Rohingyas et Bangladais coopèrent pour de meilleures conditions de vie

En partenariat avec The European Commission
Rohingyas et Bangladais coopèrent pour de meilleures conditions de vie
Par Monica PinnaStéphanie Lafourcatère
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Il y a un an, 720.000 Rohingyas fuyaient la répression militaire en Birmanie et rejoignaient le Bangladesh. Aid Zone est de retour de ce pays pour voir comment la coopération entre cette minorité musulmane de Birmanie et les Bangladais améliore les conditions de vie de tous.

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**Environ un million de Rohingyas vivent aujourd'hui au Bangladesh après l'exode massif de cette minorité musulmane de Birmanie l'an dernier. L'Union européenne encourage la cohésion sociale en finançant des projets d'ONG présentes sur place dans l'objectif d'améliorer les conditions de vie des réfugiés et des résidents locaux. **

Environ un million de Rohingyas vivent aujourd'hui dans le sud du Bangladesh. Depuis août 2017, ils sont plus de 720.000 à avoir rejoint ce pays pour fuir la répression militaire dont ils sont victimes en Birmanie et qui pour l'ONU, pourrait s'apparenter à un génocide.

Des chercheurs indépendants estiment que plus de 24.000 Rohingyas ont été tués en Birmanie depuis août 2017.

Un quart de Bangladais, trois quarts de Rohingyas

Près d'un an après une première édition d'Aid Zone dans le district de Cox Bazar, notre reporter Monica Pinna est de retour sur place, cette fois dans le village de Domdomia qui regroupe quelque 750 familles : le quart sont bangladaises, les trois quarts, Rohingyas.

Dans Domdomia, maisons de résidents et abris de réfugiés sont installés les uns à côté des autres et autour de la commune, le campement de Jadimura ne cesse de grossir : il accueille plus de 13.000 réfugiés.

Les deux communautés ont pris conscience que la coopération est essentielle pour améliorer les conditions de vie de tous.

La famille de Badsa Mia a donné son accord pour que le point d'eau soit installé sur son terrain. "On a vu que les besoins en eau avaient augmenté, donc on a demandé de l'aide pour qu'on puisse avoir un réservoir ici," raconte Badsa Mia. "Là, il est en place depuis six mois et environ 200 familles d'habitants et de Rohingyas s'en servent," précise-t-il.

Approvisionnement commun en eau

L'ONG Solidarités International - financée par le service de l'Union européenne à l'aide humanitaire - a fourni le réservoir et coordonné son utilisation. Un équipement qui facilite la vie de réfugiés comme Moriam Khatun. 

"Quand on est arrivé, on devait monter dans la montagne pour trouver de l'eau, on risquait d'être attaqué par des éléphants et des serpents, il fallait une heure et demi pour faire l'aller retour et j'y allais deux ou trois fois par jour," explique-t-elle avant d'ajouter : "Maintenant, c'est plus simple : le point d'eau est un peu plus bas sur la route."

L'abri occupé par Moriam Khatun est situé sur une parcelle privée que se partagent soixante-dix familles rohingyas. Sa propriétaire Hamida Begum ne cultive plus le terrain, mais désormais, elle touche des loyers symboliques. "Quand ils sont arrivés, ils n'avaient pas d'abri, cela m'a fait de la peine, c'est pour cela que j'ai décidé de les accueillir sur mon terrain, je l'ai fait parce que c'était une obligation morale," affirme-t-elle.

"La collaboration entre les Rohingyas et la population locale ici à Domdomia a montré son utilité non seulement dans la gestion de l'eau, mais aussi pour améliorer la vie quotidienne dans le camp de Jadimura," souligne notre journaliste Monica Pinna.

Développement local

L'ONG française a créé des comités de développement local. Des habitants élus et des rohingyas y discutent des besoins de deux communautés. Ceux qui siègent dans le comité au camp nous expliquent que chaque réunion a permis de soulever et de résoudre des problèmes concrets.

"La mise en place de ce Comité de développement local, c'est l'une de nos stratégies de cohésion sociale," souligne Tara Pollock, responsable de programme à Solidarités international. "Il s'agit de réunir tous les habitants pour pouvoir travailler ensemble, régler les problèmes avant qu'ils ne deviennent importants, identifier les besoins humanitaires et par la suite, en parler avec des ONG," indique-t-elle.

Le projet "Cash for Work" (ou "Argent contre travail") permet ensuite d'appliquer les décisions prises en donnant la possibilité de générer de petits revenus pour les réfugiés et les habitants.

Dans ce secteur du camp, ils construisent ensemble un système d'évacuation, des allées et des ponts en bambou. Chaque ouvrier touche au minimum l'équivalent de 4 euros par jour.

"On s'appuie sur une évaluation de la vulnérabilité pour identifier les 150 foyers les plus fragiles de ce village," déclare Tara Pollock. "Sur la base d'un roulement, ils vont réaliser des tâches pour améliorer leurs conditions de vie et leur collectivité," fait-elle remarquer.

"S'assurer que les programmes humanitaires s'adressent aux deux communautés"

L'Union européenne juge crucial, de favoriser la cohésion sociale. Vivre ensemble est la seule option puisque les Rohingyas n'ont nulle part où aller.

Monica Pinna interroge sur place, Pierre Prakash, représentant du service de la Commission à l'aide humanitaire. 

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Monica Pinna :

"Vu que les besoins des Rohingyas restent très importants et non couverts, pourquoi est-ce essentiel d'agir également au niveau de la population locale ?"

Pierre Prakash :

"La situation ici, c'est qu'il y a eu une arrivée massive de réfugiés. Ce qui fait qu'aujourd'hui, dans certains secteurs, il y a deux fois plus de réfugiés que de résidents locaux. Inévitablement, ce grand nombre d'arrivées a pesé sur les ressources locales, l'eau, le bois et plus globalement, sur l'économie locale. Donc dans la mesure où cette situation se prolonge, il est beaucoup plus important de s'assurer que les programmes humanitaires s'adressent aux deux communautés pour ne pas créer de divisions et peut-être même de la rancœur."

Au Bangladesh, même si les Rohingyas reçoivent une assistance humanitaire de base, ils restent privés de droits essentiels.

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En Birmanie, les généraux qui ordonnent la répression contre cette communauté devront répondre de génocide selon l'ONU.

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