, ainsi que la confiscation de son véhicule et un usage limité de son permis de conduire aux besoins de sa profession. Les juges ne l’ont donc pas suivi, se montrant ainsi relativement clément à l‘égard du prévenu. Le parquet a de son côté, dix jours pour faire appel. L’avocat de Cédric Herrou a précisé vouloir malgré tout, étudier la possibilité de faire de même.

Comme Cédric #Herrou, condamné à 3000€ d'amende, nombre de citoyens frontaliers se mobilisent auprès des #migrants : https://t.co/KVDjjDi6T9pic.twitter.com/Q0p06RcTBX

— ARTE Info (@ARTEInfo) 10 février 2017

Héros ou délinquant ?

Critiqué par des élus locaux de droite qui dénoncent sa fausse générosité et le qualifient de “passeur” qui “insulte les forces de l’ordre”, mais soutenu par une partie de la population de sa vallée et par de nombreux anonymes en France et ailleurs, le personnage interpelle. Cet ancien citadin qui a décidé de se retirer de la société de consommation après un périple en stop jusqu’au Sénégal et s’est reconverti dans la production d’olives, de miel et d’oeufs est désormais aux yeux de ses soutiens, le héros de la fraternité à la française.

C’est en voyant des migrants marcher sur les routes autour de sa petite ferme bio de Breil-sur-Roya il y a un an et demi qu’il a commencé à les prendre en stop, puis à les accueillir chez lui. Mais son engagement s’est radicalisé quand il est allé prendre en charge des migrants à Ventimille pour les emmener en France et quand il a forcé en octobre dernier avec d’autres bénévoles, les portes d’une colonie inoccupée de la SNCF pour y héberger des migrants.

Près de 180.000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes l’an dernier, un record. Une partie d’entre eux majoritairement soudanais, érythréens et afghans se rendent à Vintimille pour tenter de rejoindre le territoire français.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Aide aux migrants : amende avec sursis pour l'agriculteur de la Roya

Le Moulin rouge à Paris privé de ses ailes après un incident

Les journalistes ont eu un accès rare au sous-marin français à propulsion nucléaire de classe Rubis