Ethiopie : la crise oubliée des déplacés

En partenariat avec The European Commission
Ethiopie : la crise oubliée des déplacés
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Par Monica PinnaStéphanie Lafourcatère
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L'Ethiopie avec ses trois millions de déplacés internes traverse l'une des plus graves crises humanitaires au monde. Aid Zone nous fait découvrir le rôle de l'Europe dans un pays tiraillé entre réformes démocratiques et affrontements inter-ethniques.

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L'Ethiopie avec ses trois millions de déplacés internes traverse une crise humanitaire parmi les pires et les plus oubliées au monde. Quel est le rôle de l'Europe dans un pays tiraillé entre de profondes réformes démocratiques et de violents affrontements inter-ethniques ? C'est ce que nous découvrons dans cette édition d'Aid Zone.

Les réformes démocratiques lancées par le nouveau Premier ministre de l'Ethiopie Abiy Ahmed bouleversent la politique et l'économie du pays. Ce qui a aussi entraîné une recrudescence des affrontements interethniques.

Aujourd'hui, à l'échelle nationale, on compte près de trois millions de déplacés internes (les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations - l'OIM - sur le nombre de déplacés sont accessibles ici). Deux tiers ont fui les violences ; d'autres, la sécheresse et les inondations.

Près de 8 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence (d'après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires OCHA en janvier 2019).

Notre reporter Monica Pinna rejoint Qoloji, le plus grand camp pour déplacés internes de la région somali dans l'Est de l'Ethiopie. Il regroupe 80.000 personnes : la plupart appartiennent à la communauté ethnique somali et viennent de la région d'Oromia.

Tous les jours, de nouvelles familles arrivent, mais elles sont nombreuses à résider ici depuis plus d'un an. "Je suis arrivée ici il y a un an et trois mois," explique Ubah Ali Esse, mère de cinq enfants. "J'avais deux magasins à Oromia, je vendais des produits alimentaires et des vêtements. Quand on est venu ici, on a commencé à vivre dans un petit abri, c'est très dur," dit-elle.

Sensibilisation à l'hygiène

Couvrir les besoins en eau et en assainissement fait partie des urgences dans le camp.

L'OIM a construit avec le soutien financier de l'Union européenne, des latrines et des douches et sensibilise aux notions d'hygiène.

"Nous avons formé 16 éducateurs à l'hygiène," précise Halimo Hassen, représentante de l'OIM. "Nous les avons sélectionnés parmi les déplacés eux-mêmes - chacun formera trente femmes : ils font de la prévention et quand ils auront fini leur session, ils iront voir les femmes de foyer en foyer," ajoute-t-elle.

Ubah Ali Esse renchérit : "J'ai appris à me laver les mains comme il faut, surtout avant de faire la cuisine, et à laver les plats et j'ai vu qu'il faut manger les aliments quand ils sont encore chauds et qu'ensuite, il faut couvrir les restes." Des règles simples qui peuvent sauver des vies.

Chaque semaine, les représentants de l'OIM passent de famille en famille pour vérifier que les messages sont suivis d'effet.

Ubah Ali Esse nous montre chez elle comment elle a commencé à séparer l'eau potable de l'eau non potable grâce aux deux bidons qu'on lui a donnés.

L'UE mobilise 89 millions d'euros pour l'Ethiopie

Le Commissaire européen à l'aide humanitaire Christos Stylianides a visité le camp de Qoloji en décembre. Christos Stylianides a annoncé 89 millions d'euros de soutien humanitaire à l'Ethiopie pour 2018 et 2019. Ces fonds seront utilisés pour répondre aux besoins des personnes déplacées, mais aussi venir en aide au million de réfugiés et faire face aux catastrophes naturelles.

"Nous devons nous concentrer sur des projets spécifiques," souligne Christos Stylianides. "Nous mettons l'accent sur le versement d'espèces et la remise de bons d'alimentation parce que pour nous, c'est le moyen le plus efficace de rendre ces personnes autonomes et de leur donner de la dignité dans ces circonstances très difficiles," poursuit-il.

"L'Ethiopie est en train de vivre un changement politique profond et l'Union européenne est ici pour soutenir ces grandes réformes dans cet îlot de stabilité dans cette région du monde," fait-il remarquer.

"Ce qu'on nous donne, c'est très limité"

On dénombre 600 sites d'accueil pour déplacés internes en Ethiopie. La plupart ne sont pas des camps.

Nous partons pour le village de Deder dans la région d'Oromia où 8000 déplacés vivent parmi la population locale ou dans d'anciens bâtiments administratifs aujourd'hui utilisés pour répondre à l'urgence.

Avec l'aide de nouvelles technologies, l'OIM recueille des informations sur chaque site comme celui-ci tous les deux mois pour mettre à jour les données sur le nombre de déplacés et leurs besoins. 200 familles vivent dans cette salle depuis plus d'un an et demi.

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"On est de plus en plus nombreux, 150 enfants sont nés ici," confie Hajo Ahmed Osso, mère de famille sur place. "Regardez où l'on dort : c'est un sol en ciment, on n'a pas de vêtements, les besoins sont de plus en plus importants, mais ce qu'on nous donne, c'est très limité," indique-t-elle.

Travail de recensement

Recenser les déplacés en notant leur âge, leur déplacement et leurs conditions de vie est une tâche d'ampleur.

L'OIM a monté un réseau pour recueillir ces informations qui sont ensuite intégrées à une grille de suivi de données.

"Cette base de données renferme des renseignements sur les besoins de base de la population de déplacés : ce qui facilite la coordination de l'intervention des ONG et des agences de l'ONU, mais aussi du gouvernement et résultat : on peut fournir une aide plus efficace," insiste Dario Poddighe, représentant de l'organisation onusienne.

Le gouvernement éthiopien travaille avec les agences internationales qui réclament néanmoins une évaluation indépendante des besoins dans les zones sensibles, et ce pour éviter que des déplacés ne soient contraints de retourner dans des secteurs dangereux.

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