Les soeurs du Vatican en ont marre d'être exploitées par les hommes

Soeurs du Vatican.
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Par Joël Chatreau
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On ne peut pas parler de fronde, loin de là, mais les soeurs qui servent de "bonnes à tout faire" au Vatican en ont ras-le-bol. Elles dénoncent leur exploitation par les hommes... d'Eglise.

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Ce n'est pourtant pas leur habitude de se plaindre, mais là, elles n'en peuvent plus ! Plusieurs soeurs, qui assurent depuis de longues années le travail de maison - et quelle maison ! - au Vatican, ont décidé de mettre les pieds dans le plat. Elles se disent exploitées par les hommes, en l'occurrence les hommes d'Eglise, qu'elles doivent servir au quotidien. Et elles attendent désespérément un peu de reconnaissance, en vain.

Soeur Marie, soeur Paule et soeur Cécile osent témoigner dans le magazine mensuel "Femmes Eglise Monde" paru ce vendredi. Bon, après tout, c'est le Vatican qui se piège lui-même puisque la revue est distribuée avec le quotidien officiel du Saint-Siège, l'Osservatore Romano. Les religieuses dénoncent la lourdeur et la grande quantité des tâches ménagères quotidiennes, leur très maigre rétribution et l'abus de pouvoir dont fait souvent preuve la hiérarchie patriarcale de l'Eglise catholique.

"De véritables abus de pouvoir"

"Certaines soeurs (...) se lèvent à l'aube pour préparer le petit déjeuner et vont dormir une fois que le dîner a été servi, la maison mise en ordre, le linge lavé et repassé", raconte Marie qui joue le rôle d'employée depuis vingt ans. "Les soeurs, poursuit-elle, n'ont pas d'horaire précis et réglementé, comme dans le monde laïc, et leur rétribution financière est aléatoire, souvent très modeste".

Soeur Paule évoque une situation particulière qui l'a choquée : un jour, une religieuse, pourtant docteur en théologie, s'est vue soudain ordonner d'aller dans la cuisine pour faire la vaisselle. Selon soeur Cécile, ces religieuses, au Vatican comme ailleurs, pâtissent d'une longue histoire, celle des congrégations pour les pauvres. "Les soeurs, explique-t-elle, sont perçues comme des volontaires dont on peut disposer comme on veut, ce qui donne lieu à de véritables abus de pouvoir".

Toutes trois révèlent en fait ce que l'on appelle dans toutes les autres entreprises, plus conventionnelles que le Vatican, de la souffrance au travail. Dans leurs témoignages, elles emploient des expressions fortes comme "rébellion intérieure" ou "blessures".                                                                                          En 2016, le pape François avait conseillé aux gens d'Eglise : "Quand on vous demande une chose qui relève davantage de la servitude que du service, ayez le courage de dire non !". Les soeurs qui dénoncent leur exploitation sont peut-être sur le chemin...

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